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Rome et Paris poursuivent l'évacuation expresse d'étrangers du Niger


Une centaine de ressortissants étrangers résidant au Niger sont arrivés à Rome mercredi matin, évacués par l'Italie.
Une centaine de ressortissants étrangers résidant au Niger sont arrivés à Rome mercredi matin, évacués par l'Italie.

Trois avions ont déjà atterri à Paris et Rome pour évacuer du Niger des centaines de ressortissants français, italiens et d'autres nationalités, la France espérant terminer mercredi, après le putsch de la semaine dernière dans ce pays stratégique en Afrique de l'Ouest.

Face à une situation explosive, la Cédéao a annoncé mardi soir que les chefs d'état-major des pays qui la composent se réuniraient de mercredi à vendredi à Abuja. Une délégation de la Cédéao, conduite par le Nigérian Abdulsalami Abubakar, est attendue mercredi au Niger, ont indiqué sous le couvert de l'anonymat une haute responsable de l'organisation ouest-africaine et un responsable militaire du Niger.

La Cédéao, présidée par le chef d'Etat nigérian Bola Tinubu, a donné une semaine aux putschistes, jusqu'à dimanche prochain, sans exclure le recours à la force, pour rétablir l'ancien président Mohamed Bazoum, renversé le 26 juillet par des membres de sa garde présidentielle.

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En attendant, une centaine de ressortissants étrangers résidant au Niger sont arrivés à Rome mercredi matin, évacués par l'Italie. Selon l'agence Ansa, 36 Italiens et 21 Américains font partie des ressortissants évacués. Un peu moins de 500 ressortissants italiens résident au Niger, dont la plupart sont des militaires.

Du côté de la France, qui compte quelque 1.200 ressortissants enregistrés au Niger, "deux avions se sont posés cette nuit. Le deuxième aux alentours de 04H00 locales (02H00 GMT). Deux autres avions sont mobilisés, dont un s'est posé (à Niamey) et l'autre encore en vol", a indiqué à l'AFP en début de matinée l'état-major des armées françaises.

Le deuxième vol devait ramener des Français, Nigériens, Allemands, Belges, Canadiens, Américains, Autrichiens et Indiens, selon le ministère français des Affaires étrangères.

C'est la première évacuation massive organisée par Paris au Sahel où les coups d'Etat se sont multipliés depuis 2020. Paris justifie l'évacuation par les "violences qui ont eu lieu" contre son ambassade dimanche lors d'une manifestation hostile à la France, et par "la fermeture de l'espace aérien qui laisse nos compatriotes sans possibilité de quitter le pays par leurs propres moyens".

Niamey, par la voix d'un putschiste, a toutefois annoncé dans la nuit de mardi à mercredi la réouverture "des frontières terrestres et aériennes" du Niger avec cinq pays voisins (Algérie, Burkina Faso, Libye, Mali et Tchad).

Appel à rassemblement "pacifique"

"Il y a 262 personnes à bord de l'avion qui est un Airbus A330, dont une douzaine de bébés", a avait indiqué à l'AFP mardi soir la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, expliquant que la "quasi-totalité des passagers sont des compatriotes".

Outre une grande majorité de Français, ont également atterri des Nigériens, des Portugais, des Belges, des Ethiopiens et des Libanais, a précisé le Quai d'Orsay à la presse présente à Roissy.

"A Niamey, il n'y a pas de tensions particulières en ville, pas de stress particulier, la population vaque à ses occupations", a décrit Bernard, qui travaille depuis deux mois au Niger pour l'Union européenne. Comme de nombreux autres, cet homme qui n'a pas donné son nom, parti avec le strict minimum.

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"Ca fait du bien", a déclaré, soulagée, Raïssa Kelembho, rentrée du Niger avec ses deux garçons. "A un moment donné, il y a eu une sensation d'insécurité, on savait que tout pouvait basculer", a expliqué la mère de famille, dont le mari est resté au Niger pour le travail.

Sur les quelque 1.200 Français enregistrés sur les listes consulaires au Niger, selon Paris, 600 ressortissants souhaiteraient revenir en France. L'évacuation des militaires français postés au Niger n'est en revanche "pas à l'ordre du jour", avait auparavant indiqué à la presse l'état-major des armées françaises.

Le mouvement M62, à l'initiative d'une manifestation pro-putschistes, a dénoncé mardi l'évacuation organisée par la France, souhaitant la suspension de certains de ses médias et appelant à un rassemblement "pacifique chaque jour" près de l'aéroport, "jusqu'au départ définitif des forces étrangères" présentes dans le pays.

"Petite fenêtre" pour la diplomatie

Les Etats-Unis n'ont pris aucune décision d'évacuation pour le moment et ne parlent pas de "coup d'Etat", estimant qu'il reste encore une "petite fenêtre" pour la diplomatie et le rétablissement du président Bazoum dans ses fonctions.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, qui s'était rendu à Niamey en mars, s'est entretenu avec M. Bazoum mardi pour lui assurer de nouveau du "soutien inébranlable des Etats-Unis". "Il a souligné que les Etats-Unis rejetaient les tentatives de renverser l'ordre constitutionnel", a ajouté le Département d'Etat dans un communiqué. Le ministère allemand des Affaires étrangères a recommandé "à tous ses ressortissants à Niamey", d'accepter l'offre de la France.

La France, ex-puissance coloniale dans la région et soutien indéfectible du président Bazoum, retenu depuis le 26 juillet dans sa résidence présidentielle, apparaît comme la cible privilégiée des militaires qui l'ont renversé, dirigés par le général Abdourahamane Tiani. La junte a accusé lundi la France de vouloir "intervenir militairement", ce que Paris a démenti fermement.

Lundi soir, le Burkina Faso et le Mali, voisins du Niger et gouvernés également par des militaires, ont affiché leur solidarité avec les putschistes en affirmant que toute intervention militaire pour rétablir Mohamed Bazoum serait considérée "comme une déclaration de guerre" à leurs deux pays et entraînerait leur retrait de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest). Ils ont ajouté refuser d'appliquer les "sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériennes" décidées dimanche par la Cédéao à Abuja, la capitale du Nigeria.

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