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Débat autour de l'élévation du président tchadien à la dignité de "maréchal"


Le général d'armée Idriss Déby Itno élevé à la dignité du Maréchal, à N'Djamena, le 26 juin 2020. (VOA/André Kodmadjingar)
Le général d'armée Idriss Déby Itno élevé à la dignité du Maréchal, à N'Djamena, le 26 juin 2020. (VOA/André Kodmadjingar)

Au Tchad, les députés ont élevé le week-end dernier le général d’armée Idriss Déby Itno à la dignité de "maréchal" du Tchad. Une distinction qui intervient en marge du vote de la résolution portant édification d’une stèle à la mémoire des soldats martyrs du 23 mars 2020 à Bohoma.

C’est une initiative d’un député de l’opposition Ibni Daoud, 5e vice-président de l’assemblée nationale, pendant la plénière examinant la possibilité d’édifier une stèle à Bohoma, en mémoire des soldats tués par les éléments de Boko Haram le 23 mars dernier.

L'élévation du président Deby au titre de maréchal ne fait pas l'unanimité
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Au même moment, plusieurs responsables militaires qui ont participé à l’opération surnommée "colère de Bohoma" recevaient des mains du chef de l’Etat leur décoration.

"Si les morts sont honorés et les vivants récompensés, qu’en est-il du président lui-même qui a risqué sa vie? Il lui faut une distinction spéciale", a déclaré le député Ibni Daoud dans la salle. La majorité prend la balle au rebond et propose une résolution séante tenante qui a abouti à l'élévation du président Deby Itno au rang de maréchal du Tchad.

Une distinction qui ne fait pas l'unanimité.

Pour Saleh Kebzabo, député de l’opposition, pense que ce titre de maréchal est "ridicule".

"Si j’étais à sa place, je n’accepterais pas cette distinction parce que cela ne s’est pas passé dans l’unanimité ou dans le consensus de l’Assemblée nationale et je lui conseille de la refuser", a déclaré M. Saleh Kebzabo qui a boycotté la séance parce que selon lui, le sujet n'était même pas inscrit à l’ordre du jour.

Dénonçant un "passage en force", il ajoute que le règlement intérieur exige que les députés soient notifiés au moins trois jours avant tout vote, ce qui n'était pas pas le cas.

Béral Mbaikoubou, un autre député de l’opposition, dit ne pas avoir "cerné clairement l’aspect exceptionnel dans le rôle que le président a joué".

Mais pour les caciques du parti au pouvoir, cette distinction traduit la volonté de tout le peuple tchadien.

C'est le cas du président du groupe parlementaire du parti au pouvoir, Kolotou Tchaïmi, qui se réjouit de cette distinction. Pour lui, elle "retrace le parcours exceptionnel d’un homme d’Etat qui a mis son talent et sa vie au service de la nation".

Il qualifie "d’inédit" le fait que le chef de l’Etat tchadien soit "le seul président en exercice qui ait pris une arme lui-même, descendre sur le terrain et combattre au même titre qu’un simple soldat".

Pour Maitre Jean-Bernard Padaré, porte-parole du parti au pouvoir et ancien ministre de la justice, il faut dédramatiser l'affaire. "C’est un titre purement honorifique, qui n’a aucune incidence sur sa vie militaire, ni demi-dieu, ni quoi que ça soit mais juste un témoignage de satisfaction", explique-t-il.

Certains citoyens estiment que la législature actuelle est illégale et n’a pas qualité d’attribuer le titre de "maréchal" au président car le mandat de ces mêmes députés est largement dépassé.

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