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USA: plusieurs villes hostiles à la construction du mur le long de la frontière avec le Mexique


Les maires et conseils municipaux de plusieurs grandes villes du Texas, proches de la frontière mexicaine, ont saisi la justice pour empêcher les autorités fédérales de construire la barrière de sécurité contre les immigrants clandestins et les trafiquants de drogue.

Patricio Ahumade Junior, le maire de la ville frontalière de Brownsville au Texas, affirme qu’il est bien décidé à empêcher les autorités fédérales d’avoir d’accès aux terrains de la municipalité, pour repérer le tracé de ce mur. Il a également intenté un procès, au nom de sa municipalité, pour empêcher les travaux de commencer. De son côté, le maire de Laredo, toujours au Texas, Raul Salinas, a qualifié cette barrière de «mur de la honte», tandis que le maire d’Eagle Pass, Chad Foster, proteste toujours contre le projet, même s’il reconnaît avoir reçu des lettres d’insultes.

Certains groupes de protection de l’environnement soutiennent les maires dans leur opposition à cette barrière. Ils font valoir qu’elle entravera les mouvements migratoires de la faune sauvage le long de la vallée du Rio Grande. La plupart des chefs d’entreprise sont également contre, en raison du ressentiment que le mur pourrait susciter au Mexique, pays dont ils dépendent pour commercer.

De façon inattendue, deux présidents mexicains se sont ingérés dans la dispute. Le chef de l’exécutif actuel, le président Felipe Calderon, et son prédécesseur Vicente Fox ont accordé, ces jours-ci, des interviews aux chaînes de télévision américaines, dans lesquelles ils ont dénoncé la barrière.

Les allées et venues, par delà la frontière, sont naturelles, vu la demande de main-d’œuvre bon marché aux États-Unis et la masse de jeunes mexicains disposés à émigrer, a fait valoir M. Calderon lors d’une intervention sur la chaîne de télévision ABC. «Il est impossible d’y mettre fin par décret, de l’arrêter avec une barrière» a souligné M. Calderon.

Certes les États-Unis ont le droit de contrôler leurs frontières, a ajouté le président du Mexique. Mais ce mur n’est pas une solution. A terme, il faudra que le Mexique crée de bons emplois pour ces jeunes si travailleurs. «Je ne veux pas voir le Mexique devenir un fournisseur permanent de main-d’œuvre aux États-Unis» a déclaré M. Calderon.

De son côté, l’ancien président Vicente Fox, actuellement en tournée aux États-Unis pour faire la promotion de ses mémoires, perd rarement l’occasion de dénoncer cette barrière, la qualifiant «d’erreur qui compromettrait les relations bilatérales». Mieux vaudrait, estime M. Fox, que l’on mette en place un nouveau programme de travailleurs temporaires.

Selon les dernières dispositions annoncées par le gouvernement fédéral en septembre, la barrière s’étendrait sur 112 kilomètres au Texas même. Elle comprendrait 21 tronçons de près de cinq mètres de hauteur. Ses partisans disent qu’elle témoignerait de l’engagement de Washington de protéger la frontière contre les trafiquants, les sans-papiers et d’éventuels terroristes. Les propriétaires terriens de la région sont tout à fait pour, car ils se plaignent que les illégaux désorganisent la production, endommagent leurs terres et menacent parfois leur sécurité.

La loi sur cette barrière a été votée par le Congrès en 2006, et le président George W. Bush l’a promulguée. En tout, elle s’étendrait sur 120 kilomètres au Texas, mais une partie serait «virtuelle», c’est à dire qu’au lieu de béton et de fils barbelés, certains secteurs seraient protégés par des détecteurs électroniques et des caméras. Sans oublier les patrouilles de gardes-frontières.

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