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Des dizaines de morts dans les raids du régime syrien sur la Ghouta


Un convoi de Nations unies dans la Ghouta, Syrie, le 6 mars 2018.
Un convoi de Nations unies dans la Ghouta, Syrie, le 6 mars 2018.

Des dizaines de civils ont péri vendredi dans les frappes sur les zones rebelles assiégées de la Ghouta orientale, où les habitants continuent de fuir l'offensive dévastatrice du régime syrien et de son allié russe pour reconquérir totalement cette région.

A la faveur de cet assaut lancé le 18 février, le pouvoir de Bachar al-Assad a déjà repris 70% de cet ultime bastion rebelle aux portes de Damas. Plus de 1.260 civils ont été tués et des milliers blessés en près d'un mois de bombardements, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

En dépit des condamnations et des appels à un cessez-le-feu principalement des Occidentaux, le régime, aidé militairement par Moscou, poursuit son opération, dans un pays ravagé depuis sept ans par une guerre qui a fait plus de 350.000 morts.

Sur un autre front de ce conflit complexe, 22 civils ont été tués à Afrine dans des bombardements de l'armée turque, qui mène une offensive contre cette enclave kurde du nord-ouest syrien.

Vendredi dans la Ghouta orientale, au moins 57 habitants ont été tués dans les raids aériens sur les localités de Saqba et Kfar Batna, selon l'OSDH qui a attribué les frappes à l'aviation russe.

>> Lire aussi : L'armée turque dit encercler le bastion kurde d'Afrine en Syrie

A Kfar Batna, huit corps brûlés gisaient au sol dans la rue, selon un photographe collaborant avec l'AFP. La plupart des centres de la défense civile dans la localité ne sont plus opérationnels et il n'y a donc personne pour évacuer les blessés.

Devant la progression des troupes gouvernementales dans les localités du sud de l'enclave, des centaines de civils ont continué à fuir, n'ayant d'autres choix que de rejoindre les secteurs sous contrôle du régime malgré la crainte de représailles.

La télévision d'Etat a montré des hommes portant des keffieh, des femmes emmitouflées dans des manteaux et voilées, avec parfois des enfants en bas-âge, arrivant dans un secteur gouvernemental.

'Atrocités'

La veille, quelque 20.000 habitants sont sortis de la Ghouta notamment de zones reprises par le régime, selon l'OSDH.

Dans la localité d'Adra, en territoire gouvernemental au nord de l'enclave rebelle, quelque 3.000 personnes étaient entassées dans une école transformée en centre d'accueil. Certains ont passé la nuit dans la cour, dormant à même le sol, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Pour reprendre totalement le bastion rebelle d'où des obus sont tirés sur la capitale Damas, le régime a morcelé la région pour isoler les territoires et affaiblir les rebelles.

Mais rebelles et jihadistes tentent de résister. Les combattants du groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham et ceux de Faylaq al-Rahmane "ont repris quasiment toute la localité de Hammouriyé", reconquise jeudi par les pro-régimes, selon l'OSDH.

>> Lire aussi : Pourparlers du "dernier espoir" de la Syrie à l'ONU

"Cette semaine, la crise syrienne est entrée dans sa huitième année. Jusqu'à quand, les puissances vont-elles permettre à cette situation de traîner?" s'est insurgé le président du Comité international de la Croix-Rouge, Peter Maurer, après avoir accompagné la veille un convoi d'aide dans l'enclave rebelle.

"Quel espoir y a-t-il pour des enfants qui ont vu des familles détruites et des atrocités commises?", a-t-il déploré dans un communiqué.

'Boucliers humains'

Grâce au soutien russe, le régime Assad a réussi à reprendre plus de la moitié du territoire syrien, et ne cache pas sa détermination à reconquérir l'intégralité du pays morcelé.

Après les critiques des Etats-Unis contre le rôle de Moscou accusé d'être "moralement complice et responsable des atrocités d'Assad", le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé en retour les Occidentaux de chercher à "préserver le potentiel militaire des terroristes" en Syrie.

Pour Moscou et M. Assad, tous les opposants armés au régime syrien sont des "terroristes".

Dans le nord-ouest de la Syrie, la mort a aussi frappé. Des tirs d'artillerie turcs sur la ville kurde d'Afrine ont tué 22 civils dont sept enfants, selon l'OSDH.

Ankara dément cibler les civils mais selon l'ONG, 245 civils dont 41 enfants ont péri depuis le début le 20 janvier de l'offensive de l'armée turque qui, aidée de rebelles syriens, veut chasser d'Afrine, proche de sa frontière, les Unités de protection du peuple (YPG).

Ce groupe armé kurde, considéré par Ankara comme "terroriste", est un allié de Washington dans la lutte anti-jihadiste.

Afrine est désormais quasi-encerclée. Seul un couloir est utilisé par les civils pour fuir vers des zones tenues par le régime. Plus de 30.000 ont quitté cette ville depuis mercredi, selon l'OSDH.

L'ONU a néanmoins exprimé sa préoccupation à propos de rapports indiquant que des civils à Afrine étaient empêchés de fuir par les forces kurdes et utilisés comme "boucliers humains".

Déclenché par la répression de manifestations pro-démocratie, le conflit syrien est entré jeudi dans sa huitième année sans aucune solution politique en vue, en raison principalement de l'implication d'acteurs régionaux et internationaux aux intérêts divergents.

Avec AFP

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