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Le sénateur Edward Kennedy s’en est allé


Le sénateur Edward Kennedy, dernier patriarche de la dynastie Kennedy, est mort mardi soir chez lui à Hyannis Port dans le Massachussetts, à l’âge de 77 ans des suites d’un cancer du cerveau. La nation américaine tout entière est en deuil.

Les drapeaux sont en berne à Washington et dans le Massachussetts, état qu’il a représenté au Sénat des Etats-Unis depuis 1962. A l’étranger, on rend hommage aussi à la mémoire de celui qu’on appelait « le lion du Sénat ».

Pour le président Barack Obama, c’est la perte d’un ami personnel. Selon lui, Edward Kennedy était simplement « l’un des plus grands sénateurs de notre temps ». Ted Kennedy, a-t-il poursuivi, était le défenseur d’un rêve : « Sa vie extraordinaire ici bas est arrivée à son terme. Le bien extraordinaire qu’il a fait va perdurer.» Barak Obama souligne que l’Amérique ne verra plus un homme politique comme Edward Kennedy : un législateur invétéré qui, grâce à ses idées et idéaux, a marqué d’un sceau indélébile tous les aspects de la vie aux Etats-Unis, allant des soins de santé aux droits civiques et à l’éducation. M. Kennedy a passé presque un demi-siècle à la Chambre haute, où il avait remplacé son frère élu président, John F. Kennedy. L’un des 10 présidents avec lesquels il a travaillé depuis.

Il faut dire que le soutien du sénateur Kennedy à Barak Obama, face à la formidable candidature de sa rivale Hillary Clinton, a été incontestablement déterminant lors des dernières primaires démocrates : « Mes amis, a-t-il dit, je vous invite à vous joindre à ce périple historique et à avoir le courage de choisir le changement. C’est le moment encore pour une nouvelle génération de leadership. Le moment appartient maintenant à Barak Obama ».

Par ces propos, le sénateur Edward Kennedy faisait allusion clairement aux comparaisons que l’on faisait alors entre son défunt frère John et le jeune sénateur africain américain de l’Illinois. Quand on parle de la famille Kennedy, on entend immanquablement le mot tragédie : la mort de ses grands frères : Joe, un pilote tué pendant la Seconde Guerre mondiale, John , l’ancien président assassiné en 1963 à Dallas, et Robert assassiné, lui aussi, pendant qu’il briguait l’investiture du parti démocrate en 1968 . Il a aussi « enterré » 3 neveux, dont John John (fils de son frère John).

Très jeune, Edward est devenu le pater familias du clan Kennedy. On se souviendra de son oraison funèbre, à la mort du président Kennedy : « Mon frère n’a pas besoin d’être idéalisé, ni d’être fait plus grand qu’il n’en a été vivant. On doit se souvenir de lui simplement comme d’un homme bon et décent, qui a vu ce qui était injuste et a essayé de le corriger ».On peut dire que Ted Kennedy a essayé, pendant les 47 ans qu’il a passés au Sénat, à perpétuer cet héritage. Sa nièce, Caroline Kennedy : « Pendant plus de 4 décennies au Sénat, Teddy a été à la pointe du combat pour les questions les plus importantes de notre temps: les droits civiques, la justice sociale et les opportunités économiques ».

Héritier d’une des familles les plus riches des Etats-Unis, Ted Kennedy a en effet consacré toute sa vie politique à la défense des sans-voix ou laissés pour compte. Voici ce qu’a dit de lui Jimmy Carter, ancien président des Etats-Unis : « Je pense que Ted Kennedy, bien qu’il vienne d’une famille très riche, une famille éminente, ayant du succès en politique, je pense que son premier engagement a toujours été envers les gens qui étaient dans le plus grand besoin. Et il a travaillé pour ceux qui n’avaient pas grand-chose dans la société américaine. Il a travaillé non seulement pour eux, mais il a été très efficace dans son travail législatif ».

Tout comme ses frères John et Robert, Edward Kennedy a cherché à devenir président des Etats-Unis. Après avoir perdu des primaires face à Jimmy Carter en 1980, il a finalement reconnu huit ans plus tard qu’il ne serait jamais président à cause, essentiellement, d’un tragique accident ou scandale– celui de Chappaquiddick, qui avait coûté la vie à une jeune femme, Mary Jo Kopechne qui s’est noyée, quand leur voiture est tombé d’un pont en 1969. Le jeune Kennedy avait attendu des heures avant d’alerter la police.

Donc, en 1988, Edward Kennedy a renoncé à briguer la présidence des Etats-Unis pour consacrer toute son énergie à la promotion de ses causes progressistes au Sénat. Il était, sans l’ombre d’un doute, le plus à gauche des parlementaires démocrates. Mais il avait ce don de se faire des amis, et de travailler avec certains des membres les plus à droite du Sénat. Par exemple, le Républicain Orin Hatch, le fameux « plus farouche adversaire politique de M. Kennedy, mais aussi son plus grand ami au Sénat ». Orin Hatch a, bien sûr, rendu un hommage émouvant à son ami Ted. De son côté, Nancy Reagan, la veuve de l’ancien président Ronald Reagan, a souligné qu’elle a su trouver avec lui « un terrain commun ». Et Arnold Schwarzenegger, le gouverneur républicain de Californie qui est marié à une nièce d’Edward Kennedy, Maria Shriver, a reconnu son rôle de patriarche de la famille et de « champion de la justice sociale ». Pour le chef de file des démocrates au Sénat, Harry Reid, M. Kennedy était aussi « le patriarche du Sénat ».

L’ancien président George W. Bush avait, lui aussi, été frappé par cette capacité qu’avait M. Kennedy à travailler avec ceux qui n’étaient point d’accord avec lui : « Mes amis au café de Crawford (au Texas) subiront un choc quand je leur dirai qu’il est vrai que j’aime ce gars. C’est un fabuleux sénateur américain ».

M. Bush faisait particulièrement allusion à leur collaboration fructueuse dans le domaine de l’éducation. Mais le sénateur Kennedy a été, et très tôt, l’un des plus impitoyables critiques de la politique étrangère de l’administration Bush : la guerre en Irak, les méthodes d’interrogatoire des terroristes présumés, et la manière dont a été menée la guerre contre le terrorisme. Concernant la guerre en Irak, voici ce qu’il disait en 2007 dans une interview à CBS : « J’ai vote contre cette guerre. C’était le meilleur vote de ma carrière au Sénat des Etats-Unis. C’était la mauvaise guerre au mauvais moment ».

L’ancien premier ministre britannique, Tony Blair qui lui appuyait cette guerre en Irak et George Bush, a reconnu le rôle que le sénateur Kennedy a joué pour promouvoir la paix, une paix durable en Irlande du Nord. Les Africains, eux, se souviendront de son soutien à la lutte anti-apartheid ici aux Etats-Unis.

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