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Les jeunes footballeurs sénégalais adeptes des pelouses synthétiques de Dakar


Le gazon synthétique est très prisé des fans sénégalais du ballon rond.
Le gazon synthétique est très prisé des fans sénégalais du ballon rond.

Au Sénégal, beaucoup de jeunes veulent pratiquer le foot sur des pelouses synthétiques, plus appréciées que les traditionnels terrains en sable. Ces cinq dernières années, des dizaines de terrains sur cette surface ont été construits à Dakar.

Jour de match à Dakar. Après deux semaines de discussions dans leur groupe WhatsApp nommé "Match of Ze day", Cheikh Thiam et ses amis ont enfin réussi à réunir les 35.000 francs CFA (53 euros), la somme requise pour réserver un mini terrain de foot synthétique.

Le montant a été difficile à obtenir pour ces quatorze passionnés du ballon rond, dont la plupart étudient encore ou sont sans travail. Chacun cotise selon ses moyens, 2.500 francs CFA (environ 4 euros) pour certains, 5.000 francs CFA (7,5 euros) pour d'autres. Mais jouer sur gazon synthétique en vaut la chandelle.

Au Sénégal, champion d'Afrique en titre, et pays de l'attaquant star du Bayern Munich Sadio Mané, beaucoup de jeunes veulent pratiquer leur sport favori sur des pelouses synthétiques, plus faciles à jouer selon eux que les traditionnels terrains en sable où ils ont l'habitude d'évoluer. Des dizaines de terrains sur cette surface ont été construits à Dakar ces cinq dernières années. Les jeunes Sénégalais s'y pressent. Une aubaine pour les entrepreneurs privés qui sont de plus en plus nombreux à se lancer dans cet investissement lucratif.

Cet engouement, Cheikh l'explique par "l’envie de découvrir" la matière – généralement importée de Chine. "Nombre d’entre nous ont grandi en jouant uniquement sur des terrains sablonneux", dit-il, son dossard orange trempé de sueur. Il est aussi dû à la rareté des espaces pour jouer au football, de plus en plus difficiles à trouver à Dakar en raison de la forte pression foncière et démographique.

Cris de joie, de contestation ou de reproches fusent du "Camp Nou", le mythique stade du FC Barcelone, qui prête son nom au terrain où Cheikh joue aujourd'hui avec ses amis. Ce terrain en matière synthétique bleu, d'une trentaine de mètres de long, entouré de hauts filets, est l'un des trois du complexe sportif du "Temple du foot", coincé entre les habitations d'un quartier dense de Dakar.

Alternative au sable

Sur le mini-terrain voisin, surnommé Old Trafford, en référence à l'enceinte du club anglais Manchester United, le chrono défile. Mohamed Lamine Dramé et ses cinq coéquipiers en dossard bleu clair se démènent pour refaire un retard de sept buts (10-3) contre leurs adversaires en beige. Mais le score ne bougera pas.

Malgré la défaite, ils ne boudent pas leur plaisir. "C’est trop bien de se retrouver ici. Le terrain est régulier, ça favorise le jeu et permet de progresser techniquement. C’est beaucoup mieux que d'évoluer sur le sable", apprécie ce jeune de 23 ans, qui rêve encore de devenir joueur professionnel. Autour de lui, ses camarades prennent des selfies pour garder les souvenirs et les partager sur les réseaux sociaux. Mais il faut "casquer" pour fouler ces pelouses artificielles plus "faciles à entretenir" que le gazon naturel qui demande beaucoup d'eau, selon Pierre Daw, propriétaire du complexe créé en 2015.

Au Temple du foot, les prix de location varient entre 30.000 et 50.000 francs CFA (entre 46 et 76 euros) l’heure, selon le terrain. Dans d'autres sites, ils peuvent monter jusqu’à 80.000 francs CFA (121 euros) pour les terrains règlementaires de onze contre onze.

Au Sénégal où le revenu moyen est d'environ 100.000 francs CFA mensuel (150 euros), ces prix sont "chers", reconnaît M. Daw, assis sur un banc à quelques mètres d’une grande fresque murale de l’icône argentine Lionel Messi. Mais dans les quartiers ou sur les réseaux sociaux, les jeunes s'organisent tant bien que mal pour réunir l'argent et réserver un terrain.

Développement du football local

Selon Mbaye Jacques Diop, conseiller technique au ministère des Sports, le Sénégal compte au moins 43 stades régionaux et départementaux en gazon synthétique, le premier datant de 2003. Leur arrivée a contribué "au développement du football" et favorisé la professionnalisation depuis 2009 du championnat local, assure Demba Varore, journaliste sportif sénégalais.

Sur le synthétique, "les joueurs ont la maîtrise du ballon, ils peuvent jouer vite au sol et se déplacer plus facilement. Ils s'améliorent techniquement et tactiquement", abonde Ciré Dia, ancien international sénégalais, et actuel entraîneur adjoint d’une équipe de la Ligue 1 sénégalaise.

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Le football sénégalais se porte bien. Menée par son double Ballon d’or africain Sadio Mané, la sélection nationale a remporté en 2021 au Cameroun sa première Coupe d’Afrique des nations. Les Lions de la Teranga ont été imités un an plus tard par les joueurs locaux sénégalais, vainqueurs du Championnat d'Afrique des nations (CHAN) en 2022, et par leurs jeunes frères U20 et U17 champions d’Afrique de leur catégorie respective en 2023.

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