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En Ecosse, Trump, son mur et ses promesses en l'air


Un homme manifeste avec une balle de golf rouge marquée d’une croix gammée pendant que le candidat républicain à la présidence américaine Donald Trump, à l’arrière droite, coiffé d’une casquette blanche, est sur le point de donner un discours sur la cours de golf Trump Turnberry, en Écosse, en Grande-Bretagne, 24 juin 2016.
Un homme manifeste avec une balle de golf rouge marquée d’une croix gammée pendant que le candidat républicain à la présidence américaine Donald Trump, à l’arrière droite, coiffé d’une casquette blanche, est sur le point de donner un discours sur la cours de golf Trump Turnberry, en Écosse, en Grande-Bretagne, 24 juin 2016.

A Balmedie, village écossais au bord de la mer du Nord, Donald Trump est un voisin honni : le milliardaire, qui y a construit un golf, avait promis des emplois, mais il a surtout dressé un mur.

Mercredi, à l'annonce de la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, le golf s'est empressé de féliciter son propriétaire, mais les habitants du village situé au nord d'Aberdeen gardent eux en travers de la gorge ses promesses d'emplois jamais tenues.

Et beaucoup se plaignent également du mur construit autour du Trump International Golf Links par le milliardaire, dont la mère est née en Ecosse.

"On nous avait promis 1.400 emplois dans les environs, un hôtel 5 étoiles, deux terrains de golf, un centre équestre et nous n'avons rien eu", peste Michael Foote, dont la propriété donne sur le golf du nouveau président élu des Etats-Unis.

"Je n'ai pas de leçons à donner aux Américains, mais bonne chance à eux", lâche-t-il.

Finlay Muro, lui aussi, est ronchon. Le jeune homme à la barbe rousse a vu le milliardaire construire le mur d'enceinte de son golf en bordure de sa propriété. "Ce n'est pas le voisin idéal. Nous avons eu beaucoup de problèmes avec lui ces dix dernières années", explique-t-il à l'AFP en s'activant dans sa cabane à outils, quelques heures après l'élection du candidat républicain.

En 2006, l'annonce de la construction d'un golf par Donald Trump avait pourtant été accueillie avec enthousiasme.

Le projet du milliardaire -- qui possède un autre golf en Ecosse -- avait convaincu les dirigeants écossais, appâtés par ses promesses de créer plusieurs milliers d'emplois et d'investir 1 milliard d'euros.

L'homme d'affaires avait été intronisé ambassadeur d'affaires par le gouvernement régional, qui avait rejeté les craintes de certains habitants inquiets d'un impact du golf sur l'environnement.

Le gouvernement écossais l'a depuis privé de son titre, après sa proposition de fermer les frontières américaines aux musulmans, qui avait soulevé un tollé, tandis que l'université Robert Gordon (RGU) d'Aberdeen lui retirait un doctorat honorifique.

"Les propos de M. Trump ont montré qu'il n'était plus digne d'être un ambassadeur pour l'Ecosse", avait expliqué un porte-parole du gouvernement écossais en décembre.

Les relations cordiales ont également tourné au vinaigre quand Trump s'est mis à intervenir dans la politique locale, et que son projet s'est révélé moins ambitieux que prévu. Son golf emploie actuellement 95 salariés, et a perdu plus d'un million de livres en 2014 et 2015.

Opposé à la construction d'une ferme éolienne au large de son golf, le milliardaire s'était déplacé en personne au Parlement écossais, arguant qu'elle nuirait au tourisme dans la région. Son recours a depuis a été rejeté.

- L'Ecosse, un laboratoire Trump? -

Anthony Baxter, un documentariste de Montrose, dans la région d'Aberdeen, a suivi les activités de Donald Trump en Ecosse ces dix dernières années.

"L'Ecosse est un laboratoire de ce qui va s'abattre sur le monde avec la présidence Trump", affirme M. Baxter, auteur du film "You've been Trumped" (vous avez été Trumpés), suivi d'un deuxième, "You've been Trumped too", sorti au moment de l'élection américaine.

"Il dit qu'il construira un grand mur entre le Mexique et les Etats-Unis, et nous savons, en Ecosse, qu'il sait construire des murs. Il en a construit un autour des maisons voisines de son terrain, pour que les gens qui jouent au golf ne les voient pas".

Le 24 juin, au lendemain du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, celui qui était alors candidat républicain à la Maison Blanche avait été chahuté lors de l'inauguration de son golf. Des manifestants, brandissant des pancartes "Trump aime la haine" et des drapeaux mexicains, avaient même envahi le parcours.

Pour autant, l'homme compte au moins un soutien dans la région : Sarah Malone, vice-présidente de son golf de Balmedie, a salué dans un communiqué la victoire de Trump "au nom de toute l'équipe".

Trump et sa famille, y explique-t-elle, "se sont battus au cours d'une campagne incroyable (...) qui marquera l'histoire".

Avec AFP

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