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Des agriculteurs américains testent des moyens de conserver le carbone dans le sol


L'agriculteur Randy Miller dans sa ferme de soja à Lacona, dans l'Iowa, jeudi 22 août 2019.
L'agriculteur Randy Miller dans sa ferme de soja à Lacona, dans l'Iowa, jeudi 22 août 2019.

Alors que les agriculteurs américains doivent faire face à la hausse du coût des intrants agricoles, certains se tournent vers des méthodes respectueuses de l'environnement. Ils veulent ainsi limiter les dépenses et gagner de l'argent en taclant en même temps un facteur du changement climatique.

Les prix records des intrants agricoles tels que les semences et les engrais et la hausse du prix du carburant ont obligé des agriculteurs comme Mark Boston à changer leur façon de travailler. Ils s’élancent vers une "agriculture au carbone" respectueuse de l'environnement.

"Nous avons réduit un peu les intrants à cause des prix élevés ou essayé d'être plus intelligents par rapport à la façon dont nous faisons les choses ", dit Mark Boston, agriculteur de l’Illinois.

La famille de Mark Boston expérimente « l'agriculture intelligente » depuis des décennies.

"Nous avons fait des tests avec les cultures de couverture avec plus ou moins de succès… Chaque année, vous avez des défis météorologiques différents", soutient M. Boston.

La famille de Boston utilise avec succès la "technique du sans labour" (TSL), qui consiste à laisser la terre telle quelle après la récolte, ce qui permet de conserver davantage de nutriments … y compris le carbone dans le sol, "au lieu de le relâcher dans l'air", comme le témoigne Mark Boston.

Bien que ce soit une façon écologique de cultiver, le coût est la principale considération de Mark Boston. Il réduit la quantité d'engrais qu'il utilise.

"C'est l’une des raisons pour lesquelles nous sommes presque tous passés au " sans labour ", déclare M. Boston.

Mais comme la hausse des prix réduit ses bénéfices de 2022, Mark Boston expérimente désormais ce qu'on appelle « l'agriculture du carbone ». Il fait équipe avec Locus Agricultural Solutions, une entreprise qui vend des produits que les agriculteurs peuvent appliquer sur leurs champs pour favoriser la croissance des cultures, augmenter la teneur en carbone, améliorer la rétention d'eau et réduire la dépendance aux engrais.

"Nous payons une redevance au cultivateur pour obtenir les données, et nous effectuons également l'échantillonnage du sol pour ce cultivateur, de sorte que dans ce processus, nous mesurons réellement le carbone pour le cultivateur grâce à l'échantillonnage du sol ", soutient Shane Head, de Locus Agricultural Solutions.

Shane Head, directeur de la réussite client chez Locus Agricultural solutions, explique que le programme "Carbon Now" de l'entreprise relie les agriculteurs à un marché du carbone où ils peuvent "vendre" le carbone emmagasiné qui, s'il restait dans l'atmosphère terrestre, contribuerait au réchauffement de la planète.

"Les grandes entreprises qui ont une grosse empreinte carbone doivent la compenser d'une manière ou d'une autre. Nous faisons donc appel à une société tierce de premier choix qui commercialise le carbone", fait savoir Shane Head.

"En gros, tout ce que je fais est ce que je pense être bon pour la terre. Cette histoire de carbone n'est qu'un sous-produit", ajoute pour sa part John Nergenah, agriculteur du sud de l’État de l’Illinois.

M. Nergenah est également inscrit au programme Carbon Now de Locus Agricultural solutions. En plus de l'agriculture « sans labour », il élève du bétail, ce qui contribue à ses efforts en matière de production de carbone.

"Intégrer le bétail sur la terre permet de décomposer la matière pour que le carbone soit dans le sol", assure-t-il.

"Et donc, si vous voulez être compétitif sur ce marché, vous devez faire tout ce que vous pouvez pour minimiser vos coûts", complète Mark Boston.

Ce dernier espère que son investissement dans l'agriculture carbone sera rentable - non seulement en vendant le carbone emmagasiné, mais aussi en augmentant ses rendements de soja et de maïs.

Comme pour beaucoup de choses dans l'agriculture, Mark Boston sait que le programme "Carbon Now" n'est pas une valeur sûre.

"Nous avons déjà essayé d'autres programmes similaires et nous avons eu des désastres", reconnait-il honnêtement.

Des considérations importantes… alors que les agriculteurs sont impactés par la guerre en Ukraine qui pèse sur les approvisionnements et les prix mondiaux.

Une estimation initiale du budget des cultures de l'Université de l'Illinois pour 2023 prévoit des coûts d'intrants agricoles encore plus élevés et des rendements inférieurs pour les agriculteurs par rapport à l’année 2022.

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