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Un raid de l'Otan tue 30 civils selon les autorités afghanes


Un Afghan tient le corps d'un enfant tué lors des affrontements entre les talibans et les forces de sécurité afghanes soutenues par les États-Unis dans la province de Kunduz, dans le nord de l'Afghanistan, le 3 novembre 2016.
Un Afghan tient le corps d'un enfant tué lors des affrontements entre les talibans et les forces de sécurité afghanes soutenues par les États-Unis dans la province de Kunduz, dans le nord de l'Afghanistan, le 3 novembre 2016.

Au moins 30 civils ont péri selon des responsables afghans dans une frappe aérienne menée par l'Otan dans la province volatile de Kunduz, où une attaque talibane a coûté la vie à deux soldats américains.

Des manifestations empreintes d'émotion ont éclaté à Kunduz après le raid. Des dizaines de proches des victimes se sont rassemblés devant les bureaux du gouverneur, transportant des corps d'enfants tués.

"J'ai le coeur brisé. J'ai perdu sept membres de ma famille. Je veux savoir, pourquoi ces enfants innocents ont été tués. Étaient-ils des talibans?", a lancé Taza Gul, un travailleur manuel de 55 ans.

"Les forces afghanes et les troupes de la coalition ont conduit une opération conjointe contre les insurgés talibans", a indiqué à l'AFP Mahmood Danish, porte-parole de l'exécutif de cette province du nord afghan. "Dans le bombardement, 30 civils afghans ont péri, et 25 autres ont été blessés".

Un porte-parole de la police, Mahmoodullah Akbari, a confirmé le bilan, ajoutant qu'il y avait plusieurs enfants, dont un nourrisson de trois mois, parmi les morts.

"Ils dormaient lorsque leur maison a été attaquée par les troupes de la coalition", a-t-il déclaré.

Dans un bref communiqué sur Twitter, l'opération de l'Otan en Afghanistan, Resolute support (RS), a confirmé avoir mené des frappes aérienne à Kunduz "pour défendre des forces alliées sous le feu", précisant qu'il y aurait une enquête sur les allégations de victimes civiles.

Le raid a eu lieu dans la périphérie de la ville de Kunduz aux premières heures de jeudi. Il fait suite à des combats dans lesquels deux soldats américains et trois membres des forces spéciales afghanes ont été tués au cours d'une opération anti-talibans, également dans le district de Kunduz.

Il était difficile dans l'immédiat d'établir clairement le lien entre les deux événements, qui mettent en évidence l'insécurité grandissante après que les talibans ont tenté de conquérir la capitale provinciale le mois dernier pour la deuxième fois en un an.

Les soldats tués ont été pris sous le feu pendant qu'ils aidaient les troupes afghanes à "dégager une position des talibans dans le district de Kunduz", a indiqué l'Otan en Afghanistan.

"Cette perte nous brise le coeur", a écrit le général John Nicholson, qui commande les forces américaines et l'ensemble de l'opération de l'Otan en Afghanistan, adressant ses condoléances aux familles et amis des victimes.

Ces décès interviennent à quelques jours de l'élection présidentielle américaine.

Hillary Clinton ou Donald Trump vont avoir à gérer le plus long conflit jamais mené par les Etats-Unis, sans issue en vue, une question pourtant très peu évoquée lors de la campagne.

Depuis le retrait de la majorité des forces occidentales fin 2014, l'opération Resolute Support compte 12.000 hommes, dont près de 10.000 Américains, chargés de former, conseiller et assister leurs pairs afghans.

Depuis l'extension de leur mandat en juin par le président Barack Obama, les troupes américaines mènent notamment des frappes aériennes pour protéger leurs alliés afghans ou barrer l'avancée des insurgés islamistes.

Si l'Otan publie régulièrement des communiqués enthousiastes sur les progrès des troupes afghanes, au premier rang face aux insurgés depuis la fin de la mission de combat de l'Otan il y a quasiment deux ans, celles-ci enregistrent des pertes colossales.

En 2015, leur première année aux commandes face aux rebelles islamistes, les forces afghanes ont perdu environ 5.000 hommes. En 2016, alors que la saison des combats n'est pas encore terminée, les pertes sont encore plus inquiétantes: 5.523 tués entre le 1er janvier et le 19 août, selon l'inspecteur général pour la reconstruction de l'Afghanistan (Sigar), un organisme américain.

En comparaison, depuis l'invasion menée par les Etats-Unis en Afghanistan en 2001, 2.000 soldats américains ont péri au combat.

Les talibans, qui ont lancé plusieurs offensives à travers le pays, semblent avoir comme objectif stratégique de s'emparer d'une capitale provinciale en 2016, comme ils l'avaient brièvement fait à Kunduz à l'automne 2015, un coup dur pour les forces afghanes.

Avec AFP

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