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Ouattara réélu pour un 3e mandat avec 94,27% des voix


Le président ivoirien et leader du parti libéral RDR (Rassemblement des républicains - Rassemblement des républicains) Alassane Ouattara lors d'un congrès extraordinaire du RDR à Abidjan, le 5 mai 2018.
Le président ivoirien et leader du parti libéral RDR (Rassemblement des républicains - Rassemblement des républicains) Alassane Ouattara lors d'un congrès extraordinaire du RDR à Abidjan, le 5 mai 2018.

Le président ivoirien Alassane Ouattara, 78 ans, a été réélu pour un troisième mandat controversé sur le score fleuve de 94,27% des voix au premier tour, l'opposition ayant boycotté le scrutin, selon les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI) mardi à l'aube.

L’opposition, qui juge ce nouveau mandat "inconstitutionnel" et ne reconnaît plus Ouattara comme président, a annoncé lundi qu'elle avait créé un "Conseil national de transition" pour former un "gouvernement de transition". De nombreux Ivoiriens craignent de nouvelles violences; une quarantaine de personnes ont été tuées depuis le mois d'août, dont au moins 9 depuis le vote samedi.

Mardi, l'Union européenne a "pris note de l’annonce des résultats provisoires" et exprimé "sa vive préoccupation concernant les tensions, les provocations et les incitations à la haine qui ont prévalu et continuent de subsister dans le pays autour de ce scrutin".

Selon les chiffres de la CEI, le taux de participation, un enjeu important de ce scrutin du fait du boycott de l'opposition, est de 53,90%.

Des militants de l'opposition, qui avait appelé à la "désobéissance civile", ayant saccagé ou bloqué environ 5.000 bureaux de vote, 17.601 bureaux des 22.381 bureaux ont pu ouvrir, selon la CEI.

Le candidat à la présidentielle ivoirienne Kouadio Konan Bertin, en tenue de chef traditionnel, sourit à ses partisans lors de son investiture au Palais de la Culture d'Abidjan le 4 octobre 2020.
Le candidat à la présidentielle ivoirienne Kouadio Konan Bertin, en tenue de chef traditionnel, sourit à ses partisans lors de son investiture au Palais de la Culture d'Abidjan le 4 octobre 2020.

Le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin est deuxième avec 1,99% des voix, devant les deux autres candidats qui avaient appelé au boycott, l'ancien président Henri Konan Bédié (1,66%) et l'ex-Premier ministre Pascal Affi N'Guessan (0,99%).

La CEI a trois jours pour transmettre ces résultats au Conseil constitutionnel, qui a sept jours pour les valider ou non.

Elu en 2010, réélu en 2015, Alassane Ouattara avait annoncé en mars qu'il renonçait à une nouvelle candidature, avant de changer d'avis en août, à la suite du décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu'avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels a été remis à zéro. Ce que l'opposition conteste.

"Pour nos enfants"

Lundi soir, l'ancien président Bédié a écrit sur Twitter: "Ma résidence a été attaquée par des tirs à l'arme lourde. Simultanément, les résidences des membres de l'opposition...ont également été attaquées."

"Nous étions chez le président Bédié. Nous avons entendu huit coups. C'était très fort. Les vitres ont tremblé", a confirmé Maurice Kakou Guikahué, numéro deux du principal mouvement d'opposition.

Si la mission d'observation de l'Union africaine estime que "l'élection s'est déroulée de manière globalement satisfaisante", le Centre Carter, fondation créée par l'ancien président des Etats-Unis et prix Nobel de la paix Jimmy Carter, est beaucoup plus critique : "Le contexte politique et sécuritaire n'a pas permis d'organiser une élection compétitive et crédible".

Des milliers d'Ivoiriens avaient quitté les grandes villes, anticipant des troubles, dix ans après la crise qui avait suivi la présidentielle de 2010, faisant 3.000 morts.

Ces événements en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, font craindre une nouvelle crise dans une région éprouvée par des attaques jihadistes au Sahel, et secouée récemment par un putsch au Mali, une élection contestée en Guinée et un mouvement de contestation parmi la jeunesse au Nigeria.

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