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Buhari de retour au Nigeria mais poursuit sa convalescence


Le président nigérian Muhammadu Buhari recoit l’ archevêque de Canterbury, Justin Welby à Abuja House, Londres, le 9 mars 2017.
Le président nigérian Muhammadu Buhari recoit l’ archevêque de Canterbury, Justin Welby à Abuja House, Londres, le 9 mars 2017.

Le président Muhammadu Buhari est rentré vendredi matin au Nigeria après deux mois d'absence pour raison de santé, mais ses déclarations confuses ont entretenu le doute sur ses capacités à reprendre les rênes du pays dans l'immédiat.

A son arrivée dans la capitale fédérale Abuja, après un long "congé maladie" à Londres, M. Buhari, musulman de 74 ans, a annoncé qu'il continuerait à "se reposer", et continuerait de laisser le vice-président Yemi Osinbajo, un chrétien, diriger le pays, sans préciser pour combien de temps.

Un porte-parole de la présidence, Femi Adesina, a ensuite coupé court aux interrogations suscitées par ces déclarations, affirmant sur Twitter que le président officialiserait son retour à la présidence lundi.

M. Buhari "transmettra lundi sa lettre à l'Assemblée nationale concernant son retour au pays. Cela formalise son retour au travail en vertu de la Constitution", a déclaré le porte-parole.

Vêtu d'une longue tunique traditionnelle haoussa noire, le chef de l'Etat est apparu souriant mais particulièrement amaigri et fragile à sa descente d'hélicoptère, où l'attendait le vice-président Osinbajo qui assure l'intérim depuis son départ du pays le 19 janvier.

M. Buhari a ensuite présidé une réunion politique à Abuja, avec des membres du gouvernement et de son parti.

"J'ai fait exprès de rentrer avant le weekend, pour que le vice-président continue et que je puisse me reposer", leur a-t-il expliqué, déclenchant des rires dans l'assemblée.

Un autre de ses proches à la présidence, Tolu Ogunlesi, a assuré qu'il s'agissait d'une "blague". Personne dans l'entourage du vice-président n'a souhaité confirmer le rôle exact à venir de M. Osinbajo.

Dans un discours décousu, M. Buhari avait auparavant remercié les Nigérians pour "leurs prières et leur soutien" pendant son absence, sans dévoiler la pathologie dont il souffrait.

"Je n'ai pas le souvenir d'avoir été aussi malade depuis que je suis un jeune homme. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai eu des transfusions de sang", a-t-il seulement expliqué.

Mais, a-t-il assuré, "je me sens beaucoup mieux maintenant. Tout ce dont je vais avoir besoin, c'est d'un suivi (médical) dans les prochaines semaines".

Jusqu'à l'annonce de son retour jeudi soir, les Nigerians retenaient leur souffle tandis que circulaient les pires rumeurs sur le sort de leur président, supposé être très gravement malade, voire décédé.

- Un vice-président populaire -

La présidence a systématiquement démenti, affirmant que M. Buhari était "en pleine forme", mais qu'il devait effectuer des "examens médicaux", distillant sur les réseaux sociaux quelques photos de lui recevant des responsables nigérians dans sa résidence londonienne.

La santé du président est une question sensible au Nigeria depuis la mort en 2010 du président Umaru Musa Yar'Adua d'une maladie longtemps cachée au grand public.

L'hospitalisation de Yar'Adua - un musulman - à l'étranger avait déclenché des mois d'incertitude politique jusqu'à ce que son vice-président - chrétien - Goodluck Jonathan finisse par lui succéder à l'annonce officielle de sa mort.

L'administration actuelle a voulu éviter de commettre la même erreur en laissant un vide politique au sommet de l'Etat. Comme le permet la Constitution, M. Osinbajo, 60 ans, s'est vu confier les rênes du pouvoir.

Le vice-président a salué le retour de M. Buhari et l'a remercié pour sa confiance. "C'est un jour de joie non seulement pour nous, mais pour tout le pays, l'Afrique et le monde", a-t-il affirmé.

Le style consensuel et le dynamisme de cet ancien avocat et pasteur évangélique contrastent avec celui de M. Buhari, critiqué depuis des mois pour sa lenteur à prendre des décisions et sa manière de gouverner, toujours entouré d'un cercle étroit de conseillers influents.

Depuis janvier, il mène notamment de cruciales négociations avec les groupes rebelles de la région pétrolifère du Delta du Niger et a mis en place un nouveau plan économique pour tenter de sortir le Nigeria de la crise.

"J'ai parfaitement conscience de la situation économique", a précisé vendredi le chef de l'Etat, exprimant son intention de se "dévouer à nouveau pour servir et protéger l'intérêt" des Nigérians, au moment où le géant d'Afrique de l'Ouest traverse une grave récession.

Avec AFP

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