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Ethiopie : le Conseil national des droits de l'Homme dénonce des exécutions extrajudiciaires


Manifestations dans la région d'oromia en Ethiopie.
Manifestations dans la région d'oromia en Ethiopie.

Le Conseil éthiopien des droits de l'Homme a accusé lundi les autorités éthiopiennes d'avoir recouru aux exécutions extrajudiciaires et à la torture pour réprimer les manifestations antigouvernementales déclenchées en novembre 2015 dans la région de l'Oromia.

"La plupart (des victimes) ont été tuées d'une balle dans le dos ou dans la tête", écrit le Conseil dans un rapport publié lundi, qui a recensé 102 exécutions extrajudiciaires entre le 2 décembre et le 20 janvier, et évoque aussi des dizaines de cas de tortures, de détentions illégales et de disparitions forcées.

Les victimes avaient "entre 12 et 68 ans, et beaucoup des meurtres n'ont pas eu lieu pendant les manifestations", souligne ce rapport, qui note qu'au moins 56 personnes ont été blessées et 22 torturées, et fournit leurs photos d'identité.

"Beaucoup des meurtres ont eu lieu de nuit, après les manifestations, quand les gens marchaient dans les rues. Ces meurtres ne peuvent pas être expliqués ou excusés par le fait que les forces de sécurité essayaient de restaurer l'ordre", a déclaré Kumlachew Dagne, vice-président du Conseil.

Le Conseil, une ONG créée en 1991, n'a pas donné d'estimation du nombre total de victimes car "nous avons seulement pu enquêter dans 33 woredas (districts) à cause de nos moyens limités", alors que l'Oromia compte 342 districts, selon M. Dagne.

Le chiffre de 102 exécutions extrajudiciaires suggère cependant que le bilan pourrait être bien plus élevé que celui établi début janvier par Human Rights Watch (HRW), qui avait parlé de 140 morts et de milliers d'arrestations.

Forte de 27 millions d'habitants, l'Oromia encercle Addis Abeba et s'étend sur de larges parties de l'ouest, du centre, de l'est et du sud du pays. Elle a sa propre langue, l'oromo, distincte de l'amharique, langue du peuple amhara et de l'administration.

Les manifestations ont éclaté en novembre, d'abord à l'initiative d'étudiants, pour protester contre un plan gouvernemental d'urbanisme visant à l'expansion de la capitale éthiopienne Addis Abeba. Ce "Master plan", finalement abandonné le 12 janvier, suscitait des craintes d'expropriation de fermiers oromo, le plus important groupe ethnique du pays.

"La réponse du gouvernement aux demandes des étudiants et des gens (...) n'est d'aucune manière acceptable", ajoute le Conseil, qui réclame que tous les responsables de ces violences soient poursuivis en justice, qu'une commission d'enquête soit mise en place et que les personnes encore détenues soient relâchées.

Le Conseil souligne "encore recevoir" des rapports sur des violences. "Des hommes armés du gouvernement fouillent des maisons la nuit, commettent des actes illégaux: tabassage, menaces, intimidation ou harcèlement", ajoute le rapport, qui fait aussi état de viols commis par ces individus.

La semaine dernière, le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn s'est excusé devant le Parlement, reconnaissant que les problèmes de l'Oromia étaient la conséquence du chômage et de l'inaction des autorités.

Il a toutefois mis les morts sur le compte de groupes violents, opposés à la paix, et a promis d'intensifier encore la répression contre ces forces.

Fin février, HRW avait assuré que cette répression était toujours en cours, affirmant que "des assassinats et arrestations arbitraires sont presque quotidiennement rapportés depuis le début de l'année".


Avec AFP

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