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Conquête spatiale américaine : peu de détails sur les grandes ambitions de Donald Trump


Le vice-président américain Mike Pence s'exprime à côté d'une capsule de SpaceX Dragon au Kennedy Space Center, en Floride, le 6 juillet 2017. (Reuters / Mike Brown)
Le vice-président américain Mike Pence s'exprime à côté d'une capsule de SpaceX Dragon au Kennedy Space Center, en Floride, le 6 juillet 2017. (Reuters / Mike Brown)

La Maison Blanche veut ouvrir une "nouvelle ère" de domination américaine de la conquête spatiale, mais ses ambitions sont contrariées par des restrictions budgétaires, la vacance de postes cruciaux et l'innovation du secteur privé, ont estimé des spécialistes.

En visite au Centre spatial Kennedy de la Nasa en Floride (sud-est) cette semaine, le vice-président américain Mike Pence a enflammé des centaines d'employés de l'agence spatiale et de sous-traitants en affirmant que "sous le président Trump, nous accomplirons davantage dans l'espace que ce que nous avons jamais pensé être possible", y compris "retourner sur la Lune" et mettre des "bottes américaines sur la surface de Mars".

Mais une fois la liesse évanouie, les interrogations ont fusé. Qu'a voulu dire M. Pence?

"La +Lune+ pourrait signifier n'importe quoi --commercial, robotique, international ou autre", a relevé Phil Larson, conseiller de l'exécutif sous la présidence de Barack Obama et ancien responsable de la société privée de lancement SpaceX.

Selon lui, les déclarations de Mike Pence "n'ont pas de substance, juste des fioritures".

Un avis partagé par John Logsdon, ex-directeur de l'Institut sur la politique spatiale de l'université George Washington : "Je pense que le discours (de jeudi) a, évidemment, manqué de substance parce qu'il n'y a pas de substance".

- Scepticisme -

Plusieurs spécialistes ne cachent pas leur scepticisme concernant l'ambition de l'administration Trump, relevant que des postes cruciaux restent vacants.

Par exemple, un record a été battu le jour de la fête nationale américaine, le 4 juillet: celui de la plus longue période sans nomination du nouveau chef de la Nasa après l'élection d'un nouveau président.

Le précédent datait de 1971, avec 164 jours de vacance, sous le président Richard Nixon.

Et le chef du Bureau pour la technologie et la politique scientifique de la Maison Blanche, poste clef pour dessiner la stratégie de la Nasa, n'a pas été désigné.

Il est fréquent qu'un nouveau président passe en revue les projets spatiaux de son prédécesseur et qu'il procède rapidement à des modifications.

Si Donald Trump a lancé le processus assez tard, "il a désormais mis en place un mécanisme pour examiner le programme actuel", a relevé M. Logsdon.

Il s'agit en l'occurrence de la réactivation du Conseil national pour l'espace --annoncée le mois dernier--, en même temps que la mise en place d'un Comité de conseil composé d'experts du secteur.

Mike Pence, friand d'espace de longue date, chapeaute le Conseil national qui a vocation à orienter la politique spatiale, en regroupant plusieurs ministres (Affaires étrangères, Défense, Commerce, Transports, Sécurité intérieure), des responsables des services de renseignement, chefs militaires et le patron de la Nasa.

Sa première réunion interviendra avant la fin de l'été, selon M. Pence.

- Budget tronqué -

Ce sont ensuite les fonds affectés à la Nasa et les projets vers lesquels ils seront orientés qui montreront la réalité des intentions.

"Les éventuels grands changements devraient intervenir l'an prochain", a estimé M. Logsdon.

Le projet de budget élaboré par l'administration Trump n'a pas encore été validé par le Congrès, mais il prévoit une baisse de 0,8% à 19,1 milliards de dollars.

Il annule le projet de capturer un astéroïde, taille dans les financements de plusieurs missions d'étude du changement climatique et des sciences de la Terre. Mais n'évoque pas de nouvelles missions.

Le budget suivant de la Nasa doit être dévoilé en février 2018.

"Tout le monde attend, tout le monde est impatient au sein de la communauté spatiale", a relevé M. Logsdon.

Deux conceptions s'opposent.

D'un côté, les partisans de l'ancien système quand la Nasa supervisait la construction des lanceurs et des capsules, financée par de lucratifs contrats du gouvernement. Le contrat du géant Lockheed-Martin en est un exemple récent: il reçoit des milliards de dollars pour construire la capsule Orion de la Nasa, qui pourrait un jour acheminer des humains sur Mars.

De l'autre côté, la naissante et dynamique industrie aérospatiale privée avec des acteurs comme SpaceX et Boeing fabrique la prochaine génération de vaisseaux de transport d'astronautes en orbite terrestre, vers la Station spatiale internationale.

Quel camp va profiter de la présidence Trump reste un mystère à ce stade.

Eric Stallmer, président de la Fédération des vols spatiaux commerciaux, s'est dit "optimiste" concernant le nouveau Conseil national pour l'espace.

"Je pense que l'industrie commerciale jouera un grand rôle en aidant à façonner l'agenda national", a-t-il relevé.

Avec AFP

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