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Blocage "inadmissible" de la transition démocratique en Tunisie


Le Premier ministre tunisien Mehdi Jomaa (au centre) et le président de l'instance électorale (ISIE) Mohamed Chafik Sarsar (à gauche) surveillent les outils utilisés dans les bureaux de vote à Nabeul, le 25 octobre 2014.
Le Premier ministre tunisien Mehdi Jomaa (au centre) et le président de l'instance électorale (ISIE) Mohamed Chafik Sarsar (à gauche) surveillent les outils utilisés dans les bureaux de vote à Nabeul, le 25 octobre 2014.

Le président de l'Instance électorale (Isie) en Tunisie a dénoncé mardi le blocage "inadmissible" de la "marche vers la démocratie" dans ce pays, fustigeant notamment le retard dans la tenue des premières élections locales de l'après-révolution.

Considérée comme l'unique rescapée du Printemps arabe, "la Tunisie s'est démarquée (...) par sa réussite partielle de la transition et il est inadmissible de tronquer cette marche vers la démocratie", a dit Chafik Sarsar dans un entretien au quotidien La Presse.

"Tout est bloqué. (...) Nous avons loupé un rendez-vous avec l'histoire", a-t-il ajouté, en référence notamment aux difficultés dans la mise en place effective de deux nouvelles institutions -la Cour constitutionnelle et le Conseil supérieur de la magistrature- prévues par cette transition.

Mais le président de l'Isie s'est également montré très critique face au retard pris par le Parlement dans l'adoption de la loi électorale, un préalable à la tenue des premiers scrutins municipaux et régionaux depuis la révolution de 2011.

"Je l'ai déjà dit, ce sont les intérêts partisans tout simplement qui font que nous avons ce retard", a-t-il déploré.

Président du groupe de réfléxion Joussour, Khayam Turki explique cet immobilisme par le fort enjeu des scrutins.

"Avec les municipales, ce sont 8.700 élus, un véritable maillage démocratique," et il y a l'idée (parmi certaines formations) que si le parti d'en face gagne, on est fichus", a-t-il affirmé à l'AFP, qualifiant leur report incessant de "grande fragilité démocratique actuelle du pays".

Plus de six ans après la chute de la dictature de Zine el Abidine Ben Ali, ces élections sont attendues "avec impatience" par les citoyens, a de son côté déclaré à La Presse Chafik Sarsar.

Protestations sociales à Sidi Bouzid

Tout en exhortant à "être optimiste mais très actif", il a rappelé que son instance avait besoin de "huit mois à partir de la publication de la loi" pour organiser de tels scrutins.

S'ils n'interviennent qu'en 2018, ils seront immédiatement suivis en 2019 par la présidentielle, et un tel "rapprochement n'est pas (...) conseillé", a-t-il plaidé, notant le risque d'un "essoufflement" des électeurs.

La transition démocratique en Tunisie a été saluée comme une réussite après l'adoption en 2014 d'une nouvelle Constitution et la tenue d'élections législatives et présidentielle libres.

Les municipalités, en revanche, sont toujours gérées par de simples "délégations spéciales", en charge des affaires courantes, ce qui impacte la vie des Tunisiens (infrastructures défaillantes, ramassage déficient des ordures etc...).

Ces difficultés quotidiennes s'ajoutent à la morosité économique, marquée par une croissance faible et la persistance d'un chômage massif, surtout chez les jeunes.

Mardi matin, des incidents ont éclaté à Sidi Bouzid, berceau de la révolution après qu'une quarantaine de diplômés au chômage eurent pénétré de force dans les locaux du gouvernorat.

Venus de Meknassi, à une cinquantaine de km, ils ont réclamé la concrétisation de promesses d'embauches par les autorités, selon un correspondant de l'AFP.

Les forces de l'ordre sont intervenues et une dizaine de protestataires ont été brièvement détenus. Le calme était revenu à la mi-journée.

Il y a tout juste un an, la Tunisie a connu sa pire contestation sociale -entraînant l'instauration d'un couvre-feu national- après la mort d'un jeune lors d'une manifestation pour l'emploi à Kasserine, qui se trouve comme Sidi Bouzid dans le centre défavorisé du pays.

Avec AFP

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