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Les rebelles du Tigré participeront aux pourparlers de paix


La reprise des combats le 24 août dans le nord de l'Ethiopie avait mis fin à cinq mois de trêve et aux maigres espoirs de discussions de paix qu'elle avait alors suscités.
La reprise des combats le 24 août dans le nord de l'Ethiopie avait mis fin à cinq mois de trêve et aux maigres espoirs de discussions de paix qu'elle avait alors suscités.

Les autorités rebelles de la région du Tigré ont annoncé vendredi qu'elles participeraient aux pourparlers avec le gouvernement éthiopien convoqués lundi en Afrique du Sud par l'Union africaine (UA) et visant à mettre fin à deux ans de conflit dans le nord du pays.

"Notre délégation sera présente" lundi en Afrique du Sud, a indiqué un de leurs porte-parole, Kindeya Gebrehiwot, dans un message à l'AFP. Le gouvernement fédéral éthiopien du Premier ministre Abiy Ahmed, qu'une guerre meurtrière oppose depuis novembre 2020 aux autorités rebelles du Tigré, avait annoncé jeudi sa participation à ces pourparlers.

Peu après, M. Abiy avait affirmé, en inaugurant un établissement scolaire à Addis Abeba, que la guerre allait "se terminer et la paix l'emporter". "Nous n'allons pas continuer à nous battre indéfiniment", a-t-il affirmé, sans toutefois mentionner les prochaines discussions et alors que l'armée éthiopienne et ses alliés ont récemment accentué leur offensive au Tigré.

Vendredi, le Conseil de paix et de sécurité de l'UA (CPS) a dit attendre "des résultats fructueux" de ces pourparlers prévus "à partir du 24 octobre 2022 en Afrique du Sud", dans un communiqué publié à l'issue de sa première réunion depuis la reprise des combats dans le nord de l'Ethiopie fin août. De précédentes négociations, organisées début octobre en Afrique du Sud par l'UA, avaient fait long feu avant même de commencer.

"Réponse atone"

La reprise des combats le 24 août dans le nord de l'Ethiopie avait mis fin à cinq mois de trêve et aux maigres espoirs de discussions de paix qu'elle avait alors suscités.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir à huis clos vendredi au sujet de la situation en Ethiopie, a indiqué à Washington le porte-parole du département d'Etat, Ned Price. Ces deux "réunions démontrent la grande inquiétude de la communauté internationale concernant la situation dans le nord de l'Ethiopie", a-t-il ajouté.

L'International Crisis Group (ICG) a estimé vendredi que "la phase actuelle du conflit fait peser un risque sérieux d'augmentation des atrocités" sur les civils de la part des troupes éthiopiennes et érythréennes et appelé "puissances régionales et occidentales à faire plus pour empêcher la catastrophe de se poursuivre". "Jusqu'ici, la réponse du monde à la guerre au Tigré a été atone, malgré le nombre gigantesque de victimes et le potentiel (...) de déstabilisation régionale", écrit ICG.

Combats près d'Aksoum

UA, ONU, Union européenne et Washington notamment s'inquiètent de la récente intensification des combats au Tigré, pris en tenaille par les forces fédérales éthiopiennes, épaulées au nord par l'armée de l'Erythrée – pays qui borde la frontière nord du Tigré – et au sud par des troupes des régions éthiopiennes voisines.

Les forces éthiopiennes et érythréennes se sont notamment emparées lundi, après plusieurs jours de bombardements, de Shire, une des principales villes du Tigré peuplée d'environ 100.000 habitants avant la guerre et qui accueillait de nombreux déplacés.

Une source humanitaire ayant requis l'anonymat a indiqué à l'AFP que d'intenses combats se déroulaient vendredi à Selekelka, à mi-chemin entre Shire et Aksoum, évoquant "une poussée" des forces éthiopiennes et érythréennes vers cette autre ville majeure du Tigré et site antique inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité.

Dans un échange téléphonique mercredi avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est dit "profondément inquiet" du "risque d'atrocités de masse" dans le nord de l'Ethiopie. Lundi, M. Guterres avait estimé que la situation en Ethiopie devenait "incontrôlable".

Le bilan exact de cette guerre meurtrière, qui se déroule largement à huis clos, les journalistes n'ayant pas accès à la région, est inconnu. Mais elle a déplacé plus de deux millions de personnes et plongé des centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.

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