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L'Ukraine au coeur du premier "discours sur l'état de l'Union" de Biden


Le président Joe Biden prend la parole alors qu'il annonce que le juge Ketanji Brown Jackson est son candidat à la Cour suprême dans le Cross Hall de la Maison Blanche, le 25 février 2022 à Washington.
Le président Joe Biden prend la parole alors qu'il annonce que le juge Ketanji Brown Jackson est son candidat à la Cour suprême dans le Cross Hall de la Maison Blanche, le 25 février 2022 à Washington.

Un discours sur la marche du monde autant que sur "l'état de l'Union": lors de sa première adresse solennelle au Congrès, Joe Biden va s'efforcer mardi de rassurer une Amérique profondément préoccupée par la guerre en Ukraine.

Le président américain s'était rendu devant les élus du Sénat et de la Chambre des représentants en avril 2021.

Mais il ne s'agissait pas encore d'un discours "sur l'état de l'Union", ce rendez-vous majeur de la vie politique américaine.

Dans cette déclaration dont chaque virgule est soupesée, le président est censé rendre compte chaque année au pouvoir législatif de son action.

Le rituel est d'habitude dominé par des considérations nationales. Pas cette fois.

73%

Selon un sondage de la chaîne CBS, les Américains veulent surtout l'entendre parler de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, à 73%, avant l'économie ou la pandémie de Covid-19.

Le président l'a bien compris. Il a assuré lundi que "non", l'Amérique inquiète ne devait pas redouter un conflit nucléaire.

L'invasion de l'Ukraine donne l'occasion à Joe Biden de vanter son action diplomatique, lui qui avait promis en prenant le pouvoir de former autour des Etats-Unis une grande coalition des démocraties face aux régimes autoritaires.

Mais elle l'empêche aussi de se concentrer, comme il le voulait en arrivant à la Maison Blanche, sur la classe moyenne américaine et sur la Chine.

Le démocrate de 79 ans va malgré tout marteler aux Américains que le pays est, avec lui, entre de bonnes mains - selon les derniers sondages, ils sont moins de 40% à en être convaincus.

Le Covid-19 semble enfin desserrer son étreinte; le port du masque sera d'ailleurs facultatif lors du discours de Joe Biden au Capitole.

La croissance est forte tandis que le chômage recule. Et la puissante Cour suprême américaine pourrait bientôt accueillir pour la première fois une femme afro-américaine, Ketanji Brown Jackson, conformément à une promesse de Joe Biden.

Mais rien de tout cela ne profite jusqu'ici au président ni aux démocrates, qui redoutent une débâcle aux élections législatives de l'automne.

En un peu plus d'une année, Joe Biden, qui se définit comme un indécrottable optimiste, n'a pas réussi à remonter le moral d'Américains profondément désabusés, et ce avant même la guerre en Ukraine.

Selon un sondage plutôt saisissant publié fin janvier par l'institut Gallup, 85% des Américains se disent satisfaits de leur propre vie. Mais seulement 17% estiment que leur pays va dans la bonne direction.

Inflation et divisions

Sur le plan économique, les ménages sont préoccupés par une inflation galopante.

Sur les grands sujets de société, que ce soit l'avortement, les armes à feu, la lutte contre le racisme ou les discriminations sexuelles, les clivages partisans sont plus vifs que jamais.

Pour apaiser le pays, Joe Biden a d'abord tenté de faire passer de grandes législations transformatrices, mais la stratégie n'a pas payé.

Il a certes réussi à faire voter des investissements historiques dans les infrastructures mais a dû renoncer, faute de majorité parlementaire assez large, à doper les dépenses sociales et à refonder le droit électoral.

La Maison Blanche veut donc changer de direction. Mardi, Joe Biden devrait faire aux Congrès des annonces ciblées, concrètes et si possibles consensuelles, touchant aux préoccupations quotidiennes des Américains.

Il va, par exemple, promettre une meilleure prise en charge des problèmes de santé mentale aux Etats-Unis, aggravés depuis le début de la pandémie de Covid-19.

"Notre pays fait face à une crise de santé mentale sans précédent, à tous les âges", s'est alarmée mardi la Maison Blanche, en énumérant des statistiques bien sombres.

Dont celle-ci: si l'on compare les chiffres du début de l'année 2021 à ceux du début de l'année 2019, les admissions d'adolescentes aux urgences après des tentatives de suicide aux Etats-Unis ont bondi de 51%.

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