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Démission du Premier ministre tchèque en conflit avec le ministre des Finances


Bohuslav Sobotka, premier ministre démissionnaire de la République tchèque
Bohuslav Sobotka, premier ministre démissionnaire de la République tchèque

Le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka a annoncé mardi sa démission, qui entraîne aussi celle de son cabinet, en raison du conflit qui l'oppose à son ministre des Finances, l'influent milliardaire Andrej Babis, soupçonné de fraude fiscale.

"Je présenterai prochainement, probablement cette semaine, ma démission au président Milos Zeman. Il est inadmissible qu'Andrej Babis reste au poste du ministre des Finances", a déclaré devant la presse le Premier ministre social-démocrate, alors que M. Babis, chef du mouvement centriste ANO, rejette toutes les accusations pesant contre lui.

Le Premier ministre s'est une nouvelle fois interrogé mardi sur la façon dont M. Babis, homme politique le plus populaire du pays, a acquis les créances pesant sur son groupe Agrofert pour un montant de 1,5 milliard de couronnes (environ 55 millions d'euros), sur l'origine de cet argent et sur des soupçons d'évasion fiscale accompagnant cette transaction.

"Les règles doivent être valables pour tout le monde. Le ministre Babis fait face à un énorme conflit d'intérêt", a affirmé M. Sobotka.

La décision du chef du gouvernement est "absolument tragique" et "désespérée", a réagi M. Babis, deuxième fortune du pays selon Forbes. "J'ai toujours agi conformément à la loi".

Andrej Babis, ministre tchèque des Finances, à gauche, avec le propriétaire du cirque Jaromir Joo, Prague, le 26 octobre 2013.
Andrej Babis, ministre tchèque des Finances, à gauche, avec le propriétaire du cirque Jaromir Joo, Prague, le 26 octobre 2013.

M. Sobotka a "porté préjudice au travail du gouvernement. Peut-être il n'a rien à faire, mais moi j'ai encore du travail à faire", a estimé le ministre, interrogé par la presse à Kvasiny (centre).

Les législatives tchèques, normalement prévues les 20 et 21 octobre, seront suivies début 2018 par l'élection présidentielle au suffrage universel direct.

"Je veux libérer les mains aux partis de la coalition pour qu'ils puissent lancer les négociations sur la solution de la situation ou se mettre d'accord sur l'organisation d'élections plus tôt par rapport à la date prévue", a expliqué M. Sobotka.

Le porte-parole de la présidence, Jiri Ovcacek, n'a pas voulu commenter dans l'immédiat la déclaration de M. Sobotka. La Constitution tchèque ne prévoit aucun délai au terme duquel le président doit accepter la démission du gouvernement.

Cette démission a surpris les commentateurs, qui s'attendaient plutôt au limogeage du ministre. "Si j'avais proposé le limogeage ministre Babis, j'aurais fait de lui un martyr. Depuis plusieurs jours déjà, il se prépare intensément à ce rôle de martyr", a expliqué M. Sobotka.

Le cabinet tripartite actuel, qui rassemble les sociaux-démocrates CSSD, le mouvement ANO et les chrétiens-démocrates KDU-CSL, restera en place jusqu'à la nomination d'un nouveau cabinet.

Parfois décrit comme le "parti d'un seul homme", ANO domine les sondages: il serait crédité de 28,3% des intentions de vote, selon l'institut STEM, devant les sociaux-démocrates CSSD de M. Sobotka (16,6%) et les communistes KSCM (12,2%).

Avec AFP

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