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Burkina: la commission d'enquête assure avoir identifié "commanditaires" et "exécutants" du putsch


Le président de la transition au Burkina, Michel Kafando, salue les signataires de la Charte au Burkina lors de la réunion devant fixer la nouvelle date des élections dans le pays, 13 octobre 2015. (VOA/Bagassi Koura)
Le président de la transition au Burkina, Michel Kafando, salue les signataires de la Charte au Burkina lors de la réunion devant fixer la nouvelle date des élections dans le pays, 13 octobre 2015. (VOA/Bagassi Koura)

La Commission d'enquête sur le putsch raté de septembre au Burkina Faso assure avoir identifié "commanditaires", "complices" et "exécutants" du coup, a annoncé jeudi devant la presse le président de la commission.

"Les investigations nous ont permis d'identifier des personnes qui sont soit commanditaires de ce coup d'Etat, soit complices, soit des exécutants", a déclaré Simplice Poda, le président de la commission d'enquête après avoir remis le rapport au Premier ministre Isaac Zida à Ouagadougou.

Ce rapport, dont le contenu n'a pas été dévoilé, avait été commandé par le gouvernement le 25 septembre pour "situer les responsabilités, identifier les auteurs, complices, militaires et civils, impliqués dans la tentative de coup d'État perpétrée le 16 septembre 2015".

Des soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'ancienne garde prétorienne du président déchu, Blaise Compaoré, avaient fait irruption dans le palais présidentiel le 16 septembre en plein conseil des ministres, prenant en otage le président, Michel Kafando, le Premier ministre Zida, et plusieurs ministres, avant de proclamer le coup d'État le lendemain.

La mobilisation populaire a conduit à l'échec du putsch permettant le retour de M. Kafando et du gouvernement au pouvoir.

"Nous avons identifié les personnes mais cela ne fait pas d'elles des coupables, elles jouissent de la présomption d'innocence", a noté M. Poda.

La commission n'a pas fait de "recommandations" aux autorités "parce qu'il s'agit d'une enquête", a précisé M. Poda.

Il a affirmé que la commission composée de huit personnes (cinq gendarmes, un commissaire de police, un greffier et un magistrat) a auditionné "beaucoup de personnes, toute la hiérarchie militaire par exemple".

"Beaucoup de victimes (211 au total) se sont présentées: des blessés, des gens qui ont eu leurs biens saccagés", a-t-il indiqué.

"Vu le temps imparti, nous ne pouvons pas dire que nous avons auditionné tout le monde surtout qu'il y a aussi des gens qui ne sont plus au pays, qui ont dû prendre la fuite", a ajouté M. Poda.

Interrogé sur des implications extérieures évoquées par la justice militaire qui a autorisé la perquisition du domicile ouagalais de Guillaume Soro, président de l'Assemblée nationale ivoirienne, M. Poda s'est refusé à tout commentaire: "Je ne peux pas dire quoi que ce soit là-dessus".

"Le peuple burkinabè tout entier attendait les résultats de vos travaux (...) nous allons pouvoir ensemble voir ce que vous avez pu obtenir au bout de 30 jours de dur labeur dans des conditions assez difficiles mais c'est ça aussi être Burkinabè, il faut savoir rendre possible ce qui est impossible au regard des conditions modestes" a déclaré M. Zida.

L'enquête de la commission est différente de l'enquête judiciaire ouverte par la justice militaire.

Selon l'entourage de M. Zida, celui-ci a été convoqué jeudi pour être auditionné par la justice militaire.

Une vingtaine de militaires, essentiellement du RSP, dont le général Gilbert Diendéré, considéré comme le cerveau du putsch, ont déjà été mis aux arrêts.

Le général Diendéré, ancien chef d'état-major particulier de M. Compaoré, a été notamment inculpé de "crimes contre l'humanité". L'ex-ministre des Affaires étrangères Djibrill Bassolé est lui inculpé notamment de "haute trahison".

L'histoire du Burkina Faso, pays sahélien pauvre de 17 millions d'habitants, a été marquée par de nombreux coups d'État depuis l'indépendance en 1960.

La campagne pour les élections présidentielle et législatives du 29 novembre pour clore la "transition" démocratique ouverte après la chute de M. Compaoré, chassé par la rue en octobre 2014 après 27 ans au pouvoir, s'est ouverte dimanche.

Avec AFP

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