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A la rencontre des tchadiennes qui brisent les tabous


Memty Nicole, chef de service de la morgue de l'hôpital Tchad-Chine, N'Djamena, 6 mars 2019. (VOA/André Kodmajingar)
Memty Nicole, chef de service de la morgue de l'hôpital Tchad-Chine, N'Djamena, 6 mars 2019. (VOA/André Kodmajingar)

Les Tchadiennes se battent quotidiennement pour leur survie, souvent dans des conditions plus difficiles que les hommes. La plupart s’adonnent aux petites activités génératrices de revenus.

Les femmes brisent de plus en plus les pesanteurs socio-culturelles en exerçant avec conviction certaines professions longtemps réservées aux hommes.

A la rencontre des femmes tchadiennes qui se battent pour leurs familles
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C’est le cas de Memty Nicole, chef de service de la morgue de l’hôpital de l’amitié Tchad-Chine. Elle est l’unique femme tchadienne à travailler dans ce service depuis 7 ans.

Mariée, puis divorcée à cause de son travail, elle dit avoir exercé cette profession avec passion, même si elle se sent rejetée par la société.

"Je me sens tranquille dans ce travail. Même à 1 heure ou 2 heures du matin, les gens amènent les corps sans vie. Dès qu’ils toquent à la porte, je me lève, je prends le corps, je décharge et libère les parents. Seule, je le lave, le transporte, l’habille et le mets dans la chambre froide. Même la mise en bière, je le fait seule. Beaucoup de gens ne mangent pas avec moi; soi-disant que mon métier est sale. D’autres ne me saluent pas. J’écoute les femmes qui me critiquent, mais je les remercie car elles font ma publicité. Je dis toujours aux femmes de ne jamais baisser les bras".

Dans les milieux judiciaires, une autre femme fait parler d’elle. Il s’agit de Tchamba Amboussidi. Après ses études en droits, elle a décidé de faire carrière dans la profession d’huissier de justice.

Après un stage dans un bureau d’étude d’huissier titulaire de charge en 2013, en mars 2018, elle est nommée huissier titulaire. Elle est la première femme tchadienne à embrasser cette carrière.

Tchamba Amboussidi, huissier titulaire de charge, N'Djamena, le 6 mars 2019. (VOA/André Kodmajingar)
Tchamba Amboussidi, huissier titulaire de charge, N'Djamena, le 6 mars 2019. (VOA/André Kodmajingar)

Pour elle, Il faut avoir le sens de la responsabilité afin de minimiser les risques.

"Dans l’exécution des décisions judiciaires, il y a toujours des difficultés. Parce que quand on amorce par exemple une exécution, il peut y avoir des interventions de la part de nos autorités et actuellement je suis en face d’une de ces difficultés. On me demande des comptes à rendre et je dis non, tel que c’est parti, je ne dois pas me taire. Parce qu’entre-temps, la femme est reléguée au second rang. J’encourage vraiment les femmes à se battre, qu’elles disent: 'nous sommes capables d’affronter les difficultés, de nous battre pour notre survie'".

Une autre femme remarquable travaille à la télévision nationale. Mme Kalna Amboussidi est la seule femme qui exerce, depuis 5 ans environ, comme cadreuse (cameraman) dans ce média public. Elle reconnait que le métier est pénible mais pas impossible pour les femmes.

Kalna Amboussidi, cadreuse à la télévision nationale, N'Djamena, le 6 mars 2019. (VOA/André Kodmajingar)
Kalna Amboussidi, cadreuse à la télévision nationale, N'Djamena, le 6 mars 2019. (VOA/André Kodmajingar)

"Le fait de se tenir debout pendant des heures puis d'être en reportage tout le temps... parfois, je rentre tard la nuit et ce n’est pas vraiment bon pour une femme. C’est pourquoi beaucoup de femmes n’aiment pas. Certains métiers ne sont pas faits que pour les hommes. Il suffit de s’y mettre et ça va aller".

Parmi les femmes tchadiennes qui se battent, il y a celles qui pratiquent les activités génératrices de revenus avec zéro capital.

Eve Hassan vendeuse de poisson, N'Djamena, le 6 mars 2019. (VOA/André Kodmajingar)
Eve Hassan vendeuse de poisson, N'Djamena, le 6 mars 2019. (VOA/André Kodmajingar)

Eve Hassan, mariée, mère de quatre enfants, prend le poisson à crédit avec les pêcheurs pour le revendre. Elle arrive à faire un bénéfice journalier de 1500 à 3000 Fcfa qui lui permet de prendre sa famille en charge, son mari ne travaillant pas.

"J’ai rencontré beaucoup de difficultés. Je me promène avec le poisson au bar et il y avait un gars qui a fait semblant d’acheter avec moi, mais il a fui avec mon argent. Les gens nous insultent. Or, c’est avec l’argent du poisson que je prends mes enfants en charge. Parfois on gagne 1500, 2000, parfois 3000 Fcfa de bénéfice. On est dans une tontine donc c’est avec cet argent que je paie même le loyer, et j’inscris les enfants à l’école".

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