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L'opposition plaide l'annulation de l'élection du président Mnangagwa


Des avocats représentant le leader du mouvement pour le changement démocratique (MDC) de l'opposition, Nelson Chamisa, arrivent à la cour pour contester la victoire électorale du président Emmerson Mnangagwa à Harare, le 22 août 2018.
Des avocats représentant le leader du mouvement pour le changement démocratique (MDC) de l'opposition, Nelson Chamisa, arrivent à la cour pour contester la victoire électorale du président Emmerson Mnangagwa à Harare, le 22 août 2018.

L'opposition zimbabwéenne a demandé mercredi à la Cour constitutionnelle d'annuler l'élection du président sortant Emmerson Mnangagwa en dénonçant des fraudes et des "manipulations", catégoriquement démenties par le camp du vainqueur.

Au terme d'une longue journée de débats, les neuf juges de la plus haute instance judiciaire du pays ont levé l'audience en soirée et renvoyé leur décision à vendredi après-midi.

Les "sages" peuvent exiger un recomptage des voix ou ordonner un nouveau scrutin mais devraient plutôt, selon la plupart des observateurs, confirmer les résultats du premier scrutin organisé depuis la chute de Robert Mugabe il y a huit mois.

Mercredi matin, les avocats du Mouvement pour un changement démocratique (MDC) ont ouvert l'audience en énumérant les irrégularités qui ont, selon eux, entaché le scrutin du 30 juillet.

"Nous avons là une tentative massive de dissimulation, nous sommes confrontés à une tentative de manipulation grossière", a résumé l'un d'eux, Thabani Mpofu, à la barre.

Installé à la tête du pays en novembre par l'armée et la Zanu-PF, M. Mnangagwa l'a officiellement emporté avec 50,8% des suffrages et évité de peu un second tour face à son rival du MDC, Nelson Chamisa, crédité de 44,3% des voix.

"Nous avons relevé 16 bureaux de votes dont les résultats sont parfaitement identiques, le même nombre de voix pour Chamisa, le même nombre de voix pour Mnangagwa", a relevé M. Mpofu, "c'est comme si un enfant s'était amusé à jouer avec les chiffres".

>> Lire aussi : La justice face à une élection contestée du président Mnangagwa

L'avocat du MDC a tiré à boulets rouges sur la commission électorale (ZEC), accusée d'avoir truqué les résultats.

- 'Annulation' -

"La ZEC ment", a-t-il affirmé, "il est clair que toutes les irrégularités constatées ont pour seul bénéficiaire la partie défenderesse" (le président sortant).

"Une nouvelle élection est inévitable. Ce scrutin doit être annulé", a conclu Thabani Mpofu.

Après une brève suspension de séance, les avocats d'Emmerson Mnangagwa ont riposté en balayant d'un revers de manche les "mensonges" de leurs confrères en dénonçant un dossier vide de "preuves".

"La théorie qui nous a été présentée est fausse et absurde. Elle ne tient pas", a argumenté Lewis Uriri.

Le juriste a notamment rejeté le comptage alternatif présenté par l'opposition. "Ces chiffres ont été créés par un parti sur la foi de ses propres sources qui n'ont rien d'officiel".

"Cette requête en annulation n'a pas de fondement sérieux. Son auteur n'est pas sérieux", a renchéri son confrère Thembinkosi Magwaliba, concédant tout au plus "de petits incidents isolés (...) insuffisants pour prouver les allégations du requérant".

Dans la foulée, l'avocat de la ZEC a plaidé le rejet pur et simple de la demande du MDC au motif qu'elle avait été déposée hors délai. "Leurs chiffres ont déjà été jetés à la poubelle (...) ils ne sont soutenus par aucune preuve", a raillé Tawanda Kanengoni.

>> Lire aussi : Audience le 22 août de la cour constitutionnelle au Zimbabwe

La confrontation juridique entre les deux camps s'est déroulée dans une salle d'audience pleine à craquer, et protégée par un impressionnant déploiement de forces de l'ordre. La chaîne de télévision publique l'a diffusée en direct.

- 'Verdict prévisible' -

Depuis novembre, M. Mnangagwa, un ancien proche de Robert Mugabe, a promis de tourner le dos à son régime autoritaire et corrompu et de relancer l'économie d'un pays au bord de la faillite.

De fait, la campagne électorale est apparue plus ouverte que lors des scrutins précédents, systématiquement entachés de violences et d'intimidations du pouvoir contre ses adversaires.

Mais la sanglante répression par l'armée d'une manifestation de l'opposition dans les rues de Harare deux jours après le scrutin, qui s'est soldée par six morts, a ravivé le spectre du passé. Tout comme les accusations du MDC, qui affirme avoir enregistré une longue liste d'irrégularités le 30 juillet.

Les observateurs internationaux ont pour la plupart accordé leur onction au déroulement du scrutin. Seuls ceux de l'Union européenne (UE) ont relevé une "inégalité des chances" entre le sortant et ses rivaux, notamment en matière d'accès aux médias.

>> Lire aussi : Le parti au pouvoir conteste aussi le résultat des élections au Zimbabwe

Avant même l'audience de mercredi, les experts jugeaient très faibles les chances de succès de la requête déposée par l'opposition devant les neuf magistrats.

"Leur verdict est éminemment prévisible, il n'y a absolument aucune chance pour qu'ils invalident les résultats de l'élection", a pronostiqué à l'AFP Derek Matyszak, expert juridique à l'université du Zimbabwe, "la justice est considérée comme partisane".

La requête du MDC a provoqué le report de la cérémonie d'investiture du président Mnangagwa, initialement prévue le 12 août. Si la Cour confirme sa victoire, elle doit se tenir dans les quarante-huit heures qui suivent sa décision.

Avec AFP

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