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L'engouement des Togolais pour s'inscrire sur les listes électorales


Depuis lundi, de longues files se forment chaque jour dans les centres de délivrance de cartes d’électeurs de Lomé
Depuis lundi, de longues files se forment chaque jour dans les centres de délivrance de cartes d’électeurs de Lomé

Démarré samedi, le recensement des électeurs suscite un véritable engouement au Togo. Aucune date n'a encore été annoncée pour la tenue de ces élections législatives et locales, mais elles se tiendront cette année, avait affirmé le président Gnassingbé le 31 décembre.

Cela fait trois jours que Sarah Sidibé essaye de s'inscrire sur les listes électorales au Togo, en vue des prochaines élections législatives et locales qui doivent se tenir d'ici la fin de l'année. Mais entre les papiers manquants, les machines en panne, mais surtout l'affluence, la jeune femme de 22 ans trouve le processus bien lent.

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Pourtant, pas question d'abandonner: "C’est la première fois que je veux voter et je tiens à prendre ma carte d’électeur", insiste cette étudiante en cuisine. "Je veux que les choses changent dans ce pays. Ici, la misère est ambiante".

Lancé samedi dans une première zone du Togo, dont la capitale Lomé, le recensement des électeurs suscite un véritable engouement. Aucune date n'a encore été annoncée pour la tenue de ces élections législatives et locales, mais elles se tiendront cette année, avait affirmé le président togolais Faure Gnassingbé le 31 décembre.

Les principaux partis politiques de l’opposition avaient boycotté les législatives de 2018 et le recensement électoral, dénonçant des "irrégularités". Mais cette fois-ci, les leaders de ces partis sont mobilisés depuis plusieurs mois et demandent à leurs partisans à aller "massivement" s'inscrire sur les listes électorales.

Leur appel semble avoir été suivi, car depuis lundi, de longues files se forment chaque jour dans plusieurs centres de délivrance de cartes d’électeurs de Lomé.

Comme devant l’École primaire publique Bè-Aklassouoù, où Evariste Toganou, 38 ans, employé dans un supermarché, s’impatiente. "Je prendrai ma carte d’électeur quelles que soient les tracasseries. Car cette fois-ci, je dois voter", dit cet homme qui n'avait pas déposé de bulletin dans l'urne lors des législatives de 2018, ayant suivi les consignes de boycott de l'opposition. "La 'vraie opposition' doit retrouver sa place à l’Assemblée nationale pour bien contrôler ceux qui nous dirigent", lance-t-il.

"Cacophonie"

En 2018, le parti du président Faure Gnassingbé avait obtenu une majorité de 59 sièges sur les 91 de l'Assemblée nationale, les leaders de la principale coalition des 14 partis politiques de l'opposition (C-14) n'avaient pas présenté de candidats. Car après plus d'un an de grave crise politique, et des dizaines de marches de protestation, sévèrement réprimées, contre une réforme autorisant le président à se représenter en 2020 et 2025, les leaders de la principale coalition de l'opposition avaient décidé de boycotter le scrutin.

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Le président Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait dirigé le Togo d'une main de fer pendant 38 ans. Il a, depuis, été réélu lors de scrutins qui ont tous été contestés par l'opposition.

Dans le pays ouest-africain d'environ 8 millions d'habitants, classé parmi les plus pauvres au monde, et aujourd'hui en proie aux attaques de groupes jihadistes dans le nord de son territoire, l'envie de changement est grande.

A Lomé, les inscriptions sur les listes doivent prendre fin samedi, elles se dérouleront ensuite dans d'autres zones du pays jusqu'au 3 juin. Mais à la veille du dernier jour, nombreux étaient ceux qui n'avaient pas encore pu recevoir leur carte, et devant les centres, un agacement certain face aux problèmes logistiques commençait à se faire sentir.

"Les cartes sont finies et personne ne s’occupe de nous. C’est vraiment malheureux", lance une dame au milieu d’un groupe de jeunes surexcités assis devant le bureau de recensement du Lycée de Gbenyedzi-Kopé à Lomé. Ainsi, plusieurs leaders de l’opposition ont décrié le processus et appelé à une prolongation de la durée de l’opération.

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"La cacophonie observée atteste de la mauvaise préparation des opérations et de la volonté manifeste de limiter autant que possible, l’inscription des populations de cette zone sur les listes électorales", a accusé jeudi dans une déclaration publiée lors d’une conférence de presse, l’Alliance nationale pour le changement (ANC).

La Dynamique pour la majorité du peuple (DMP, regroupement de partis politiques de l'opposition et d'organisations de la société civile) a aussi demandé aux responsables de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de "prolonger de dix jours la période de recensement dans la zone 1".

Le président de la CENI Dago Yabré a fait le tour de certains centres de recensement mercredi à Lomé, mais n’a fait aucune promesse quant à la prorogation de l’opération. "La mobilisation est forte partout où nous sommes passés. La CENI avisera en toute indépendance de ce qu’il faut faire", avait-il déclaré à la presse.

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