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Chine: en pleine épidémie, les médecins misent sur la télémédecine


Le président chinois Xi Jinping en visite à l'hôpital Huoshenshan de Wuhan, province du Hubei en Chine le 10 mars 2020.
Le président chinois Xi Jinping en visite à l'hôpital Huoshenshan de Wuhan, province du Hubei en Chine le 10 mars 2020.

Elle travaille à Paris mais consulte via son ordinateur un médecin à Shanghai, car sa toux l'inquiète: en Chine, le coronavirus donne à la télémédecine un essor sans précédent.

A 10.000 km de là, le médecin shanghaïen diagnostiquera à cette Chinoise installée en France un simple rhume et lui prescrira... un peu de repos. Pas de quoi redouter une pneumonie virale.

Tétanisés par le virus, des millions de Chinois limitent au maximum les contacts depuis fin janvier, quand la gravité de la maladie a été publiquement reconnue par les autorités. Et ils craignent par-dessus tout d'être contaminés en se rendant dans les hôpitaux déjà débordés en temps normal.

Depuis l'apparition de l'épidémie, les plateformes de télémédecine, mises au point notamment par les géants locaux de l'internet Tencent et Alibaba, enregistrent une forte augmentation du trafic.

WeDoctor, qui a lancé le 23 janvier une section spécifique pour le Covid-19, revendique pour le seul mois de février environ 1,5 million de consultations en ligne. Son concurrent AliHealth, fort d'un millier de médecins associés, assure renseigner plus de 3.000 patients par heure.

Et la tendance a gagné les établissements de santé publics.

- "Changement à long terme" -

A Shanghai, l'hôpital central Xuhui, qui expérimente depuis 2015 la télémédecine, a reçu le mois dernier une licence spéciale du gouvernement pour exploiter ce nouveau créneau.

En tout juste quelques semaines, les consultations sur internet sont passées de pratiquement zéro à plus de 5.000 dimanche dernier.

"Pour la médecine, il s'agit d'un changement à long terme", prévient Zhou Jian, un haut responsable de l'établissement qui ouvrait ses portes aux médias en début de semaine.

Les patients doivent d'abord télécharger une application, puis rejoignent une file d'attente. Après une brève consultation, les médecins leur prodiguent des conseils: simple repos, prescription de médicaments, voire examen approfondi avec un spécialiste, démarche qui peut également se faire en ligne.

"Peu importe où vous êtes, vous pouvez consulter tant que vous avez un téléphone portable et du réseau", se félicite M. Zhou.

Dans cet établissement pionnier de Shanghai, les médicaments sont réglés en ligne via les plateformes de paiement électronique omniprésentes dans le pays. Ils sont ensuite livrés gratuitement aux patients, parfois le jour même.

D'autant qu'avec l'épidémie de Covid-19, l'argent liquide a encore perdu un peu de sa superbe. Les Chinois craignant d'être contaminés rechignent un peu plus à recourir au cash pour leurs achats quotidiens et le pays s'est lancé récemment dans une désinfection à grande échelle des billets de banque.

- Un obstacle -

La plupart des consultations en ligne ne sont pas liées au coronavirus.

De la pédiatrie à la cardiologie en passant par la dermatologie, des dizaines de médecins se relaient dans des cabines équipées d'ordinateurs.

Avantages: moins de pression pour le personnel soignant et une plus grande efficacité, sans compter les temps d'attente réduits pour les patients qui ne sont plus obligés de se déplacer physiquement pour consulter.

La Chine, plus que tout autre pays, a spectaculairement embrassé les technologies mobiles ces dernières années: du règlement des factures aux commandes de produits frais ou d'un café, tout se fait désormais à portée de pouce sur un écran de smartphone.

Mais la technologie peut être un obstacle pour les personnes âgées, reconnaît le cardiologue Wang Dewen, 75 ans.

"Elles ne sont pas aussi à l'aise pour utiliser un téléphone portable. C'est probablement le plus grand problème", regrette-t-il.

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