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Alfred Yekatom, ex-chef de milice centrafricain, transféré à la CPI


Arrestation du député Alfred Yekatom, alias "Rambo", après des tirs dans le parlement à Bangui le 29 octobre 2018.
Arrestation du député Alfred Yekatom, alias "Rambo", après des tirs dans le parlement à Bangui le 29 octobre 2018.

Un ex-chef de milice centrafricain a été remis samedi à la Cour pénale internationale de La Haye, a annoncé l'institution, une première dans ce pays ravagé par des violences meurtrières depuis 2012.

L'avion transportant Alfred Yekatom, député centrafricain et ex-chef de milices antibalaka, autoproclamées d'autodéfense, a quitté Bangui en début d'après-midi.

C'est le premier transfèrement vers la CPI depuis l'ouverture de l'enquête sur la Centrafrique en septembre 2014 sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité qui y auraient été commis à partir de 2012.

En 2015, M. Yekatom, également connu sous le nom de colonel Rombhot, ou parfois "Rambo", avait été placé sous sanctions de l'ONU et du Trésor américain.

Le Trésor le soupçonnait d'avoir mené des campagnes d'exactions contre des populations musulmanes, d'avoir tué des civils à Mbaiki (sud) et utilisé 153 enfants comme combattants.

Ancien caporal-chef de l'armée centrafricaine, M. Yekatom avait été élu en 2016 député à l'Assemblée nationale. Il a été arrêté fin octobre après avoir tiré dans l'hémicyle.

Samedi, il a été remis à la CPI "pour sa responsabilité pénale présumée de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité" commis entre décembre 2013 et août 2014, selon un communiqué de l'institution.

Alfred Yekatom, 43 ans, "aurait commandé un groupe d'environ 3.000" combattants antibalaka, selon la CPI.

Il pourrait être responsable, en tant que chef militaire, de "meurtre", "torture et traitements inhumains", de "mutilations", d'"attaques intentionnelles contre la population civile" et contre "des bâtiments consacrés à la religion".

La Cour pénale internationale a de même "trouvé des motifs raisonnables de croire" que M. Yekatom aurait lui-même "commis ou ordonné, sollicité, encouragé et facilité" les crimes indiqués.

Ces crimes auraient été commis à Bangui et dans la préfecture de la Lobaye (sud), selon la CPI.

"C'est un message fort pour les leaders des groupes armés. Ceux qui pensent s'arroger une amnistie à la table des négociations font fausse route", a réagi Pierre Brunisso, de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) à Bangui.

Son audience de comparution aura lieu "dans un délai raisonnable après son arrivée à La Haye", selon la CPI.

- Eglise et camp de déplacés brûlés -

Depuis 2012 et le début de l'offensive qui a abouti à la prise de Bangui par l'ex-coalition de la Séléka, la Centrafrique est le théâtre de violences meurtrières quotidiennes qui ont forcé un quart des 4,5 millions d'habitants à fuir leur domicile.

Une mission onusienne de maintien de la paix, la Minusca, est déployée depuis 2014 et, prenant la suite d'une intervention militaire française, tente de préserver les civils des violences.

Vendredi soir à 21H00 (20H00 GMT), une base avancée de l'ONU dans l'ouest du pays a été attaquée par des hommes armés. Un Casque bleu de Tanzanie, blessé lors des combats, a succombé à ses blessures, selon un communiqué de l'ONU.

Si l'identité des assaillants n'est pas connue, le groupe armé Siriri est présent dans la zone.

Ce groupe, créé en 2018, est constitué en majorité d'éleveurs peuls, prétendant lutter contre les vols de bétail. Un Casque bleu avait déjà été tué en juin dans la région.

Cette nouvelle attaque porte à six le nombre de Casques bleus tués en République centrafricaine cette année.

Vendredi soir à Bangui, une explosion a été entendue dans le quartier qui abrite la majorité des musulmans de la capitale, le PK5, au niveau de la maison d'un chef de milice.

Selon plusieurs sources concordantes, l'explosion a été causée par un drone, sans qu'il soit possible de vérifier cette information.

Jeudi, au moins une quarantaine de personnes dont deux prêtres ont été tuées dans des combats à Alindao, dans le centre du pays.

Un rapport interne de l'ONU faisait état vendredi soir de 37 morts. D'autres chiffres plus élevés ont été avancés mais n'ont pas pu être confirmés samedi.

Ces combats ont opposé des milices antibalaka à des combattants du groupe armé Union pour la paix en Centrafrique (UPC).

L'Eglise catholique, le couvent et le camp de déplacés de la ville ont été brûlés; 20.000 personnes ont été déplacées, selon l'ONU.

Alindao a longtemps été la principale base de l'UPC, un groupe armé dirigé par Ali Darassa, un des principaux groupes de l'ex-Séléka.

En mai 2017, des combats entre antibalaka et UPC avaient fait une centaine de morts dans cette ville charnière du centre de la Centrafrique, sur la principale route menant au sud-est du pays.

Avec AFP

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