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7 élèves parmi les 14 tués dans l'explosion d'un car sur une route interdite


Patrouille de soldats au Burkina Faso, 3 mars 2019
Patrouille de soldats au Burkina Faso, 3 mars 2019

Sept élèves figurent parmi les 14 personnes tuées samedi dans l'explosion d'un car dans le nord-ouest du Burkina Faso, qui a emprunté une route interdite à la circulation en violation des consignes de sécurité, selon des déclarations gouvernementales dimanche.

Trois cars transportant 160 passagers sont partis de la localité de Toéni pour rejoindre la ville de Tougan samedi matin. L'un des cars a "sauté sur un engin explosif improvisé", selon un communiqué du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Remis Fulgance Dandjinou.

"Le bilan provisoire est de 14 morts parmi lesquels sept élèves et quatre femmes", selon le communiqué, qui fait état également de "dix-neuf blessés, dont trois graves". L'âge des victimes n'a pas été précisé.

"Les blessés ont été immédiatement évacués au centre médical avec antenne chirurgicale de Tougan pour recevoir des soins médicaux appropriés".

Selon le ministre de l'Education nationale, Stanislas Ouaro, les transporteurs n'ont pas respecté les consignes de sécurité données par les autorités, qui avaient interdit d'emprunter cette route en raison des risques d'attaque.

L'armée menait en effet des "opérations de sécurisation" sur la route Toeni-Tougan, dans le nord-ouest du Burkina Faso, près de la frontière malienne, a-t-il déclaré dimanche à la télévision publique RTB.

"Il ne s'agissait pas d'un convoi organisé pour le transport des élèves", a indiqué M. Ouaro, précisant qu'il y avait "104 élèves" parmi les 160 passagers des trois cars.

Depuis le 2 janvier, le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, informé par les transporteurs routiers, avait averti le gouvernement de risques sur l'axe Toeni-Tougan, a souligné M. Ouaro.

- Axe mortel -

"Le ministre de la Défense a pris des dispositions pour que cet axe soit sécurisé" par le groupe d'action rapide, de surveillance et d'intervention (Garsi, unité militaire) afin que les élèves puissent "rejoindre leurs établissements après avoir passé quelques jours de congés auprès de leurs parents", selon M. Ouaro.

"Le Garsi a donné des consignes fermes pour que les cars ne bougent pas" avant la fin des opérations de sécurisation.

"Contre toute attente, trois cars ont pris le départ". "Les transporteurs n'ont pas respecté ces consignes (...) Le fait de n'avoir pas respecté ces consignes a provoqué ce que nous regrettons aujourd'hui", a déploré M. Ouaro.

Ce drame est survenu onze jours après le massacre d'Arbinda (nord), la veille de Noël. Trente-cinq civils, dont 31 femmes, avaient été tués, ainsi que sept militaires, lors de l'attaque de la base militaire puis de la ville.

Le groupe jihadiste Etat islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP) avait revendiqué uniquement l'attaque contre la base militaire, sans évoquer les victimes civiles.

"Les attaques jihadistes connaissent une gradation: ils ont attaqué des lieux de culte, puis des femmes et maintenant des enfants. Ces actions spectaculaires amplifient la psychose", estime Paul Koalaga, expert burkinabè en sécurité.

Comme ses voisins sahéliens le Mali et le Niger, le Burkina Faso est confronté à des attaques jihadistes qui ont fait plus de 750 morts et 560.000 déplacés depuis 2015. Les attaques avec des engins explosifs artisanaux, qui ont commencé en août 2018, se sont multipliées depuis, faisant de nombreuses victimes.

Samedi, le gouvernement a condamné l'attaque du car, "lâche et barbare".

Dans une adresse télévisée à la nation à l'occasion du Nouvel An, le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré avait assuré que la "victoire" sur le "terrorisme" était "certaine".

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l'ordre burkinabè n'arrivent pas à enrayer la spirale de violences jihadistes, et enregistrent de lourdes pertes.

Elles ont toutefois revendiqué une série de succès depuis deux mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations.

"Les bilans donnés par le gouvernement sont impossibles à vérifier, cela fait partie d'une stratégie du de communication du gouvernement pour redonner le moral à la population", selon Paul Koalaga.

"Cependant depuis quelque temps les forces de défense et de sécurité sont montées légèrement en puissance, on les sent plus déterminées à reprendre la main", estime cet expert.

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