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Des avocats mauritaniens dénoncent une "instrumentalisation" de la justice


Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz parle lors d'un session à Khartoum, Soudan, le 10 octobre 2016.
Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz parle lors d'un session à Khartoum, Soudan, le 10 octobre 2016.

Les avocats de deux opposants au régime du président mauritanien Ould Abdel Aziz, visés par un mandat d'arrêt international, ont dénoncé mercredi "une instrumentalisation de l'autorité judiciaire" dans le cadre d'une affaire impliquant plusieurs sénateurs accusés de corruption.

A Nouakchott, "la chambre d'accusation a maintenu les mandats d'arrêt internationaux" lancés par un juge d'instruction début septembre contre l'homme d'affaires et mécène Mohamed Ould Bouamatou et son collaborateur Mohamed Ahmedou Debagh, qui vivent tous deux au Maroc, a indiqué mercredi à l'AFP une source judiciaire.

Dans un communiqué, les avocats des deux hommes, William Bourdon, Elyezid Ould Yezid et Georges-Henri Beauthier, ont jugé "irrecevables et abusifs" ces mandats d'arrêt.

A leurs yeux, cette procédure "témoigne d'une détérioration accélérée d'un régime aux abois qui, dans une fuite en avant, s'est engagé dans une logique de persécution de plus en plus dure à l'égard de tous ceux (journalistes, syndicalistes, sénateurs) qui s'opposent au coup de force du président Ould Abdel Aziz pour, par tous moyens, rester au pouvoir".

L'un des principaux protagonistes de l'affaire est le sénateur Mohamed Ould Ghadda, qui a mené une fronde contre la suppression du Sénat, finalement adoptée lors d'un référendum constitutionnel début août.

Le sénateur, arrêté le 11 août et incarcéré, est accusé d'avoir distribué de l'argent à certains de ses collègues pour qu'ils s'opposent à la réforme. Il a été inculpé de "corruption" dans le cadre d'un "réseau constitué pour fomenter des troubles dans le pays".

Douze sénateurs, qui ont été placés sous contrôle judiciaire, quatre journalistes et deux syndicalistes, sont accusés de "corruption".

Le chef de l'Etat affirme que ce "réseau" a été financé par les deux hommes d'affaires.

"Au-delà de la volonté de réduire au silence les sénateurs récalcitrants" au projet de modification constitutionnelle, "la véritable inspiration de cette enquête est de criminaliser par tous moyens Mohamed Ould Bouamatou", a déclaré à l'AFP Me Bourdon.

Les avocats ont saisi la Commission des contrôles d'Interpol "pour l'inviter à refuser la diffusion d'une notice rouge", qui correspond à un avis de recherche international à des fins d'extradition. Ils en demandent l'annulation.

Mohamed Ould Bouamatou, fondateur du groupe BSA et de la banque GBM, est depuis plusieurs années en rupture avec le dirigeant mauritanien - son cousin - qu'il avait soutenu durant sa campagne pour la présidentielle de 2009.

Mohamed Ahmedou Debagh avait déjà fait l'objet en 2013 d'une incarcération "arbitraire" pendant 4 mois, selon les avocats.

Ils appellent la communauté internationale et les bailleurs de fonds, à "ouvrir les yeux (...) sur la "dérive autocratique" du pouvoir présidentiel.

L'opposition radicale, qui avait boycotté le référendum, prête à M. Ould Abdel Aziz l'intention de modifier à nouveau la Constitution afin de lui permettre de briguer un troisième mandat.

Avec AFP

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