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Boom de la fécondation in vitro en Iran


Face à l'infertilité grandissante en Iran, de plus en plus de couples ont recours à l’insémination artificielle, controversée par les dignitaires religieux.

L'infertilité a fortement augmenté ces dernières années dans le pays, affirment des experts iraniens en citant notamment comme causes probables la pollution de l'air et une alimentation de mauvaise qualité.

Malgré une société en partie conservatrice, la République islamique d'Iran a une attitude progressiste face à la médecine moderne. Pour autant, le traitement de l'infertilité demeure un problème sensible sur les plans religieux et social.

Après avoir attendu dix ans pour avoir un deuxième enfant, Mohammad et son épouse ont décidé de tenter une fécondation in vitro. Mais le plus grand souci de Mohammad est que sa famille puisse un jour le découvrir.

"Certaines personnes refusent une fécondation avec le sperme d'un autre homme car plus tard la famille pourrait dire que le sperme vient d'un étranger et refuser ainsi l'héritage à l'enfant".

Cette fois, c'est pourtant bien le propre sperme de Mohammad qui est utilisé -avec l'ovule d'une autre femme-, mais le couple craint toujours que sa famille ne le croie pas.

Un des cousins de Mohammad a vécu une telle épreuve. Né par fécondation in vitro, il a eu des problèmes d'héritage car ses proches le considéraient comme un étranger.

-Un couple sur cinq-

En Iran, les dignitaires religieux ont donné des instructions pour faciliter la fécondation artificielle tout en interdisant l'insémination du sperme autre que celui de son époux directement dans l'utérus d'une femme.

En revanche, l'utilisation des ovules d'une autre femme est moins controversée, même si un "mariage temporaire (sigeh)" est recommandé entre l'homme et la femme qui fait don de ses ovules, pour la durée de l'opération.

Pour ajouter à la confusion, d'autres religieux estiment qu'un ovule fécondé dans un laboratoire -même avec le sperme d'un tiers- est considéré comme ayant sa propre identité et peut donc être introduit dans l'utérus.

D'après une étude iranienne datant de 2012, un couple iranien sur cinq a des difficultés à avoir un enfant après un an de tentatives, un taux 5 à 8% plus élevé que la moyenne dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Et environ 3 millions de couples sont, de fait, incapables d'avoir un enfant.

"L'infertilité masculine a augmenté fortement", a dit à l'AFP Mohammad Mehdi Akhoundi, qui dirige la clinique Avicenne ainsi que la Société iranienne de l'embryologie et de la reproduction biologique.

"Depuis 25 ans que nous traitons les problèmes d'infertilité, la qualité des spermes des Iraniens a considérablement diminué et nous avons également observé des ménopauses beaucoup plus précoces", a ajouté M. Akhoundi, qui avait réalisé l'étude pour l'OMS en 2012.

-Pollution et fast-food-

Des responsables de deux autres cliniques à Téhéran confirment une importante augmentation de l'infertilité.

"Nous n'avons pas de chiffres précis, mais nous avons noté une multiplication de cas d'infertilité parmi les hommes et les femmes", dit ainsi le directeur de la section in vitro dans un hôpital privé, en préférant garder l'anonymat.

Tous ces responsables mettent en cause en particulier la pollution de l'air, particulièrement à Téhéran, où l'index de la qualité de l'air peut dépasser les 200, alors que la norme considérée comme acceptable par l'OMS se situe entre 0 et 50.

Outre les usines polluantes, d'autres facteurs peuvent expliquer la situation, souligne le responsable de l'hôpital privé, comme le manque d'installations de traitements des eaux et une alimentation de mauvaise qualité.

Avec Afp

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