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Cameroun anglophone : un mort dans un attentat à la bombe


Des soldats patrouillent à Bafut, après que le toit du dortoir d'une école a été incendié pendant la nuit du 15 novembre 2017, dans la région anglophone du nord-ouest du Cameroun.
Des soldats patrouillent à Bafut, après que le toit du dortoir d'une école a été incendié pendant la nuit du 15 novembre 2017, dans la région anglophone du nord-ouest du Cameroun.

Une personne a été tuée dimanche dans un attentat à la bombe artisanale dans l'ouest du Cameroun, les autorités soupçonnant les séparatistes anglophones qui combattent l'armée depuis sept ans.

L'attentat est survenu deux heures après le passage d'une parade d'écoliers à l'occasion de la fête nationale annuelle de la Jeunesse, a précisé la radio-télévision d'Etat CRTV.

Dans la localité de Nkambe, un "engin explosif improvisé dissimulé dans un point de vente de denrées alimentaires a explosé non loin de la place des fêtes (...) deux heures après la parade", a précisé l'organe de presse gouvernemental. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des enfants en uniformes scolaires bleus courir dans tous les sens et des personnes secourant des adultes blessés légers.

"On dénombre près d'une quarantaine de blessés, dont quatre graves, et un décès", a déclaré à l'antenne de CRTV Adolphe Lele Lafrique, le gouverneur de la région Nord-Ouest, qui n'a donné aucune précision sur les identités des victimes mais a assuré que "trois suspects ont été arrêtés". "Les premiers soupçons vont vers les séparatistes", a commenté CRTV.

Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, peuplées principalement par la minorité anglophone dans ce pays d'Afrique centrale majoritairement francophone, est le théâtre, depuis fin 2016, d'un conflit très sanglant entre des mouvements armés qui en réclament l'indépendance et des forces de l'ordre massivement déployées par le président Paul Biya, 90 ans, qui dirige sans partage le Cameroun depuis plus de 41 ans.

Les rebelles comme l'armée sont régulièrement accusés par les ONG internationales de commettre des crimes contre les civils, principales victimes de ce conflit. Les attentats commis avec des engins artisanaux généralement de faible puissance ne sont pas rares.

Mardi, un sous-préfet et quatre de ses collaborateurs avaient été kidnappés par des séparatistes en se rendant à Nkambe, et seul le haut-fonctionnaire avait réussi à s'enfuir, récupéré par l'armée. Mais les corps du policier chargé de sa protection et de son chauffeur ont été retrouvés, exécutés par balles.

Les nombreux groupes rebelles séparatistes se livrent fréquemment à des enlèvements de civils, y compris des fonctionnaires. Ils exécutent parfois leurs otages en les accusant de "collaborer" avec l'Etat mais la plupart sont libérés, le plus souvent contre des rançons.

Les rebelles, comme l'armée et la police, sont régulièrement accusés par les ONG nationales et internationales de crimes et exactions contre les civils: les premiers visent principalement des francophones accusés de "collaborer" avec Yaoundé, les seconds se livrent à des expéditions punitives contre ceux qu'ils accusent de sympathiser avec les séparatistes.

Le conflit a éclaté fin 2016 après que Paul Biya a fait réprimer violemment des manifestations pacifiques d'anglophones qui s'estimaient ostracisés et marginalisés par le pouvoir central.

Le 12 janvier, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a estimé qu'"au moins 6.000 civils ont été tués par les forces gouvernementales et les combattants séparatistes" en plus de sept ans de conflit.

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