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Au moins 10 morts dans des attaques de bandes armées dans le nord du Nigeria


Des militaires nigérians dans l'Etat de Zamfara (Archives)
Des militaires nigérians dans l'Etat de Zamfara (Archives)

Au moins 15 personnes ont été tuées dans des attaques de villages dans le Nord et le centre du Nigeria, en proie à la violences de bandes armées, ont déclaré jeudi la police et des sources locales.

Les violences qui se multiplient au Nigeria affaiblissent le président Muhammadu Buhari, qui avait promis lors de son élection en 2015 de rétablir la sécurité, et qui cherche à obtenir un deuxième mandat lors de la présidentielle prévue en février 2019.

La sécurité a été renforcée dans les Etats du Nord et du centre du pays, à l'approche de la fin du ramadan, marquée dans le passé par des attaques sanglantes du groupe jihadiste Boko Haram.

Dans l'Etat de Benue (centre), quatre personnes, dont deux frères, ont été tués mardi et une cinquième mercredi, selon un responsable local, Richard Nyajo, qui a accusé des éleveurs d'être responsables de ces attaques.

La "ceinture centrale" du Nigeria, point de rencontre entre un Nord majoritairement musulman et un Sud principalement chrétien, est secouée depuis des décennies par des affrontements entre agriculteurs dits "autochtones" essentiellement de confession chrétienne, et éleveurs peuls nomades, majoritairement musulmans.

>> Lire aussi : Une trentaine de personnes kidnappées dans le nord au Nigeria

Mais ce conflit pour la terre et l'eau, aggravé par l'explosion démographique dans le pays le plus peuplé d'Afrique (180 millions d'habitants), a pris ces derniers mois une tournure identitaire et religieuse entre deux communautés devenues irréconciliables.

Les éleveurs peuls sont accusés d'être responsables de la mort de quelque 1.000 personnes cette année, selon une organisation américaine spécialisée dans les conflits armés intitulée Armed Conflict Location and Event Data Project.

Des hommes politiques ont accusé Muhammadu Buhari, lui-même peul musulman, d'avoir tardé à condamner les violences.

Mercredi, de présumés voleurs de bétail ont attaqué quatre villages du district Birnin Magaji, dans l'Etat de Zamfara, apparemment en représailles au meurtre d'un des leurs par des milices locales.

Selon le porte-parole de la police de l'Etat de Zamfara, Mohammed Shehu, "10 personnes ont été tuées par les bandits", qui ont tiré indistinctement sur la population.

"D'après nos informations, les assaillants se sont enfuis dans la forêt de Rugu dans l'Etat voisin de Katsina", a déclaré Shehu.

Deux habitants ont confirmé ces attaques, faisant toutefois état d'un bilan plus lourd de 26 personnes tuées.

"Nous avons perdu 26 personnes dans les attaques contre (les villages de) Dutsin Wake, Oho, Badambaji et Kabingiro", a déclaré un habitant de Dutsin Wake, Dantani Bube.

Selon un autre habitant joint par téléphone, Lawwali Maishanu, 17 personnes ont été tuées à Dutsen Wake, sept à Oho, une à Badambaji et une à Kabingiro.

Ces attaques faisaient suite au meurtre d'un "bandit" présumé par des miliciens locaux sur un marché local quelques jours plus tôt.

"Les miliciens ont reconnu un membre des bandes armées qui terrorisent les communautés de la région et lui ont tranché la gorge", a déclaré M. Maishanu, affirmant que les bandits étaient depuis lors à la poursuite des miliciens, dont ils ont attaqué les villages.

Le 2 juin, des voleurs de bétail avaient tué 23 personnes dans le village voisin de Zanoka, après une première attaque repoussée par des miliciens.

Les enlèvements contre rançon et les vols de bétail à grande échelle sont devenus courants dans les communautés rurales de l'Etat de Zamfara, où l'essentiel de la population, majoritairement musulmane, vit de l'élevage, de la chasse et de l'agriculture dans une grande pauvreté.

Depuis plusieurs années, des membres des communautés rurales se sont organisées en milices civiles d'autodéfense, mais eux-mêmes sont accusés de se livrer à de nombreuses exactions par vengeance, donnant lieu à des affrontements sanglants avec les bandits.

Ce cycle de violences criminelles s'ajoute aux troubles sécuritaires dus au conflit sanglant entre éleveurs nomades musulmans et agriculteurs sédentaires chrétiens qui augmentent depuis le début de l'année dans la ceinture fertile du Nigeria (de l'Etat de Kaduna à l'Etat de l'Adamawa).

Avec AFP

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