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La prison épargnée à Lula


L'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva à Sao Paulo, au Brésil, le jeudi 25 janvier 2018. . (AP Photo / André Penner)
L'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva à Sao Paulo, au Brésil, le jeudi 25 janvier 2018. . (AP Photo / André Penner)

La Cour suprême du Brésil a ajourné jusqu'au 4 avril ses débats sur l'ex-président Lula et a décidé que le leader de la gauche, favori de la prochaine élection présidentielle, ne pourrait pas être emprisonné d'ici là.

Lula a été condamné à 12 ans et un mois de prison pour corruption et blanchiment d'argent en janvier et la Cour s'était réunie pour décider s'il devait aller ou non en prison avant que tous les recours contre sa condamnation ne soient épuisés.

Par sept voix contre quatre, les juges ont accordé une bouffée d'oxygène à cette figure emblématique de la gauche brésilienne, qui risquait d'être incarcérée dès le début de la semaine prochaine, après le jugement d'un autre tribunal, à Porto Alegre (sud).

"Dans les circonstances actuelles, c'est ce que nous pouvions attendre du tribunal", a commenté l'avocat de Lula, Sepulveda Pertence, se refusant à tout "pronostic" sur la suite de la procédure.

Lula lui-même, en meeting dans la soirée devant ses sympathisants, n'a en revanche pas directement commenté la décision de la Cour suprême, préférant évoquer l'élection présidentielle d'octobre prochain.

"Si le Parti des travailleurs (PT) le permet, je souhaite revenir", en tant que candidat, a-t-il rappelé. "Si je me présente et que je perds, je respecterai le résultat, comme je l'ai toujours fait. Si (mes opposants) veulent gagner, qu'ils ne le fassent pas via des magouilles, mais dans les urnes", a ajouté l'ancien président de 72 ans, qui a quitté le pouvoir avec un taux record de popularité après deux mandats (2003-2010).

Le sénateur du PT Humberto Costa a affirmé de son côté sur Twitter que, "jusqu'au 4 avril, personne ne peut arrêter le plus grand leader politique du Brésil". "Et nous sommes confiants que même après cette date non plus, si la Cour suprême respecte réellement la Constitution", a-t-il ajouté.

Quand la Cour reprendra ses débats, elle décidera d'accorder ou non à Lula une mesure d'"habeas corpus", qui lui permettrait de rester en liberté tant que le dernier des nombreux recours possibles contre sa condamnation n'aura pas été épuisé.

Cela pourrait durer des mois, voire des années. Si en revanche la majorité des juges de la Cour suprême tranche en sa défaveur, Lula sera probablement très proche de la prison.

"Aucun citoyen ne peut être considéré coupable" tant que toutes les juridictions ne l'ont pas déterminé, a plaidé José Roberto Batochio, avocat de Lula, devant les juges jeudi.

Lula a été condamné en appel pour avoir accepté un triplex en bord de mer de la part d'une entreprise de BTP impliquée dans le gigantesque scandale autour du groupe public Petrobras. Ce qu'il a toujours farouchement nié.

- "Demandes d'éclaircissements" -

Dans ce dossier extrêmement technique, la majorité des juristes estime que Lula, libre ou pas, sera déclaré inéligible pour le scrutin. Cette décision incombe in fine à la justice électorale, qui tranchera en août.

Mais un autre tribunal se penchera lundi sur le cas de cette ex-figure charismatique de la gauche sud-américaine qui a longtemps incarné l'image d'un Brésil conquérant et ouvert sur le monde.

Le tribunal de deuxième instance de Porto Alegre (TRF4), qui avait confirmé et alourdi sa peine en appel, doit statuer sur des "demandes d'éclaircissements" de la défense de Lula.

Mais la décision de la Cour suprême a rendu caduque toute décision de ses trois juges qui rejetteraient ce recours. L'ancien président ne pourrait ainsi pas être incarcéré après la publication du jugement, comme il en courait le risque jusqu'ici.

A sept mois d'une présidentielle plus incertaine que jamais, Lula est crédité de quelque 35% des intentions de vote, tout en restant un personnage très clivant pour les Brésiliens.

Il n'est pas rare de voir des manifestants en marge de ses meetings brandir des marionnettes figurant Lula - poursuivi par ailleurs dans une demi-douzaine d'autres affaires, essentiellement de corruption - en uniforme rayé de prisonnier.

"C'est un jour très important pour le Brésil", a déclaré un manifestant anti-Lula, Marcel Venancio avant la décision de la Cour, "Lula s'est toujours débrouillé pour contourner la loi".

Faux, a rétorqué une retraitée, Sandra Correia, "il n'y a aucune preuve contre Lula".

Avec AFP

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