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Etats-Unis : les juges d’immigration affectés par les récits des demandeurs d’asile


Les juges fédéraux américains écoutent, chaque année, plusieurs centaines de témoignages de candidats à l’asile politique. Une nouvelle étude suggère qu’ils sont, à la longue, traumatisés par les récits horribles de tortures et d’abus en tous genres qu’ils entendent. Ce qui pourrait, de l’avis de certains, affecter leur jugement.

L’étude a demandé à des juges de décrire, de manière anonyme, leur travail. L’un des auteurs, le professeur Stuart Lustig, enseigne la psychiatrie à l’université de Californie, à San Francisco. Il dit avoir noté chez certains de ces juges des symptômes de stress post-traumatique.

« Les juges eux-mêmes commencent à afficher ces symptômes, à avoir des problèmes psychologiques sous forme de pensées dont ils ne peuvent pas se débarrasser, ou même de cauchemars. Et dans ce cas, il vous est difficile de faire votre travail de manière efficace et judicieuse », a-t-il expliqué.

Danah Leigh Marks présidente de l’Association nationale des juges d’immigration des Etats-Unis a traité plus de 16 000 cas d’asile politique. Elle s’inquiète du nombre croissant de cas examinés par ses collègues. « Souvent, nos conditions de travail sont comme si nous jugions des cas de peine de mort dans un tribunal chargé des contraventions routières. Si un juge commet une erreur, les conséquences potentielles pour l’individu concerné peuvent menacer sa vie », a-t-elle fait remarquer.

Originaire du Guatemala, Miriam Bravo a déposé une demande d’asile en Californie. Elle ne souhaite vraiment pas parler de ce qui lui est arrivé dans son pays. « Comment pouvez-vous imaginer ce que j’ai vécu ? Mais ce qui m’est arrivé, certaines de ces choses n’ont pas de nom. C’est très douloureux et je ne veux même pas m’en rappeler », a-t-elle martelé à chaque audience.

Pourtant, son histoire n’a pas ému le juge qui rejeté sa demande d’asile. Mme Bravo se demande si la surcharge et le grand nombre de dossiers traités par le juge ne l’ont pas empêché de prendre la mesure réelle de son dossier.

Toutefois, le professeur Lustig pense qu’il est aussi envisageable que des juges exposés à tant de récits traumatisants accordent plus facilement l’asile. « Ils pourraient beaucoup s’identifier avec la personne devant eux. Si bien que cela peut aller dans les deux sens », a-t-il expliqué. Autrement dit, un jour il faudra bien se pencher sur le cas de ces juges qui entendent les horreurs réelles ou supposées racontées par les demandeurs d’asile aux Etats Unis.

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