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Combats en Afghanistan, que les troupes américaines vont quitter fin août


Les forces du commando afghan sur le site d'un champ de bataille où elles s'affrontent avec les insurgés talibans dans la province de Kunduz, en Afghanistan, le 22 juin 2021. REUTERS
Les forces du commando afghan sur le site d'un champ de bataille où elles s'affrontent avec les insurgés talibans dans la province de Kunduz, en Afghanistan, le 22 juin 2021. REUTERS

Des centaines de combattants talibans ont été tués lors d'intenses combats contre les forces afghanes dans plusieurs provinces d'Afghanistan, ont annoncé samedi les autorités, quelques heures après l'annonce par Washington que tous ses soldats auront quitté le pays d'ici la fin août.

Les Etats-Unis ont fait cette annonce peu après le départ de l'ensemble des troupes américaines et de l'Otan de la base de Bagram, la plus grande d'Afghanistan, d'où la coalition internationale a mené ses opérations contre les talibans depuis deux décennies, et sa restitution à l'armée afghane.

Au cours des dernières 24 heures, plus de 300 talibans ont été tués lors de combats avec les forces gouvernementales, a déclaré samedi le ministère de la Défense, précisant qu'une cinquantaine avaient notamment péri lors de frappes aériennes, dont l'une dans la nuit dans la province méridionale du Helmand, théâtre de fréquents affrontements entre forces afghanes et insurgés.

Des observateurs craignent que l'armée afghane peine face aux talibans sans le soutien aérien fourni jusqu'ici par les forces américaines.

"Ces derniers jours, l'aviation afghane a intensifié ses frappes contre des repaires talibans et les insurgés ont subi des pertes", a affirmé à l'AFP Attaullah Afghan, membre du conseil provincial du Helmand.

Les talibans ont rejeté les affirmations du gouvernement. Chaque camp exagère régulièrement les pertes subies par l'ennemi et leurs affirmations sont souvent difficiles à vérifier de manière indépendante.

Depuis le début, le 1er mai, du retrait final des soldats américains les talibans ont multiplié les offensives contre les forces afghanes et se sont emparés de nombreuses zones rurales, les forces afghanes renforçant pour leur part leurs positions dans les grandes villes, presque toutes encerclées par les insurgés.

Samedi, les talibans ont affirmé avoir pris le contrôle de sept districts supplémentaires dans la province du Badakhshan (Nord-Est).

L'intensification des combats et la pression des talibans n'ont pas empêché Washington de mener tambour battant son retrait afin d'en finir avec la guerre la plus longue menée par les Etats-Unis dans leur histoire.

En mai, il restait près de 9.500 soldats étrangers en Afghanistan, dont 2.500 Américains.

Vendredi, les soldats américains et de l'Otan ont tous quitté la base aérienne de Bagram, située à 50 km au nord de Kaboul, étape majeure attestant de l'imminence de la fin de l'implication militaire de l'Otan en Afghanistan.

- "L'histoire se répète" -

La capacité de l'armée afghane à conserver le contrôle de l'aérodrome de Bagram pourrait être une des clés pour préserver la sécurité aux abords de Kaboul et maintenir la pression sur les insurgés.

La porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki a assuré que le départ des troupes étrangères de Bagram ne signifiait pas leur départ définitif d'Afghanistan dans les jours qui viennent.

Le retrait des forces étrangères sera terminé d'ici fin août, a-t-elle précisé, soit avant la date-butoir du 11 septembre, 20e anniversaire des attentats aux Etats-Unis qui avaient déclenché l'intervention internationale en Afghanistan.

La base de Bagram, véritable ville miniature qui a vu passer ces 20 dernières années des centaines de milliers de soldats américains et de l'Otan ainsi que leurs sous-traitants militaires privés, possède en Afghanistan une importance militaire mais aussi symbolique.

"De nombreux Afghans se souviendront de Bagram comme la clé de voûte de plus d'une intervention militaire étrangère, car elle était également la principale base des Soviétiques durant leur occupation du pays" entre 1979 et 1989, rappelle Andrew Watkins, expert du pays à l'International Crisis Group (ICG).

"Elle n'a pas seulement été le point d'entrée de nombreux soldats étrangers, passés par le pays depuis 2001, elle a aussi abrité une grande partie des moyens aériens déployés dans le pays, qui ont donné aux forces afghanes un tel avantage vital sur le champ de bataille", ajoute-t-il.

Le départ des troupes étrangères de Bagram a accru un peu plus l'inquiétude quant à l'éventualité que le pays sombre dans une nouvelle guerre civile, comme ce fut le cas dans les années 1990 après le départ de l'Armée rouge.

"Je vois l'histoire se répéter. Les Américains font comme les Russes. Ils s'en vont sans avoir mis fin à la guerre", constate Dawood Hotak, un habitant de Kaboul.

"J'ai l'impression que notre pays va sombrer dans une nouvelle guerre civile, vu que les talibans intensifient leurs attaques et que les Américains se retirent".

Vendredi, le président américain Joe Biden a tenté de calmer ces inquiétudes en affirmant, sans autre détail, que les Etats-Unis conserveraient la capacité d'apporter une aide au gouvernement et à ses troupes si nécessaire.

Selon des informations de presse, le Pentagone devrait maintenir près de 600 soldats en Afghanistan pour garder la vaste ambassade des Etats-Unis à Kaboul.

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