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Le pétrolier naufragé en Tunisie était vide


La ministre tunisienne de l'Environnement Leila Chikhaoui visite le port du sud-est du golfe de Gabès, après qu'un pétrolier transportant 750 tonnes de carburant diesel de l'Égypte à Malte a coulé au large des côtes, le 16 avril 2022.
La ministre tunisienne de l'Environnement Leila Chikhaoui visite le port du sud-est du golfe de Gabès, après qu'un pétrolier transportant 750 tonnes de carburant diesel de l'Égypte à Malte a coulé au large des côtes, le 16 avril 2022.

Les autorités tunisiennes ont annoncé vendredi que le pétrolier naufragé le 16 avril au large de la Tunisie était vide, écartant tout risque de pollution, après avoir dans un premier temps indiqué que le navire transportait 750 tonnes de gazole.

Si une catastrophe environnementale a été évitée, des zones d'ombre demeurent sur les activités du navire et les circonstances du naufrage.

L'équipage – quatre Turcs, un capitaine géorgien et deux Azerbaïdjanais – a été placé en état d'arrestation vendredi, a indiqué à l'AFP Mohamed Karray, porte-parole du parquet de Gabès qui enquête sur le naufrage.

"Le navire Xelo qui a coulé dans le golfe de Gabès (sud-est) ne contient pas de gazole et ses réservoirs sont vides", a indiqué le ministère de l'Environnement, ajoutant qu'"il ne pose aucun risque de pollution".

Le capitaine de la marine tunisienne Mazeri Letayef, qui dirige une cellule de crise à Gabès, a précisé à l'AFP que "les quatre réservoirs sont remplis d'eau de mer", selon ce qu'ont constaté des plongeurs tunisiens et leurs collègues italiens d'un navire de dépollution arrivé sur place mardi.

"A coup de marteau"

"Il se peut que le navire ne soit pas en réalité actif dans le transport de carburants", a indiqué le capitaine Letayef, alors que le ministère de l'Environnement avait annoncé le 16 avril que le pétrolier renfermait 750 tonnes de gazole, faisant craindre une marée noire.

Selon le capitaine Letayef, des appareils sur le pont du navire ont été arrachés et "le GPS permettant sa localisation a été détruit à coup de marteau". Le Xelo, en route pour Malte selon les autorités tunisiennes, a coulé le 16 avril dans les eaux tunisiennes où il s'était réfugié la veille en raison d'une mauvaise météo.

Selon Tunis, le bateau, battant pavillon de la Guinée équatoriale, était parti du port égyptien de Damiette, ce que les autorités portuaires égyptiennes ont démenti. Pour une raison inconnue, ce pétrolier de 58 mètres de long et 9 mètres de large, construit en 1977, a commencé à prendre l'eau.

Des forces de la marine militaire ont évacué l'équipage avant que le navire ne sombre par près de 20 mètres de fond. La justice tunisienne enquête sur les causes du naufrage et la nature de l'activité du pétrolier.

Le trajet incohérent du navire, localisé à Sfax début avril mais dont la trace s'est perdue du 8 au 15 jusqu'à ce qu'il lance des signaux de détresse, et la disparition dans le naufrage du "connaissement", document informant sur son trajet et la nature de sa cargaison, alimentent les doutes.

"Station-service flottante"

La Guinée équatoriale a annoncé jeudi la suspension de 395 navires battant pavillon de ce pays de manière "illégale". "Le drapeau de la Guinée équatoriale ne peut pas être le visage de la fraude internationale", a tweeté le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue.

Des médias et experts tunisiens ont rappelé la proximité du golfe de Gabès avec le nord-ouest de la Libye, important pays producteur de pétrole, dont les côtes ont été le théâtre de trafics d'hydrocarbures, ces dernières années.

Pour Rafaa Tabib, expert en géopolitique et spécialiste des trafics en Libye, "il s'agissait d'une station-service flottante vendant (illégalement, ndlr) des hydrocarbures aux nombreux navires transitant par le Canal de Sicile".

Ce type de trafics a "trois acteurs principaux: la mafia italienne, des sociétés au statut juridique pas clair à Malte et des milices libyennes opérant dans le secteur de Zawiya, où se trouve la plus grande raffinerie du pays", a expliqué M. Tabib à l'AFP.

Selon lui, dans cette zone, une puissante milice "injecte 120.000 barils de pétrole de contrebande par jour sur le marché, soit un dixième de la production nationale". Pour cet expert, le navire, "un rafiot en fin de vie, qui ne transportait pas assez de mazout pour un vrai voyage, a été sabordé par son équipage volontairement", peut-être pour échapper à sa radiation par la Guinée ou "effacer d'autres trafics".

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