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A Bonn, les négociations climat s'achèvent, l'incertitude américaine demeure


La rivière Denali dans un parc national en Alaska, le 10 mai 2017.
La rivière Denali dans un parc national en Alaska, le 10 mai 2017.

Les délégués climat du monde entier concluaient jeudi à Bonn dix jours de négociations, malgré les incertitudes que Washington fait peser sur le sort de l'accord de Paris contre le réchauffement de la planète.

"Nous devons avancer quels que soient les obstacles", a dit jeudi l'ambassadrice fidjienne, Nazhat Shameem Khan, dont le pays présidera en novembre la COP23, la conférence annuelle de l'ONU sur les changements climatiques.

"Nous ne devons pas renoncer parce que l'un de nous a décidé de +quitter la famille+. A ce stade les Etats-Unis n'ont pas pris de décision, et nous espérons qu'ils resteront dans l'accord. Mais nous n'arrêterons pas notre travail, même si la décision est négative", a-t-elle ajouté, saluant des discussions "positives" pendant ces deux semaines et un "élan commun".

Entamé dans la crainte que les hésitations américaines démotivent les négociateurs voire créent un effet domino sur certains pays, ce round se termine sur une volonté exprimée de "rester positifs".

"L'esprit est bon. Il y a des débats: certains comme l'UE veulent plus de rigueur sur l'application de l'accord, d'autres plus de souplesse... Mais il n'y pas eu les graines du blocage souvent vues dans le passé", avant l'adoption fin 2015 de l'accord mondial contre le réchauffement, note David Levai, ancien négociateur français, aujourd'hui à l'Institut du développement durable à Paris.

"Ce contexte américain crée une forme de solidarité: on fait bloc, c'est un peu comme +l'effet pack+ en rugby", dit-il.

Techniques, les débats ont surtout porté sur de la procédure autour des règles d'application de l'accord de Paris. Rien de tangible n'est sorti sur le fond de ce "mode d'emploi de l'accord" que les négociateurs ont jusqu'en 2018 pour préciser.

'Planche de salut'

En attendant, le processus climatique reste de fait suspendu à la décision du président américain Donald Trump, qui semble désormais hésiter, après avoir promis pendant sa campagne qu'il retirerait son pays de cet accord présenté par lui comme un "canular" fomenté par les Chinois.

A Bonn, la délégation américaine elle-même est restée tout ce temps en attente d'instructions. Réduite à son minimum historique, selon les observateurs admis dans ces sessions à huis clos.

"Leur chef est un négociateur expérimenté. Il a répété +notre position est en train d'être réétudiée+", a dit la responsable climat de l'ONU Patricia Espinosa.

Tous les regards sont désormais tournés vers les sommets du G7 des 26 et 27 mai, et du G20 début juillet en Allemagne.

"Nous travaillons dur avec de nombreux amis dans le monde pour convaincre les Etats-Unis que rester au sein de l'accord de Paris est le bon choix", a dit à Bonn Jochen Flasbarth, secrétaire d'Etat auprès du ministère allemand de l'Environnement, dont le pays accueillera le G20.

Pour le négociateur malien Seyni Nafo, chef du groupe Afrique, "il faut que les Etats-Unis prennent leur décision le plus vite possible. Ca ne peut continuer indéfiniment, pour permettre aux pays de se repositionner".

Mais plus l'hésitation dure, "plus on espère parvenir à le convaincre", note aussi David Levai.

Mercredi, près de 50 pays parmi les plus vulnérables au changement climatique ont appelé à renforcer l'action mondiale contre le réchauffement planétaire, "notre planche de salut", ont-ils redit.

L'accord de Paris, conclu sous l'égide de l'ONU, vise à limiter le réchauffement global en-deçà de 2°C voire 1,5°C par rapport au niveau de la Révolution industrielle, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

Mais les engagements nationaux actuels conduisent encore le monde vers une hausse du mercure de +3°C, l'accord de Paris prévoyant donc que les pays révisent à moyen terme leurs ambitions à la hausse, sous peine d'impacts majeurs aux quatre coins du monde.

De fait, selon de nombreuses études, les indicateurs du réchauffement sont toujours plus alarmants. Comme en Arctique, où l'étendue maximale de la banquise hivernale a été cette année la plus faible jamais enregistrée.

Avec AFP

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