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Les principaux enjeux de la présidentielle ivoirienne


Un supporter de "ADO" ("Alassane Dramane Ouattara") au stade Félix Houphouet-Boigny le 22 août 2020 à Abidjan. (AFP)
Un supporter de "ADO" ("Alassane Dramane Ouattara") au stade Félix Houphouet-Boigny le 22 août 2020 à Abidjan. (AFP)

"Boycott" de l'opposition et appel à la "désobéissance civile", affrontements intercommunautaires ayant fait une trentaine de morts : l'élection présidentielle prévue samedi en Côte d'Ivoire se déroule sous haute tension, attisée par la candidature du président Alassane Ouattara à un troisième mandat controversé.

Comme en Guinée où la réélection du président Alpha Condé pour un troisième mandat contesté a provoqué des troubles ayant fait une vingtaine de morts, l'opposition ivoirienne juge un troisième mandat "anticonstitutionnel".

L'élection en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao et redevenue la locomotive économique de l'Afrique de l'Ouest francophone après dix ans de croissance, fait donc craindre une nouvelle crise dans une région éprouvée par des attaques jihadistes incessantes au Sahel, par un putsch au Mali et une contestation politique chez le géant voisin nigérian.

Depuis la volte-face du président sortant, Alassane Ouattara, qui a annoncé sa candidature en août, après avoir dit en mars qu'il passait la main, ce pays de 25 millions d'habitants a connu une série de troubles qui ont fait au total une trentaine de morts dans plusieurs localités.

Beaucoup craignent une crise majeure, dix ans après la crise post-électorale issue de la présidentielle de 2010 qui avait fait 3.000 morts.

Signe de cette fébrilité, à Abidjan, beaucoup de ses célèbres "maquis" (restaurant-bars à ciel ouvert) et allocodromes, spécialisés dans la banane braisée alloco, ferment leurs portes beaucoup plus tôt que d'habitude. Les rayons de certains supermarchés se sont vidés et les embouteillages sont devenus moins importants.

Quelque 35.000 membres des forces de l'ordre ont été déployés pour assurer la sécurité du scrutin.

L'opposition, dirigée par l'ancien président Henri Konan Bédié, accuse de partialité de la Commission électorale indépendante (CEI) et le Conseil constitutionnel, "inféodés" au pouvoir selon elle et donc incapables de garantir un scrutin équitable.

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Boycott jusqu'où ?

Agé de 78 ans, Alassane Ouattara, réélu en 2015, a décidé de se représenter après la mort brusque de son dauphin, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. La Constitution n'autorise que deux mandats, mais l'adoption d'une nouvelle Constitution en 2016 a remis le compteur à zéro, selon lui. Ce que l'opposition conteste.

Le président et son parti ont mené campagne tambour battant depuis deux mois dans tout le pays.

En face, les dirigeants de l'opposition n'ont pas fait campagne, mais multiplié les conférences de presse à Abidjan, et laissé leurs militants organiser des actions éparses sur le terrain.

Chassé du pouvoir par un coup d'Etat en 1999, Henri Konan Bédié, chef du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), aimerait à 86 ans retrouver le fauteuil présidentiel, ce qui a fait grincer des dents dans sa propre formation, suscitant la candidature dissidente d'un ex-député PDCI, Kouadio Konan Bertin, 51 ans.

Ouattara et Bédié, vieux rivaux présents sur la scène politique ivoirienne depuis trois décennies, s'affrontent donc une nouvelle fois, dans un pays où l'âge moyen est de 19 ans et où les trois quarts de la population ont moins de 35 ans.

M. Ouattara assure vouloir, s'il est réélu, mettre l'accent sur la politique sociale, alors que 40% de la population vit encore sous le seuil de pauvreté.

Allié de circonstance de M. Bédié, Pascal Affi N'Guessan, 67 ans, Premier ministre sous l'ancien président Laurent Gbagbo, est le quatrième candidat. Il dirige une partie du Front populaire ivoirien (FPI), le troisième grand mouvement politique du pays, mais n'est pas reconnu par les fidèles de l'ex-président Gbagbo, fondateur du parti.

MM. Konan Bédié et Affi N'Guessan n'avaient pas encore précisé jeudi s'ils iraient au bout de la logique du boycott et retireraient leur candidature.

Autre grief de l'opposition: deux poids lourds politiques vivant à l'étranger, Laurent Gbagbo, 75 ans, et l'ex-chef de la rébellion et ancien Premier ministre Guillaume ont eux été disqualifiés par la Conseil constitutionnel, au grand dam de leurs partisans au pays.

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