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Coronavirus: une infirmière équato-guinéenne emprisonnée pour avoir critiqué un hôpital


Un agent de santé vérifie la température d'un homme arrivant à l'aéroport de Bata, à Litoral, en Guinée équatoriale, le 14 janvier 2015.
Un agent de santé vérifie la température d'un homme arrivant à l'aéroport de Bata, à Litoral, en Guinée équatoriale, le 14 janvier 2015.

Une infirmière équato-guinéenne a été placée en détention préventive à Malabo pour délit de "violation de secrets" après avoir affirmé que l'hôpital où sont isolés et traités les malades du nouveau coronavirus n'a pas d’oxygène, a appris l'AFP de sources concordantes.

"Le ministère public a sollicité la prison préventive contre la présumée auteure du délit de violation de secrets, Mme Nuria Obono Ndong Andem", a indiqué jeudi le tribunal de première instance dans son ordonnance, que l'AFP a pu consulter vendredi.

"L'hôpital de Sampaka, dont la télévision nationale vante la capacité à traiter les malades du coronavirus, n'a pas d'oxygènes pour les malades du Covid-19", avait affirmé l'infirmière dans un message audio envoyé à une amie sur l'application de messagerie WhatsApp.

Le message avait circulé mercredi sur les réseaux sociaux équato-guinéen, et l'infirmière avait été convoquée le jour même par le ministre de la Santé, Salomon Nguema Owono, qui lui avait promis des poursuites judiciaires.

La chaîne de télévision nationale, TVGE, avait par ailleurs diffusé un démenti des autorités sanitaires et diffusé des images de bonbonnes d'oxygène.

"Nous avons plus de 80 bonbonnes d'oxygène et une entreprise américaine nous a garanti qu'elle nous offrira de l'oxygène à chaque fois que nous en aurons besoin", a déclaré à la TVGE le docteur Dr Manuel, haut fonctionnaire au ministère de la santé.

L’incarcération de l'infirmière a suscité une polémique.

Le parti d'opposition Convergence pour la démocratie sociale, CPDS, exige dans un communiqué sa libération immédiate car "une soignante est plus importante en ce moment que la colère d'un ministre".

Selon le parti d'opposition, comme le commentaire était fait dans un cadre privé, il ne devrait pas être sanctionable par la loi.

"La liberté d'expression est garantie par la constitution", argue pour sa part Citoyens pour l'innovation, parti d'opposition dissous par les autorités en février 2018.

Un mouvement pro-démocratie et de droits de l'homme, SOMOS+, a quant à lui entamé une campagne revendiquant la liberté de l’infirmière baptisée "Je suis Nuria Obono Ndong".

En Guinée équatoriale, les autorités ont déclaré 79 cas positifs au coronavirus, et aucun décès.

Une batterie de mesures a été prise pour limiter la pandémie, dont le confinement entre la partie continentale et la partie insulaire du pays.

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