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Deux morts en Guinée pour le début d'une mobilisation anti-Condé


Une route barrée à Cosa dans la banlieue de Conakry, Guinée, le 14octobre 2019. (VOA/Zakaria Camara)
Une route barrée à Cosa dans la banlieue de Conakry, Guinée, le 14octobre 2019. (VOA/Zakaria Camara)

Deux jeunes manifestants ont été tués lundi en Guinée, au cours d'une journée de mobilisation, émaillée de heurts avec les forces de l'ordre, organisée par l'opposition pour protester contre le projet prêté au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat fin 2020.

Ces deux morts, confirmées par les autorités, s'ajoutent au bilan d'au moins vingt civils et un gendarme tués depuis le début à la mi-octobre de la contestation, plusieurs fois durement réprimée, dans ce pays d'Afrique de l'Ouest coutumier des manifestations meurtrières.

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), le collectif de partis, de syndicats et de membres de la société civile qui mène la protestation, avait appelé à partir de lundi à une mobilisation "massive" et "illimitée". Elle entend poursuivre le mouvement mardi.

Un élève de classe terminale âgé de 21 ans, Mamadou Sow, a "été tué par une balle tirée par un agent des forces de l'ordre qui pourchassaient les jeunes" dans le quartier de Coza, dans la banlieue de Conakry, a indiqué son oncle à l'AFP.

"Il y a avait des heurts, des jets de pierres et du gaz lacrymogène. A un moment, on a entendu une rafale, +pan pan, pan+, nous avons entendu des cris et tous les jeunes se sont rassemblés autour de mon neveu, qui était par terre, blessé à la poitrine", a-t-il ajouté.

Son décès a été confirmé dans un communiqué par le ministère de la Sécurité, qui a annoncé l'ouverture d'une enquête.

La mort d'un autre manifestant dans la ville de Labé (nord) a été "confirmée", a également indiqué le ministère.

Il s'agit d'un "jeune de 18 ans, tué par balle au niveau de la tête", a indiqué à l'AFP une source hospitalière. Après ce décès, "des manifestants sont allés saccager les locaux du tribunal" de première instance, selon la même source. Le tribunal "a été incendié" par des manifestants, qui "se sont également attaqués au siège du RPG", le parti au pouvoir, a précisé le ministère de la Sécurité.

Un correspondant de l'AFP a décrit la capitale, Conakry, comme quasiment à l'arrêt, avec très peu de véhicules dans les rues et de nombreuses écoles, magasins et stations essence fermées.

- 'Succès de la mobilisation' -

Des troubles ont été enregistrés dans 12 des 131 quartiers de la capitale et dans plusieurs villes de l'intérieur du pays, selon le ministère de la Sécurité, qui a dénoncé "l'érection de barricades de toute nature", ainsi que des "jets de pierres", notamment sur les forces de l'ordre, "ayant entraîné des blessés et des dégâts matériels". Dix personnes ont été interpellées à Conakry, selon la même source.

Ce début de mobilisation "est un succès", a déclaré à l'AFP le responsable national du FNDC, Abdourahmane Sanoh.

Le gouvernement avait invoqué le trouble à l'ordre public et l'absence de permis de manifester pour réprimer durement les premiers rassemblements à partir d'octobre. Il avait ensuite autorisé les manifestations sous conditions, sans que les violences cessent complètement.

Depuis la mi-octobre, le FNDC a fait descendre dans la rue à plusieurs reprises des dizaines ou des centaines de milliers de Guinéens dans ce petit pays de 13 millions d'habitants.

L'opposition est convaincue que le chef de l'Etat, élu en 2010 et réélu en 2015, entend se représenter fin 2020 alors que la Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Elle a été confortée dans ses craintes en décembre quand M. Condé, 81 ans, a indiqué qu'il comptait soumettre aux Guinéens un projet de nouvelle Constitution, même s'il ne s'est pas exprimé sur ses intentions personnelles.

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