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Signature d'un accord historique entre le gouvernement soudanais et des groupes rebelles


Le général Abdel Fattah al-Burhan (à g.), chef du Conseil souverain du Soudan, le président du Sud-Soudan Salva Kiir (centre) et le président du Tchad Idriss Deby (à dr.) lors de la cérémonie de paix à Juba, au Sud-Soudan, le 3 octobre 2020. (Photo: REUTERS/Jok Solomun)
Le général Abdel Fattah al-Burhan (à g.), chef du Conseil souverain du Soudan, le président du Sud-Soudan Salva Kiir (centre) et le président du Tchad Idriss Deby (à dr.) lors de la cérémonie de paix à Juba, au Sud-Soudan, le 3 octobre 2020. (Photo: REUTERS/Jok Solomun)

Le gouvernement soudanais et des groupes rebelles ont signé samedi un accord de paix historique censé mettre fin à 17 ans d'une guerre meurtrière.

Le président du Tchad voisin, Idriss Deby Itno, a assisté à la cérémonie.

Des cris de joie ont salué chacun des représentants du gouvernement de transition soudanais et des rebelles venus signer en grande pompe, l'un après l'autre, un texte paraphé le 31 août.

"Nous avons conclu aujourd'hui un accord de paix. Nous sommes heureux. Nous avons accompli notre mission", a déclaré peu avant la signature le Sud-Soudanais Tutkew Gatluak, un des médiateurs.

La cérémonie s'est déroulée à Juba, la capitale du Soudan du sud, pays dont les dirigeants ont combattu durant environ trois décennies ceux de Khartoum avant d'obtenir leur indépendance en 2011 au terme d'une guerre qui a fait deux millions de morts et quatre millions de déplacés. Aujourd'hui, leurs rapports sont apaisés et même amicaux.

Danseurs, chanteurs et musiciens avaient donné le ton des célébrations, tandis que des membres des groupes rebelles du Darfour (ouest), du Kordofan-Sud (sud) et du Nil Bleu (sud) ont défilé dans la matinée, en brandissant des pancartes à l'effigie de leurs chefs.

Les autorités de Khartoum, un pouvoir hybride de militaires et de civils en place après une révolte populaire ayant mis fin en avril 2019 à 30 ans de règne d'Omar el-Béchir, ont fait de la paix avec les rebelles leur priorité.

Le vice-président soudanais Mohamed Hamdan Daglo, un commandant de milice paramilitaire au Darfour plus connu sous le surnom de Hemeti, a signé l'accord au nom de Khartoum.

"Défis" à surmonter

Il était entouré du général Abdel Fattah al-Burhane, président du Conseil souverain, et du Premier ministre Abdallah Hamdok.

Côté insurgés, l'accord a été signé par le Front Révolutionnaire du Soudan (FRS), une alliance de cinq groupes rebelles et quatre mouvements politiques, issus des régions du Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil Bleu et cherchant à développer leurs régions sinistrées.

Des médiateurs et diplomates tchadiens, qataris, égyptiens, de l'Union africaine, de l'Union européenne et des Nations unies ont également paraphé le texte.

Le général Abdel Fattah al-Burhan, chef du Conseil souverain du Soudan, et le président du Sud-Soudan, Salva Kiir, se tiennent la main à Juba, au Sud-Soudan, le 3 octobre 2020.
Le général Abdel Fattah al-Burhan, chef du Conseil souverain du Soudan, et le président du Sud-Soudan, Salva Kiir, se tiennent la main à Juba, au Sud-Soudan, le 3 octobre 2020.

"Cette signature va vraiment nous permettre de laisser la guerre derrière nous. Elle va apporter la démocratie, la justice, la liberté au Soudan. Nous sommes très heureux. C'est la fin de la guerre et l'économie du Soudan va repartir de l'avant", a confié Ismail Jalab, un responsable du SLM.

Mais la situation économique au Soudan est catastrophique, avec une inflation annuelle de 170% au mois d'août, à laquelle s'ajoutent des pénuries de carburant, de nourriture, de médicaments et de produits d'hygiène. Les prix des aliments ont triplé en un an, selon l'ONU.

Intégration des rebelles dans l'armée

Sous le régime Béchir, les rebelles issus de minorités ethniques s'estimaient marginalisés dans un pays confronté à une grave crise économique, ayant été notamment amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud. Sans oublier les sanctions américaines.

L'accord est composé de huit protocoles: propriété foncière, justice transitionnelle, réparations et compensations, développement du secteur nomade et pastoral, partage des richesses, partage du pouvoir et retour des réfugiés et déplacés.

Il stipule également le démantèlement à terme des groupes armés et l'intégration des combattants dans l'armée, qui devra être représentative de toutes les composantes de la société.

Le général Abdel Fattah al-Burhan (à g.), chef du Conseil souverain du Soudan, le président du Sud-Soudan Salva Kiir (centre) et le président du Tchad Idriss Deby (à dr.) lors de la cérémonie de paix à Juba, au Sud-Soudan, le 3 octobre 2020.
Le général Abdel Fattah al-Burhan (à g.), chef du Conseil souverain du Soudan, le président du Sud-Soudan Salva Kiir (centre) et le président du Tchad Idriss Deby (à dr.) lors de la cérémonie de paix à Juba, au Sud-Soudan, le 3 octobre 2020.

La guerre au Darfour qui a commencé en 2003, a fait au cours des premières années suivantes au moins 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés selon l'ONU. Dans les deux autres régions, la guerre a affecté un million de personnes.

Le Mouvement de Libération du Soudan (MLS), branche d'Abdelwahid Nour, au Darfour, a refusé de signer. L'armée l'accuse d'avoir encore lancé une attaque contre ses positions lundi.

Un autre groupe, le SPLA-Nord d'Abdelaziz al-Hilu a signé un cessez-le-feu séparé, qui permet aux rebelles de conserver leurs armes "pour assurer leur propre protection", jusqu'à ce que la Constitution soudanaise soit amendée pour y garantir la séparation de l'Etat et de la religion.

Le Kordofan-Sud et dans une moindre mesure le Nil Bleu, comportent des minorités chrétiennes qui ont combattu pendant des décennies les tentatives de Khartoum d'imposer la loi islamique.

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