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Dans le camp de Skaramangas, pas de vacances scolaires pour les enfants réfugiés


Des afghans habitent dans un camp de réfugiés près d'Athènes, le 13 juin 2016.
Des afghans habitent dans un camp de réfugiés près d'Athènes, le 13 juin 2016.

Avec une vingtaine d'autre résidents du camp, syriens, afghans et kurdes irakiens, tous bénévoles, ils se sont improvisés professeurs pour 670 élèves, âgés de 6 à 13 ans.

"B for book, C for car...": dans le camp de réfugiés de Skaramangas, pas question de vacances scolaires. Il faut rattraper l'école perdue et préparer une rentrée qui s'annonce chahutée pour la Grèce, avec quelque 8.500 enfants exilés à scolariser.

Habillés et peignés de frais, ils sont une dizaine de petits, 6 à 7 ans, à suivre la leçon d'anglais, dispensée dans un conteneur par deux jeunes réfugiés, un ingénieur et une étudiante.

L'après-midi, des volontaires locaux, vétérans de l'enseignement aux immigrés, prennent le relais pour des cours de grec, français, anglais -- le plus demandé -- et bientôt allemand, surtout destinés aux adolescents et jeunes adultes.

La moitié des 3.000 réfugiés de Skaramangas, dans la grande banlieue portuaire d'Athènes, a moins de 17 ans.

Au prix de trésors d'organisation, avec seulement deux salles de classe, chaque enfant bénéficie de deux heures de cours par semaine. Au programme langues d'origine -- arabe, dari et kurde -- maths et anglais.

"Une goutte d'eau", reconnaît l'ingénieur syrien Bazel Shrayyef.Mais malgré tout "une ébauche de retour à la normalité" pour des enfants marqués par guerre et exode, menacés aussi par l'apathie d'une vie en suspens.

Car à Skaramangas, que l'on attende sa relocalisation dans l'UE, ou son statut de réfugiés en Grèce, personne ne sait où il sera dans six ou douze mois.

"Nos classes ont du mal à se concentrer longtemps, il faut sans cesse relancer leur attention", témoigne Iannis Baveas, un des enseignants grecs. "Beaucoup d'enfants sont en colère", note sa collègue Poppy Paraskevopoulou.

Le risque d'une "génération perdue"

Retisser le lien scolaire est essentiel "alors que nous avons des enfants qui à huit ou dix ans ne savent même pas tenir un stylo ou écrire leur nom dans leur langue", relève Luaay Komam Al Babille, ex-étudiant en paléographie à Alep, et initiateur des premiers efforts d'éducation dans le camp.

Selon l'ONG Save the Children, qui met en garde contre le risque d'une "génération perdue", les enfants réfugiés bloqués en Grèce n'ont en moyenne pas été scolarisés depuis un an et demi. Et plus d'un cinquième en âge scolaire n'a jamais mis les pieds en classe.

Dans la "salle des profs", encore un conteneur, Luaay bricole des manuels en repiquant sur internet des programmes syriens, attentif à expurger les références religieuses ou nationalistes.

L'équipe scolaire s'est mise d'accord sur ces règles pour faciliter l'intégration en Europe, et éviter tout ce qui peut attiser les tensions.

Poppy Paraskevopoulou poursuit elle sa bataille, auprès des ONG, de l'armée qui gère le camp, de l'administration... pour décrocher huit salles de classes en plus, de quoi enclencher un vrai programme de scolarisation.

D'ici la rentrée, c'est l'enjeu pour la Grèce, où la fermeture des frontières européennes depuis fin février a bloqué quelque 50.000 réfugiés. Parmi eux, de premiers recensements dénombrent environ 8.500 enfants en âge d'être scolarisés.

Le ministère de l'Éducation s'y prépare, en s'employant à fédérer toutes les initiatives du type de celle de Skaramangas et l'important vivier de volontaires qu'a créé en Grèce l'élan de solidarité en faveur des réfugiés.

Il a élaboré un programme prévoyant à partir de septembre la mise en place de classes d'intégration, dans les camps ou dans les établissements publics, en prélude à une scolarité en bonne et due forme.

Mais les casse-tête sont nombreux: la population réfugiée est hétérogène et encore très mouvante. L'Education nationale souffre aussi de sous-financement chronique, aggravé par six ans d'austérité.

Le secrétaire général du ministère, Iannis Pantis, juge pourtant le défi de la rentrée prochaine "relevable", en invoquant l'expérience acquise dans les années 90, quand il a fallu intégrer des dizaines de milliers d'écoliers albanais.

Mais à une condition: que l'UE redirige vers les caisses de l'État une partie des fonds d'urgence débloqués pour la crise migratoire, destinés dans l'immédiat aux seules ONG.

"Si l'UE veut nous aider, tout ira bien, sinon nous ne pourrons rien faire", affirme-t-il à l'AFP, chiffrant à quelque 10 millions d'euros la première injection nécessaire.

Avec AFP

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