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Législatives en Birmanie : le parti d’Aung San Suu Kyi revendique une victoire écrasante


Aung San Suu Kyi fait un disours dans le QG de son parti à Rangoun, le 9 novembre 2015.
Aung San Suu Kyi fait un disours dans le QG de son parti à Rangoun, le 9 novembre 2015.

De premiers résultats officiels prédisent la victoire de la Ligue nationale pour la démocratie, qui a remporté 15 des 16 premiers sièges de députés. Les résultats définitifs pourraient prendre des jours.

Le parti de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi a revendiqué, lundi 9 novembre, une victoire écrasante aux élections de la veille, confirmée par de premiers résultats officiels ouvrant la voie à un basculement historique.

La Ligue nationale pour la démocratie (LND) a remporté 15 des 16 premiers sièges de députés annoncés lundi par la commission électorale, qui s'est lancée dans une long égrenage des résultats, incluant pêle-mêle chambre haute et basse du Parlement national, et assemblées régionales.

Cela pourrait prendre des heures. Et les résultats définitifs des jours.

Emue et festive, une foule ayant revêtu des T-shirts rouges affirmant "Nous devons gagner" ou "Voter pour le changement" s'est réunie devant le siège de la LND, dans l'attente de l'apparition d'Aung San Suu Kyi.

"Je pense que le peuple a déjà une idée des résultats même si je ne dis rien", avait déclaré Aung San Suu Kyi dans la matinée lors d'une brève apparition au balcon des locaux de son parti, recouvert d'une immense affiche rouge la représentant sous la figure tutélaire de son père, le général Aung San, architecte de l'indépendance de l'ancienne colonie britannique, assassiné alors que Suu Kyi était enfant.

Arrivée aux marches du pouvoir après des décennies de dissidence (dont plus de 15 ans en résidence surveillée), la "Dame" d'aujourd'hui 70 ans a joué la prudence jusqu'ici, dans l'attente de résultats complets. Les premières circonscriptions tombées sont en effet dans la région de Rangoun, traditionnellement pro-LND.

La LND dit remporter 70 % des sièges, chiffre non confirmé

Le parti au pouvoir, l'USDP, créé par d'ex-généraux pour assurer la transition, a reconnu de premiers revers : le président de la chambre basse du Parlement, Shwe Mann, s'est incliné face au candidat de la LND dans la région de Phyuu, dans le centre du pays. Le président du parti, Htay Oo, et plusieurs poids lourds du parti se sont fait balayer.

Mais la LND affirme avoir remporté au niveau national plus de 70 % des sièges, ce qui permettrait à Aung San Suu Kyi d'avoir une majorité absolue malgré la présence d'un quart de députés militaires, non favorables à la LND.​ Un chiffre impossible à confirmer de source indépendante.

Après des décennies de junte militaire, puis de domination de ses héritiers depuis les réformes lancées en 2011, cela consisterait une révolution complète et inédite pour la scène politique birmane.

Si les ex-généraux s'affichent comme des réformateurs et promettent de respecter le verdict des urnes, les signes de crispation se sont multipliés, avec en amont du vote des arrestations de dirigeants étudiants, des centaines de milliers de musulmans privés de droit de vote, un vote anticipé obscur et le scrutin annulé dans des régions en proie à des conflits armés ethniques.

"Si ces élections sont un important pas en avant, elles sont loin d'être parfaites", a commenté le secrétaire d'Etat américain John Kerry, disant Washington attentif au décompte des voix en cours.

L'enjeu : l'élection du président par le Parlement en 2016

La LND de Suu Kyi a besoin de remporter quelque 330 sièges dans les deux chambres (soit 67 % d'après ses calculs) pour avoir la majorité.

L'enjeu derrière les législatives est l'élection par le Parlement du chef de l'Etat début 2016.

Si la LND obtient la majorité au sein des deux chambres, elle pourra décider qui sera le prochain président. Aung San Suu Kyi sait d'ores et déjà qu'elle ne peut occuper cette fonction, la Constitution interdisant l'accès à la fonction suprême à quiconque a des enfants de nationalité étrangère.

Mais elle a déjà prévenu les tenants du système, encore largement contrôlé par d'anciens militaires malgré les réformes menées depuis quatre ans, qu'elle serait "au-dessus du président".

Avec AFP

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