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Une directrice d'un journal algérien "asphyxié" par l'Etat cesse sa grève de la faim


Omar Belhouchet, directeur de l'agence de presse el-Watan, aux côtés de la journaliste algérienne Hadda Hazem, propriétaire du journal local El Fadjr, alors que des gens se rassemblent pour lui manifester leur soutien le 20 novembre 2017.
Omar Belhouchet, directeur de l'agence de presse el-Watan, aux côtés de la journaliste algérienne Hadda Hazem, propriétaire du journal local El Fadjr, alors que des gens se rassemblent pour lui manifester leur soutien le 20 novembre 2017.

La directrice d'un quotidien algérien a mis fin lundi à Alger à une semaine de grève de la faim lancée pour protester contre les "pressions" financières de l'Etat sur son journal, privé, selon elle de publicité institutionnelle pour des raisons politiques.

"J'ai pris cette décision sur les recommandations de mes médecins. Mon corps ne supporte plus", a déclaré Hadda Hazem, directrice du quotidien arabophone El Fadjr, à l'issue d'un rassemblement de soutien.

Une centaine de journalistes, parlementaires et militants d'opposition s'étaient réunis devant le siège de son journal à l'appel d'un comité de soutien.

Ils ont réclamé la levée du monopole de l'organisme chargé de gérer la publicité des administrations et entreprises publiques, scandant: "Non au chantage par la publicité!".

L'Etat est le plus gros annonceur en Algérie où la publicité des administrations et entreprises publiques est confiée par la loi exclusivement à l'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep).

Mme Hazem affirme que l'Anep a privé son journal de publicité en représailles à des propos critiques envers le président algérien Abdelaziz Bouteflika, qu'elle a tenus en août sur la chaîne de télévision française France 24.

Elle dénonce "une sanction" qui a provoqué "l'asphyxie financière" de sa publication, contrainte, dit-elle, d'emprunter auprès des banques pour payer les salaires de ses journalistes.

L'Anep est régulièrement accusée d'être un instrument politique, de choisir les supports à qui elle achète des encarts non en fonction de leur audience ou tirage mais de leur ligne éditoriale vis-à-vis des autorités et de "punir" les voix dissidentes en les privant de publicité.

Le comité de soutien à Mme Hazem a demandé "la levée du monopole sur la publicité publique qui combiné à la pression sur les annonceurs privés permet au pouvoir politique de mettre au pas et d'étouffer les médias".

Ce comité avait demandé en vain à être reçu dimanche par le ministre de la Communication Djamel Kaouane, qui était le PDG de l'Anep jusqu'à sa nomination au gouvernement en mai.

Ce dernier a répondu lundi aux accusations de Mme Hazem, affirmant que les encarts placés par l'Anep dans El Fadjr entre janvier et juillet 2017 avaient rapporté au journal environ 40 millions de dinars (environ 300.000 euros) et près de 760 millions de dinars (5,6 millions d'euros) depuis huit ans.

Mme Hazem, "affaiblie" par sa grève de la faim, n'était pas en mesure de commenter ces affirmations dans l'immédiat, a indiqué son comité de soutien à l'AFP.

Avec AFP

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