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Six jeunes tués par une frappe, des jihadistes selon Barkhane, des chasseurs selon des locaux


Des soldats français inspectent un hélicoptère d'attaque Tiger au camp opérationnel de la plateforme du désert (PfOD) lors de l'opération Barkhane à Gao, au Mali, le 1er août 2019.
Des soldats français inspectent un hélicoptère d'attaque Tiger au camp opérationnel de la plateforme du désert (PfOD) lors de l'opération Barkhane à Gao, au Mali, le 1er août 2019.

Six jeunes ont été tués jeudi dans le nord-est du Mali dans une frappe, décrite par la force française Barkhane comme visant des jihadistes alors que des notables locaux parlent de simples chasseurs tués alors qu'ils traquaient le gibier.

C'est la deuxième fois en quelques mois qu'une intervention aérienne donne lieu à des versions aussi opposées de la part de l'armée française et de locaux.

Six jeunes de Talataye, localité entre Gao et Ménaka, ont été enterrés jeudi après avoir été frappés depuis les airs, ont rapporté ces notables.

"Il s'agit là d'un groupe de jeunes, dont des mineurs, qui ont décidé de passer la journée en dehors du village de Talataye à bord de trois motos et armés d'un fusil de chasse, pour tirer des lapins et des perdrix", a dit à un correspondant de l'AFP le maire de la localité Mohamed Assaleh Ahmad. Quatre avaient moins de 16 ans, deux entre 18 et 20 ans, a-t-il dit.

"Vers 10H30, des témoins alentour ont rapporté des explosions et affirment avoir vu des avions dans l'air. Impossible de savoir si c'est des avions français ou pas", a-t-il dit.

"Après, quand l'alerte a couru dans le village, il a été décidé d'envoyer des gens et un véhicule sur place pour récupérer les six corps et les inhumer au cimetière de Talataye vers 18H00", a-t-il dit.

Un conseiller communal a dit avoir vu un drone faire feu à l'ouest de Talataye.

Deux autres notables s'exprimant sous le couvert de l'anonymat pour des raisons de sécurité ont fait état d'une frappe aérienne sur la foi de témoignages.

Les trois notables ont tous décrit les jeunes comme des chasseurs partis à moto.

La force antijihadiste française Barkhane a de son côté publié dans la soirée un communiqué relatant une toute autre version de ce qui semble être le même évènement: le moment, en fin de matinée, et la localisation, à 60 km au nord d'Indélimane selon Barkhane, concordent.

"Après une phase de renseignement et d’identification ayant permis de caractériser la présence et le regroupement de GAT" (groupes armés terroristes), Barkhane a "procédé à une frappe neutralisant" un tel groupe, a dit Barkhane.

Elle ne précise pas les pertes humaines, mais indique que "trois motos ont été détruites".

La difficulté d'accès à l'information dans cette zone reculée et dangereuse rend les vérifications très difficiles.

En janvier déjà, l'intervention de moyens aériens français dans le centre du Mali, à Bounti, avait soulevé des interrogations sur l'éventualité d'une bavure.

Des villageois et une association de défense de l'ethnie peule avaient fait état d'une frappe aérienne ayant atteint une fête de mariage et fait une vingtaine de morts.

Les autorités françaises et maliennes ont toujours maintenu que les avions de chasse français avaient visé et éliminé des dizaines de jihadistes et qu'il n'y avait pas de mariage. Paris avait dénoncé une tentative de manipulation.

La mission de l'ONU au Mali a mené une enquête dont la publication se fait attendre.

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