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Des députés français demandent "la reconnaissance officielle" d'un assassinat à Alger en 1957


Une photo non datée de Maurice Audin, assistant de mathématiques à la faculté d'Alger et membre du parti communiste algérien disparu après son arrestation, effectuée probablement par des parachutistes du général Jacques Massu, le 11 juin 1957.
Une photo non datée de Maurice Audin, assistant de mathématiques à la faculté d'Alger et membre du parti communiste algérien disparu après son arrestation, effectuée probablement par des parachutistes du général Jacques Massu, le 11 juin 1957.

Deux députés français ont appelé le président Emmanuel Macron à reconnaître "l'assassinat par l'armée française" d'un jeune mathématicien communiste français, disparu en 1957 à Alger, au moment où un ancien soldat témoigne sur cette affaire.

Député de la majorité présidentielle, le mathématicien Cédric Villani, lauréat 2010 de la médaille Fields, et le communiste Sébastien Jumel ont demandé "la reconnaissance officielle de l'assassinat par l'armée française de Maurice Audin" qui aurait eu 86 ans mercredi.

Leur conférence de presse, aux côtés de la veuve du mathématicien, Josette Audin, et de leur fils Pierre Audin, intervient alors que le quotidien communiste L'Humanité publie mercredi le témoignage d'un octogénaire appelé sous les drapeaux pendant la guerre d'Algérie qui pense "avoir enterré" Maurice Audin en 1957.

Arrêté chez lui à Alger le 11 juin 1957 par des parachutistes, Maurice Audin, 25 ans, assistant à l'Université d'Alger, est soupçonné d'héberger des membres de la cellule armée du Parti communiste algérien. Il est torturé à plusieurs reprises dans une villa d'El Biar, un quartier d'Alger, en compagnie d'Henri Alleg, futur auteur de La Question, livre dénonçant la torture.

Dix jours plus tard, Josette Audin apprend officiellement que son mari s'est évadé lors d'un transfert. Cela restera la version officielle jusqu'à ce que l'ancien président François Hollande affirme en 2014 que "M. Audin ne s'(était) pas évadé" mais était "mort durant sa détention".

Dans L'Humanité, un homme de 82 ans raconte son expérience en Algérie où il a été envoyé en 1956 pour "les opérations de pacification" de la colonie française, en proie depuis 1954 à un conflit armé qui aboutira à l'indépendance en 1962. Il évoque la torture des Algériens par des militaires, les exactions et dit avoir été réquisitionné pour enterrer deux corps, près de la ville de Fondouk, à la demande d'un parachutiste. Ce dernier lui dit que l'un des deux est "une saloperie de communiste".

Ces deux cadavres, "passés à la lampe à souder pour qu'on ne puisse pas les identifier", "c'est une grosse prise" et "il ne faut jamais que leurs corps soient retrouvés", lui lance aussi le parachutiste.

M. Villani a fait part "de l'intime conviction" du président de la République, qui s'est déjà entretenu avec la famille après son élection, "que Maurice Audin a été assassiné par l’armée française".

"C'est le devoir de l'État de mettre tout en œuvre pour ce travail de vérité", a-t-il dit. "Une expression au plus haut niveau doit s'engager à ce sujet" et "accompagner humainement la famille qui souffre depuis 60 ans", a-t-il ajouté.

>> Lire aussi : Emmanuel Macron à Alger en "ami" sans être "otage du passé"

Devant des journalistes, Emmanuel Macron a souhaité mardi qu'il y ait "toutes les expertises historiques pour établir le maximum de vérité et procéder aux reconnaissances qui sont dues".

Il ne serait "pas raisonnable de reconnaître un crime d'État sans avoir les preuves" formelles, a-t-il estimé, mais "nous allons mettre tous les moyens en notre pouvoir pour l'établir".

Avec AFP

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