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A la pré-COP27 de Kinshasa, le Sud s'est fait entendre comme prévu


Le Premier ministre congolais Jean-Michel Sama Lukonde lors de l'ouverture de la pré-COP27.
Le Premier ministre congolais Jean-Michel Sama Lukonde lors de l'ouverture de la pré-COP27.

Comme attendu, les pays du Sud ont plaidé leur cause et mis le monde industrialisé devant ses responsabilités durant les deux jours de la "pré-COP27" organisée à Kinshasa, à un mois du sommet sur le climat prévu en novembre en Egypte.

Une cérémonie de clôture est prévue mardi soir, après deux jours de discussions entre ministres et spécialistes de l'environnement d'une soixantaine de pays, qui ont travaillé sur les thèmes habituels des négociations sur le climat: adaptation, atténuation, finance, "pertes et préjudices". "Du point de vue de la diplomatie climatique, c'est un succès", a jugé un haut responsable congolais.

La ministre de l'Environnement de RDC, Eve Bazaïba, à la manœuvre depuis des semaines pour piloter cette "pré-COP" co-organisée avec l'Egypte, semblait satisfaite elle aussi en annonçant au 2e jour de réunion la formation prochaine d'un front commun des grands pays forestiers que sont la RD Congo, le Brésil et l'Indonésie.

Il s'agira pour eux de se présenter en force aux négociations sur le climat et la biodiversité, pour parler préservation du couvert forestier mais aussi de "l'accès aux finances climat" et du "prix de la tonne de carbone". Au cœur du Bassin du Congo, la RDC avait donné le ton dès l'ouverture de la pré-COP, avec des discours très fermes de Mme Bazaïba et du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde.

Comme nombre d'autres pays en développement, la RDC aura de plus en plus de mal à "opérer un choix" entre la lutte contre "l'extrême pauvreté" et "la lourde facture à payer pour l'adaptation au changement climatique", si les pays industrialisés ne lui offrent pas "d'alternatives technologiques et financières conséquentes". "Nous avons besoin d'oxygène, nous avons aussi besoin de pain", avait lancé Mme Bazaïba.

Le chef du gouvernement s'était quant à lui emporté contre ceux qui voudraient empêcher la RDC d'exploiter son pétrole, alors que des pays européens viennent de renouer avec des énergies polluantes pour compenser le déficit d'énergie provoqué par la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

"Urgence de l'action"

Le gouvernement congolais a lancé fin juillet des appels d'offre pour 30 blocs pétroliers et gaziers, s'attirant les critiques d'organisations de défense de l'environnement. Celles-ci font valoir que l'exploitation pétrolière dans les forêts et tourbières du Bassin du Congo risque de libérer de grandes quantités de carbone.

Devant la presse, l'envoyé spécial américain pour le climat John Kerry ne s'est pas opposé à l'exploitation du pétrole congolais, mais a déclaré que Washington avait demandé à Kinshasa de renoncer aux blocs situés dans des zones sensibles, forêts ou tourbières.

La veille déjà, John Kerry avait jugé possible de "trouver un équilibre entre la nécessité de protéger le Bassin du Congo et les exigences de développement et de création d'emplois". Il a précisé mardi qu'il comptait évoquer le sujet avec le président de RDC Félix Tshisekedi.

Les discours congolais d'ouverture des travaux ont été qualifiés de "virulents", voire "va-t-en guerre" par certains participants à la pré-COP. Mais cette réunion a été "très utile", a estimé, parmi d'autres, la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, interrogée par l'AFP.

"Je suis arrivée ici un peu inquiète, compte tenu des tensions géopolitiques" ou des "attentes et déceptions" depuis la COP26 de Glasgow, a-t-elle déclaré. "Je repars avec le sentiment que cet événement a permis de resserrer les positions, de redire l'urgence de l'action, de bien définir les chantiers sur lesquels on peut avancer", a-t-elle ajouté.

Le sujet des "pertes et dommages" (ou "préjudices") causés par le dérèglement du climat sera discuté à Charm-el-Cheikh, a poursuivi la ministre, "parce que c'est une question essentielle (...) qui concerne tous les pays" confrontés à des "dégâts irréversibles du changement climatique". Mais il faut être "pragmatique", "avoir des résultats" et "simplifier l'accès aux financements", plutôt selon elle que de "créer un énième fonds qui suscitera les mêmes réserves..."

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