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Moscou propose des couloirs humanitaires à Alep


Un quartier d'Alep dévasté, al-Sakhour, le 28 novembre 2016
Un quartier d'Alep dévasté, al-Sakhour, le 28 novembre 2016

Des centaines de soldats d'élite du régime syrien ont pris position jeudi à Alep-Est pour aider à conquérir les quartiers les plus peuplés de ce bastion rebelle assiégé, la Russie proposant des couloirs pour évacuer les blessés et acheminer de l'aide.

A coups de raids aériens, de barils d'explosifs et de tirs d'artillerie incessants depuis 15 jours, l'armée a provoqué de terribles destructions dans l'est d'Alep, la deuxième ville de Syrie, a poussé quelque 50.000 habitants à la fuite et a pris le contrôle de 40% de la zone, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Aidé de milliers de combattants étrangers -iraniens, du Hezbollah libanais, irakiens et palestiniens-, "le régime resserre l'étau sur les zones toujours sous contrôle des rebelles" à Alep-Est, a indiqué Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.

Des centaines de soldats des unités d'élite de la Garde républicaine et de la 4e Division ont été déployés en vue "des batailles de rue" dans les zones les plus peuplées, a-t-il précisé. "Ils avancent mais craignent des embuscades, les combattants se mêlant aux habitants".

Bien qu'aguerris, les groupes rebelles sont submergés par la puissance de feu du pouvoir, déterminé à reprendre la totalité d'Alep et à leur infliger leur plus sévère défaite depuis le début de la guerre en mars 2011.

Divisée depuis 2012 entre un secteur Ouest contrôlé par le régime et des quartiers Est aux mains des rebelles, Alep est devenue le principal front du conflit syrien, qui a fait plus de 300.000 morts en plus de cinq ans.

Alep-Est comptait encore récemment 250.000 habitants, mais plus de 50.000 d'entre eux, selon l'OSDH, ont fui ces derniers jours la zone assiégée depuis quatre mois et privée de nourriture, médicaments ou électricité.

Cet exode devrait s'accentuer avec les bombardements qui se poursuivent contre les quartiers rebelles où quatre enfants membres d'une même famille ont péri, a précisé l'ONG.

Mais la tempête qui s'est déchaînée jeudi a ralenti le flux de déplacés tout en faisant baisser le rythme des raids et des tirs d'artillerie, alors que les combats au sol continuaient de plus belle, selon l'OSDH et le correspondant de l'AFP sur place.

Alliée du régime à qui elle fournit une aide militaire précieuse dans la guerre, la Russie a proposé la création de quatre couloirs humanitaires à Alep-Est, a indiqué un haut responsable de l'ONU, Jan Egeland.

Des envoyés de Moscou "veulent s'asseoir à Alep avec notre personnel pour discuter de la façon dont nous pouvons utiliser les couloirs pour évacuer les gens, notamment au moins 400 blessés qui ont besoin d'une évacuation médicale immédiate", a-t-il dit. Les couloirs pourraient aussi servir à acheminer médicaments et nourriture.

Plus de 300 civils, dont 33 enfants, ont été tués à Alep-Est depuis le début de l'offensive le 15 novembre, selon l'OSDH. Près d'une cinquantaine sont morts à Alep-Ouest par des tirs attribués aux rebelles.

Ces derniers jours, le journaliste de l'AFP a vu plusieurs cadavres déchiquetés d'hommes, de femmes et d'enfants dans des rues complètement ravagées. Privés d'ambulances -détruites par les bombes ou rendues inutilisables faute de carburant-, les secouristes sont incapables de venir en aide aux victimes.

Les habitants d'Alep-Est "sont assiégées depuis près de 150 jours déjà et n'ont pas les moyens de survivre beaucoup plus longtemps", a averti le patron des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien.

M. O'Brien a lancé cet appel mercredi devant le Conseil de sécurité de l'ONU, dont la réunion, comme les précédentes, s'est conclue sans avancée, témoignant de l'impuissance de la communauté internationale sur ce dossier.

Les Occidentaux en ont rejeté la faute sur la Russie. "Le Conseil ne répond pas aux appels à l'aide des civils (d'Alep) car la Russie ne le veut pas", a dit l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Samantha Power. Son collègue britannique Matthew Rycroft a lui aussi dénoncé les "vétos" de Moscou.

L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a rétorqué en accusant les Occidentaux de vouloir "sauver des terroristes" et "d'utiliser des problèmes humanitaires à des fins politiques".

Une reprise de la totalité d'Alep représenterait la plus importante victoire enregistrée par le régime depuis le début de la guerre. Elle porterait un nouveau coup très dur aux rebelles qui ne contrôleraient alors plus que la province d'Idleb (nord) et quelques poches à Deraa (sud) et près de Damas.

Elle constituerait aussi une défaite pour les alliés arabes de l'opposition (Arabie saoudite, Qatar, Turquie...) et les Occidentaux et renforcerait les alliés du régime, la Russie, l'Iran et le Hezbollah libanais.

Avec AFP

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