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Accrochage meurtrier entre rebelles et armée près de Bujumbura


Des soldats burundais à Cibitoke, un district de Bujumbura, Burundi, 7 mai 2015.
Des soldats burundais à Cibitoke, un district de Bujumbura, Burundi, 7 mai 2015.

Un accrochage de plusieurs heures a opposé vendredi soir un groupe rebelle à l'armée burundaise, à environ 15 km au nord de la capitale Bujumbura, et s'est poursuivi samedi matin, les deux camps faisant état de bilans contradictoires.

D'après le porte-parole de la police burundaise Pierre Nkurikiye, au moins quatre "bandits armés" - la terminologie officielle pour désigner des rebelles - ont péri samedi matin dans ces affrontements. De son côté, le président en exil de cette aile dissidente des Forces nationales de libération (FNL), Isidore Nibizi, a affirmé que sept soldats burundais et un rebelle avaient été tués.

Aucune source indépendante n'était en mesure de confirmer ou d'infirmer ces bilans. Plusieurs sources locales avaient rapporté vendredi soir sur les réseaux sociaux de violents échanges de tirs ponctués d'explosions dans ce secteur.

D'après M. Nkurikiye, le groupe de "bandits armés" a pillé vendredi soir trois boutiques de Gihanga, dans la province de Bubanza (nord-ouest), et enlevé quatre personnes, dont deux ont finalement pu s'échapper.

"Quatre bandits" ont été tués samedi matin dans des affrontements avec les forces de l'ordre dans les marais voisins de la région Rukoko où ils s'étaient repliés, a-t-il ajouté. "Pas de citoyen mort ou de vache volée", a-t-il précisé.

Mais le responsable en exil de l'aile dissidente des FNL a contesté cette version: "Je viens de parler avec nos combattants FNL qui sont sur le terrain, ils m'ont assuré que sept soldats de la FDNB (Force de Défense nationale du Burundi - armée) ont été tués lorsqu'ils sont tombés dans une embuscade tendue par nos combattants à Gihanga".

L'armée a ensuite reçu des renforts et "les affrontements se sont poursuivis (samedi matin) et un de nos combattants a (alors) été tué alors qu'ils se repliaient vers leur base de la Rukoko", a poursuivi Isidore Nibizi, ajoutant que ces combats "ont duré plusieurs heures".

Selon des témoignages recueillis par l'AFP, un civil a également été blessé, et la police a procédé à l'arrestation de plusieurs civils, soupçonnés d'être complices des assaillants.

"Hier soir, ces rebelles ont pillé de l'argent, des sacs de haricots et de riz, puis ils ont obligé les boutiquiers comme ils le font à chaque fois à transporter leur butin jusque dans la Rukoko", a expliqué à l'AFP un témoin qui a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité.

La commune de Gihanga est en proie depuis plusieurs mois à une insécurité croissante (enlèvements de personnes et demandes de rançon, embuscades contre de nombreux véhicules, attaques armées, pillages et vol de bétail) due essentiellement aux raids de cette aile dissidente des FNL.

Cette faction est dirigée sur le terrain par le général Aloys Nzabampema. Le chef des FNL, Agathon Rwasa, est, lui, devenu premier vice-président de l'Assemblée nationale burundaise.

Le groupe de Nzabampema lance régulièrement des attaques pour son ravitaillement, volant des vaches et des denrées alimentaires avant de se replier dans les marais de Rukoko, puis dans le nord d'Uvira, dans l'extrême est de la République démocratique du Congo voisine, leur base de repli.

Un berger avait été tué et un autre blessé jeudi au cours d'une attaque dans le même secteur.

L'armée burundaise ne parvient pas depuis des années à venir à bout de cette branche des FNL (quelques centaines d'hommes), bien implantée dans cette zone malgré l'engagement de centaines de soldats au Burundi et jusqu'en RDC.

Le Burundi traverse une grave crise politique émaillée de violences depuis bientôt deux ans, née de la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un 3e mandat considéré comme illégal par l'opposition, la société civile et une partie de son camp.

Ces violences ont déjà fait de 500 morts à 2.000 victimes, selon les sources (ONU et ONG), des centaines de cas de disparition forcée et de torture, et ont poussé à l'exil plus de 400.000 Burundais.

Avec AFP

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