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Elèves voilées au Sénégal : au moins quatre interpellations devant une école catholique


Des enfants à l'école du soir à Dakar au Sénégal le 16 janvier 2019.
Des enfants à l'école du soir à Dakar au Sénégal le 16 janvier 2019.

Au moins quatre personnes ont été interpellées mercredi à Dakar au moment où elles manifestaient contre l'interdiction du port du voile décrétée par une école catholique, une décision fustigée par des parents d'élèves et des responsables politiques et religieux musulmans.

Le père d'une élève et quatre militants de l'association "Nittu dëgg" (Des hommes véridiques, en wolof), qui milite pour la "restauration des valeurs", a indiqué à l'AFP le militant Guy Marius Sagna, figure de proue de l'organisation "Frapp-France Dégage" (Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine), à laquelle Nittu dëgg est affiliée.

"Au moins quatre personnes ont été arrêtées ce matin" devant l'Institution Sainte-Jeanne-d'Arc, a dit à l'AFP une source policière.

Entrée en vigueur début septembre, le nouveau règlement de cette école fréquentée par les enfants de familles aisées, stipule que la "tenue autorisée" se composera dorénavant "de l'uniforme habituel, avec une tête découverte, aussi bien pour les filles que les garçons".

Depuis le 4 septembre, une dizaine d'élèves portant le voile, sur quelque 1.700 inscrits, n'ont pas été autorisées à suivre les cours par la direction de l'école, fondée en 1939 par la Congrégation des Soeurs de Saint-Joseph de Cluny, basée en France.

La mesure a provoqué une vive polémique au Sénégal, république officiellement "laïque" - mais dont plus de 90% de la population est musulmane - réputée par sa tolérance religieuse.

Alors que certains soulignaient dans la presse et sur les réseaux sociaux que l'école avait le droit de mettre en oeuvre son règlement et que les parents insatisfaits pouvaient choisir un autre établissement, d'autres insistaient sur l'obligation pour les écoles reconnues par l'Etat de ne pas interférer avec les convictions religieuses des élèves.

Un ministre-conseiller du chef de l'Etat Macky Sall, Moustapha Diakhaté, a prôné lundi l'application stricte de la loi républicaine. "Le ministre de l'Education dispose de deux leviers: placer l'école sous délégation spéciale ou retirer son agrément", a-t-il écrit sur sa page Facebook personnelle.

Un leader religieux très influent, le khalife général des tidianes, l'une des confréries soufies les plus puissantes du pays, Serigne Mbaye Sy Mansou, a réclamé une intervention de l'Assemblée nationale. Estimant que le Sénégal "n'est pas un pays laïque", le chef de file des file des tidianes juge que "cette école n'a aucun respect pour ce pays".

Les Sénégalaises sortent généralement en rue tête nue, coiffées d'une perruque à la mode ou d'un foulard aux couleurs éclatantes, assorties à leurs boubous ou robes traditionnelles.

Le hijab, qui ne laisse voir que l'ovale du visage et dont l'usage est courant dans le monde musulman, reste marginal au Sénégal, où il est porté par des Sénégalaises aux pratiques religieuses rigoristes et par des étrangères.

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