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Bowie, Prince, Cohen, le début de la fin d'une ère du rock en 2016


Leonard Cohen en 2008
Leonard Cohen en 2008

De David Bowie à Leonard Cohen en passant par Prince, l'année 2016 aura été marquée par la disparition de plusieurs grandes figures de la musique, signe de la fin d'une ère dont l'influence demeure cependant majeure.

Presque jusqu'à leur dernier souffle, ils auront continué à proposer une musique exigeante, qui restait éminemment pertinente dans son époque.

Le Britannique aux mille vies artistiques David Bowie est mort d'un cancer en janvier, deux jours après la sortie de son dernier album aux accents jazz "Blackstar". Leonard Cohen est décédé début novembre, trois semaines après la publication de son "You Want it Darker".

Quant à Prince, il était encore sur scène moins d'une semaine avant son décès brutal, fin avril, d'une overdose de médicaments antidouleurs.

Le monde du rock a ainsi perdu plusieurs membres d'une génération qui a occupé le devant de la scène, souvent par intervalles, durant des décennies, parfois depuis les années 1960.

Ces trois géants étaient en tout cas, chacun à leur façon, des symboles d'une époque révolue, selon Theo Cateforis, professeur d'histoire et cultures musicales à l'université américaine de Syracuse.

"Leur décès nous fait réfléchir à ce qu'étaient les carrières de ces époques-là, et sur le fait que ce genre d'artistes pourrait devenir de moins en moins fréquent à l'avenir", analyse-t-il.

"Ces deux dernières décennies, ils s'étaient isolés ou, en tout cas, fonctionnaient en autonomie", dit-il de Prince et David Bowie, définition qui présidait depuis plus longtemps encore au fonctionnement de Leonard Cohen.

"Et ça peut paraître inhabituel aux yeux d'un nouvel artiste, dont on attend qu'il soit accessible, ait un compte Twitter et soit présent en continu" dans le paysage médiatique, ajoute l'universitaire.

- Préserver le patrimoine -

Malgré ce fonctionnement en marge des codes actuels, Prince et David Bowie sont restés incontournables grâce à leur capacité à se renouveler en permanence, à questionner leurs propres pratiques et à intégrer de multiples influences.

Pour Theo Cateforis, l'artiste actuel le plus proche de cette philosophie est Kanye West, qui n'hésite pas à multiplier les collaborations pour enrichir son travail.

Prince, David Bowie et Leonard Cohen ne sont que les têtes d'affiche d'une année 2016 qui a emporté une longue liste de musiciens et chanteurs anglo-saxons de premier plan.

Dans des genres musicaux très différents, elle comprend le fondateur du groupe funk et disco Earth, Wind and Fire, Maurice White, le chanteur des Eagles Glenn Frey, la légende du country Merle Haggard et la voix nasillarde du groupe de rap A Tribe Called Quest, Malik Taylor, connu sous le nom de Phife Dawg.

Autre indice témoignant d'un changement d'époque pour le rock cette année: le prix Nobel de littérature attribué à Bob Dylan, 75 ans.

Le chanteur folk ne s'est pas rendu en Suède pour recevoir son prix, qui consacre l'entrée du rock dans les plus hautes sphères institutionnelles. Mais il était bien présent en octobre dans le désert californien pour le festival Desert Trip, célébration des grandes heures du rock and roll.

Environ 150.000 spectateurs, en grande partie d'âge mûr, étaient venus écouter quelques-uns des plus brillants septuagénaires du rock, entre Mick Jagger, Paul McCartney, Neil Young, le cofondateur des Pink Floyd Roger Waters, le chanteur des Who Roger Daltrey et Bob Dylan.

Plus de soixante ans après l'explosion de ce genre musical, il s'agit désormais de s'assurer de la persistance de l'héritage du rock dans le patrimoine musical et la mémoire collective.

Bob Dylan lui-même est attaché à cette transmission, lui qui a fait don de ses archives personnelles à l'université de Tulsa, qui va créer un espace permanent pour les exposer.

Avec AFP

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