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En Afrique du Sud, des entreprises publiques à l'agonie


Des cargos au port de Durban, en Afrique du Sud, le 25 mars 2013.
Des cargos au port de Durban, en Afrique du Sud, le 25 mars 2013.

Les entreprises publiques sud-africaines, lourdement endettées à cause de la mauvaise gestion et de la corruption pendant la présidence de Jacob Zuma (2009-2018), plombent les comptes de l'Etat, contraint de voler régulièrement à leur secours.

Cyril Ramaphosa, à la tête du pays depuis près de deux ans, a promis de faire le ménage dans ces sociétés. Mais les résultats se font attendre.

Les entreprises publiques nécessitent "une action urgente" car leur santé financière est sous "pression significative", a encore souligné mercredi l'auditeur général Kimi Makwetu - l'équivalent du président de la Cour des comptes - dans un rapport.

"Il y a des doutes significatifs sur la capacité de plusieurs des entreprises publiques à continuer leurs opérations sans aide financière", a-t-il prévenu.


Voici les principales sociétés d'Etat sous perfusion.

Eskom, le géant de l'électricité

Eskom fournit 90% de l'électricité en Afrique du Sud. Ses centrales à charbon, principale source d'électricité, sont vieillissantes, mal entretenues et causent régulièrement des délestages qui plombent l'économie de la première puissance industrielle du continent.

Eskom, qui emploie quelque 46.000 salariés, croule sous une dette de 26 milliards d'euros, malgré l'aide de l'Etat qui a injecté en trois ans 128 milliards de rands (7,8 milliards d'euros).

Le président Ramaphosa a prévu de diviser l'entreprise en trois entités distinctes (production, transport, distribution).

SAA, la compagnie aérienne

"Les comptes de SAA sont historiquement dans le rouge et le restent malgré les récentes injections de capital du gouvernement", a reconnu récemment sa patronne par intérim, Zuks Ramasia.

La compagnie affiche une dette de 9,2 milliards de rands, soit 540 millions d'euros.

Pour tenter de sortir des turbulences financières, SAA, qui emploie près de 5.200 personnes, a annoncé début novembre un plan de restructuration qui pourrait se traduire par le licenciement de près d'un millier de ses salariés.

Proche de M. Zuma, l'ancienne PDG de SAA, Dudu Myeni (2012-2017), fait l'objet d'une plainte devant la justice pour sa mauvaise gestion.

SABC, le groupe audiovisuel

La société, qui possède trois chaînes de télévision et 18 radios diffusant dans les 11 langues du pays, emploie 3.370 salariés.

Elle a bénéficié d'un plan de sauvetage de 2,1 milliards de rands (128 millions d'euros) en octobre 2019.

Entre avril 2017 et mars 2018, le groupe audiovisuel a perdu 37 millions d'euros, après une perte record de 60 millions d'euros l'année précédente.

La poste

Technologies obsolètes, modèle commercial dépassé, service peu fiable: le South African Post Office est déficitaire depuis plus de dix ans.

L'Etat a injecté 1,5 milliard de rands (915.000 euros) en février pour tenter de remettre à flots l'entreprise, qui a récemment annoncé la suppression de près de 800 emplois.

Denel, le fabricant d'armes

L'entreprise (3.400 salariés) a obtenu en juin un prêt des banques pour payer les salaires de ses employés, a révélé le ministre des Entreprises publiques Pravan Gordhan.

L'Etat lui a accordé en août 1,8 milliard de rands (110 millions d'euros) dans le cadre d'un plan de sauvetage.

L'exception Transnet

Dans cet inquiétant paysage, seul Transnet, le géant du fret, se distingue. L'entreprise de 56.000 employés profite à plein de son monopole total sur le transport des marchandises en Afrique du Sud.

Elle a enregistré en 2018 les "meilleurs résultats" de son histoire, selon sa direction, soit une augmentation de 75% de ses profits nets à 4,9 milliards de rands (3 milliards d'euros).

Elle n'a toutefois pas été épargnée par la culture de la corruption. En janvier, Transnet a lancé des poursuites contre plusieurs de ses anciens responsables pour tenter de récupérer des millions de rands qui auraient été, selon la société, siphonnés lors de contrats irrégulièrement attribués.

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