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Au Liberia, près de 14 ans de guerre civile, 250.000 morts et zéro procès


L'ancien président libérien Charles Taylor lors de son procès devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone à Leidschendam, le 8 février 2011.
L'ancien président libérien Charles Taylor lors de son procès devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone à Leidschendam, le 8 février 2011.

La guerre civile au Liberia, avec 250.000 morts de 1989 à 2003, est l'un des conflits les plus atroces du continent africain, pendant lequel un Sierra-Léonais jugé à partir de mercredi en Finlande est accusé d'avoir commis de graves exactions.

Ce conflit a été marqué par des massacres perpétrés par des combattants souvent drogués, des mutilations, des viols utilisés comme arme de guerre, des actes de cannibalisme et le recrutement forcé d'enfants soldats.

Presque 14 ans de guerre civile

En décembre 1989, le Front national patriotique du Liberia (NPFL) du chef rebelle Charles Taylor déclenche une guerre civile pour renverser le président Samuel Doe, qui avait installé un régime fonctionnant par la terreur, la corruption et alimentant les haines ethniques.

Charles Taylor s'empare rapidement de la quasi-totalité du territoire. En 1990, une force ouest-africaine empêche la prise de la capitale Monrovia. En 1997, après un accord de paix, Charles Taylor est élu président du Liberia.

En 1999, une nouvelle rébellion des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (Lurd) éclate au Nord, puis progresse vers Monrovia, soutenue par plusieurs pays voisins. La guerre s'achève par trois mois de siège de la capitale (juin-août 2003). Charles Taylor est contraint de quitter le pouvoir le 11 août 2003.

Les journaux sierra-léonais annoncent que l'ancien président libérien Charles Taylor a été inculpé de crimes par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, le 31 mars 2006 à Freetown.
Les journaux sierra-léonais annoncent que l'ancien président libérien Charles Taylor a été inculpé de crimes par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, le 31 mars 2006 à Freetown.

Un "accord général de paix" est signé, après plus de 13 ans de guerre civile quasi ininterrompue qui ont fait 250.000 morts et des centaines de milliers de déplacés.

Pas de procès au Liberia

Jusqu'à présent, personne n'a été poursuivi ni condamné au Liberia pour les crimes commis pendant la guerre civile. De nombreuses personnalités impliquées dans le conflit occupent toujours des postes économiques et politiques importants.

Les recommandations de la Commission vérité et réconciliation (TRC) en 2009 sont restées largement lettre morte, notamment au nom du maintien de la paix, certains des chefs de guerre incriminés étant considérés comme des "héros" par leurs communautés.

Taylor condamné pour la Sierra Leone

Charles Taylor, qui n'a pas été inquiété pour les atrocités commises au Liberia, a en revanche été condamné en 2012 pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre perpétrés en Sierra Leone voisine. Sa condamnation à 50 ans de prison a été confirmée en 2013, peine qu'il purge en Grande-Bretagne.

Poursuites à l'étranger

Quelques cas de poursuites existent à l'étranger.

En 2009 "Chuckie" Taylor, fils de Charles Taylor, a été condamné aux Etats-Unis à 97 ans de prison pour tortures et assassinats commis au Liberia entre 1999 et 2003.

Le trafiquant d'armes néerlandais Guus Kouwenhoven a lui été condamné en 2017 par contumace dans son pays à 19 ans de prison pour trafic d'armes et complicité de crimes de guerre en Guinée et au Liberia.

Mohammed Jabateh, ancien chef de guerre libérien, a été condamné en avril 2018 à trente ans de prison aux Etats-Unis pour avoir caché son passé violent aux autorités américaines lors de sa demande d'asile en 1998, puis pour sa demande de résidence permanente.

En décembre 2020 a débuté en Suisse le procès de l'ex-commandant rebelle Alieu Kosiah. Un autre ex-commandant rebelle libérien, Kunti K., accusé d'actes de torture, a été renvoyé devant les assises en France.

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