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Les pays africains s'organisent pour enrayer la propagation du coronavirus


Des agents de la santé à l'hôpital Pompidou en France. (Photo: JOEL SAGET / AFP)
Des agents de la santé à l'hôpital Pompidou en France. (Photo: JOEL SAGET / AFP)

Les pays africains ont été parmi les derniers à être affectés par la pandémie de coronavirus mais leur nombre a rapidement augmenté ces derniers jours.

Face à la progression rapide du coronavirus sur le continent africain, nombre de pays ont adopté des mesures drastiques pour tenter de ralentir l'épidémie et d'épargner au maximum leurs systèmes de santé déjà fragiles.

Même si certains peuvent compter sur leur expérience à lutter contre d'autres épidémies comme Ebola, la propagation rapide du virus et son étendue mondiale font douter plus d'un.


Propagation géographique

Le premier cas signalé sur le continent a été répertorié en Egypte, le 14 février.

Début mars, le continent ne comptait que deux autres cas, en Algérie et au Nigeria, suscitant des interrogations. Certains se demandaient pourquoi l'Afrique semblait épargnée par le virus; d'autres supposaient que le virus s'y répandait sans être détecté.

Depuis, le virus s'est propagé, pour toucher actuellement 34 pays sur le continent, avec près de 700 cas confirmés.

Les pays les plus affectés se trouvent en Afrique du Nord, où des cas de transmission locale ont été documentés et où se concentre près d'une vingtaine des victimes du Covid-19 sur le continent.

A elle seule, l'Egypte compte 210 cas et des victimes. L'Algérie a aussi dénombré des morts pour 82 cas. D'autres victimes ont été enregistrées au Soudan, au Maroc et au Burkina Faso.

L'Afrique du Sud, une des deux principales puissances économiques du continent, est également touchée, avec 150 cas. Des transmissions locales ont été enregistrées.

En Afrique de l'Est, où l'on retrouve deux importants hubs aériens (en Éthiopie et au Kenya), on comptabilise plus d'une vingtaine de cas dans six pays.

Le Burkina est le pays le plus durement touché en Afrique de l'Ouest avec 33 cas et un mort. Il s'agit d'une parlementaire.

Restrictions dans les transports

Échaudés par les conséquences de la pandémie en Asie et en Europe, bon nombre de pays africains ont pris des mesures drastiques.

Le transport aérien est particulièrement visé. La raison en est simple: du Kenya à la Somalie, en passant par le Sénégal, le Nigeria ou l'Afrique du Sud, tous les premiers cas de coronavirus enregistrés dans ces pays sont des ressortissants ou des résidents revenant par avion d'un séjour dans un pays infecté.

Plusieurs pays ont pris des mesures particulièrement strictes. Le Maroc a ainsi suspendu tous les vols internationaux "jusqu'à nouvel ordre", à l'exception d'avions spéciaux autorisés à rapatrier les touristes européens bloqués.

Madagascar a annoncé mardi, à compter du 20 mars, la suspension de toutes les liaisons aériennes avec le reste du monde, et non plus seulement l'Europe.

Coronavirus : État des lieux de la pandémie en Afrique
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La Somalie, dans la foulée de l'annonce de son premier cas, a décidé d'interdire tous les vols internationaux - y compris pour les avions cargo - au départ et à l'arrivée du pays. Seul les vols à caractère humanitaire ne sont pas concernés.

Le Tchad, où aucun cas n'est répertorié, a également fermé ses aéroports.

D'autres pays ont pris des mesures d'interdiction ciblées en fonction des destinations. Le Sénégal a ainsi suspendu les liaisons aériennes avec sept pays d'Europe et du Moyen-Orient.

L'Afrique du Sud, le Kenya, le Ghana ou la Côte d'ivoire interdisent l'accès de leur territoire aux voyageurs en provenance de pays à risque, à l'exception de leurs ressortissants ou résidents.

De nombreuses mesures d'auto-isolement sont également imposées aux voyageurs en provenance de pays à risque. C'est le cas en Zambie, au Nigeria, en Guinée équatoriale.

Le tourisme sur le continent a mis un genou à terre. Même le secteur des croisières est touché: l'Afrique du Sud, Madagascar, le Sénégal, les Seychelles et Maurice ont interdit aux bateaux de croisière d'accoster.

Interdictions et confinement

Plus d'une dizaine de pays du continent ont fermé ou s'apprêtent à fermer l'ensemble de leur système éducatif, de la maternelle à l'université. C'est le cas notamment au Kenya, au Maroc, en Egypte, au Sénégal, en Afrique du Sud ou encore en Côte d'Ivoire.

Corollaire de cette mesure, le télétravail est fortement encouragé par les autorités, comme au Kenya par exemple. Autre conséquence de la fermeture des écoles et du travail à distance, de nombreux Kényans étaient sur les routes mardi pour se réfugier en province, loin de la capitale.

Mardi, la Namibie a déclaré l'état d'urgence, le Zimbabwe l'état de catastrophe nationale et Eswatini (ex-Swaziland) a qualifié l'épidémie d'urgence nationale. Même son de cloche en Afrique du Sud.

Certains pays ont également pris des mesures strictes concernant les rassemblement religieux. Au Sénégal, les confréries musulmanes ont suspendu les rassemblements prévus en mars. En Tunisie, les autorités ont suspendu jusqu'à nouvel ordre les prières collectives, y compris le vendredi. Mercredi le président congolais Felix Tshisekedi a interdit les attroupements, les rassemblements religieux, les veillées de deuil et les rassemblements funéraires.

Les compétitions sportives et les événements culturels n'échappent pas aux mesures d'interdiction. Ainsi, les festivals annuels AfrikaBurn en Afrique du Sud et Bushfire en Eswatini ont été reportés à l'année prochaine. En Afrique du Sud, les grandes compétitions sportives sont annulées. La Tunisie a décidé de les maintenir, mais à huis clos. En République démocratique du Congo, tous les stades sont fermés.

Au niveau continental, le Championnat d'Afrique des Nations (CHAN), qui devait se tenir en avril au Cameroun, a lui aussi été reporté sine die.

"Noua faisons face à un nouveau virus dont nous essayons encore de saisir les contours", a déclaré la directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique, Matshidiso Moeti, lors d'un point de presse jeudi.

Ses propos sont appuyés par le Dr Michel Yao, responsable des urgences sanitaires à l'OMS: "Il vaut mieux apporter une réponse plus ferme dès le départ afin d'éviter une crise grave plus tard".

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